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Hollande : «Il n'y a jamais eu d'initiative parallèle» sur la situation de Florence Cassez
Nicolas Sarkozy, réagissant samedi à l'envoi d'un émissaire de François Hollande au Mexique, a dit espérer que l'initiative «ne portera pas préjudice» à Florence Cassez; Martine Aubry a, elle, dénoncé «un faux procès.» De son côté, François Hollande affirme dans une interview au Journal du Dimanche qu'il «n'a jamais été question» que son émissaire «porte un message sur la situation de Florence Cassez».
Publié le 14.04.2012, 07h59 | Mise à jour : 15.04.2012, 00h35
"J'espère que l'initiative des socialistes ne portera pas préjudice à Florence, que j'ai au téléphone très régulièrement et qui mérite mieux que d'être utilisée d'une façon aussi basse", a déclaré le président-candidat de l'UMP .
L'envoi d'un émissaire de François Hollande au Mexique a déclenché samedi la colère de l'entourage de Florence Cassez et provoqué une violente polémique entre le PS et l'UMP à une semaine du premier tour de l'élection présidentielle. L'ancien ministre socialiste Michel Vauzelle s'est envolé pour Mexico comme émissaire du candidat PS François Hollande notamment pour «réparer le climat» créé par l'affaire Florence Cassez.
François Hollande affirme dans une interview au «Journal du Dimanche», qu'il «n'a jamais été question» que son émissaire «porte un message sur la situation de Florence Cassez». «Michel Vauzelle est parlementaire. Il se rend au Mexique à l'invitation des autorités de ce pays pour préparer le G20 qui se tiendra là bas en juin. C'est sa seule tâche», fait valoir le député de Corrèze. «Il n'a jamais été question qu'il porte un message sur la situation de Florence Cassez», poursuit François Hollande. Affirmant «respecter l'indépendance de la justice mexicaine», le candidat socialiste à la présidentielle assure qu'«il n'y a jamais eu d'initiative parallèle». «Je me refuse à ce type de pratique. La mère de Florence Cassez a compris notre attitude. C'est l'essentiel. La polémique n'avait pas là sa place. Elle n'aurait jamais dû être ouverte», conclut-il.
Toute la matinée, l'entourage du candidat PS a tenté de déminer les accusations d'opportunisme électoral assurant que ce déplacement de Michel Vauzelle s'inscrivait «dans le seul cadre» de la préparation d'un sommet du G20 en juin, et qu'il ne fallait y voir «aucune initiative parallèle» dans l'affaire Florence Cassez. «Je m'y rends uniquement pour des raisons diplomatiques et de politique internationale. Il ne s'agit en aucun cas de Florence Cassez», a ainsi affirmé Michel Vauzelle alors qu'il s'apprêtait à prendre l'avion.
Un peu plus tôt, le PS assurait «qu'aucune initiative parallèle, directe ou indirecte, politique ou diplomatique n'a été engagée. Ce déplacement ne saurait donc laisser place à une interprétation malheureuse ou partisane».
Pour Sarkozy «Florence Cassez mérite mieux»A droite, la démarche de Michel Vauzelle a subi un feu de critiques particulièrement nourri. Nathalie Kosciusko-Morizet d'abord, Alain Juppé puis Nicolas Sarkozy ont dénoncé avec virulence une visite «électoraliste» et «opportuniste». «J'espère que l'initiative des socialistes ne portera pas préjudice à Florence, que j'ai au téléphone très régulièrement et qui mérite mieux que d'être utilisée d'une façon aussi basse», a répliqué Nicolas Sarkozy le président-candidat de l'UMP lors d'un déplacement de campagne dans le Val-de-Marne, dénonçant aussi un manque «d'humanité» du camp rival pour la présidentielle.
Alain Juppé, le ministre des Affaires Etrangères s'est dit «scandalisé par cette initiative» n'y voyant qu'«une instrumentalisation politique et électorale» de la situation de Florence Cassez a huit jours du premier tour de l'élection présidentielle.
«Faux procès» pour Martine Aubry
«En envoyant un émissaire, Michel Vauzelle, au Mexique dans l'unique objectif de critiquer les initiatives du président de la République pour obtenir la libération de Florence Cassez, François Hollande ne démontre pas seulement son ignorance totale des dossiers internationaux, a renchéri dans un communiqué Nathalie Kosciusko-Morizet, porte-parole du président-candidat de l'UMP. Il prouve aussi sa capacité à fouler au pied le combat d'une famille et le respect de nos valeurs par pur opportunisme électoral»
«A aucun moment, François Hollande n'a souhaité se mêler de cette affaire judiciaire, a tenté de répliquer Martine Aubry, dénonçant un «faux procès. On a toujours soutenu le gouvernement et le président de la République dans leur tentative de régler la question de la libération de Florence Cassez». «Michel Vauzelle a été envoyé par le directeur de campagne de François Hollande pour préparer le G20 qui a lieu au Mexique deux jours après les élections législatives. C'est le seul sujet. A aucun moment, Michel Vauzelle ne va au Mexique pour parler du problème de Florence Cassez», a ajouté la première secrétaire du Parti socialiste.
Arrêtée en novembre 2005, accusée d'enlèvements, délinquance organisée et port d'armes prohibé, la Française de 37 ans a été condamnée par la justice mexicaine à 60 ans de prison. Le président sortant Nicolas Sarkozy s'est fortement impliqué pour obtenir sa libération. La première chambre de la Cour suprême du Mexique a rejeté le 21 mars une proposition de libération immédiate de Florence Cassez, mais elle a nommé un nouveau rapporteur sur ce dossier.
Les proches de Florence Cassez dénoncent une «initiative totalement électoraliste»Franck Berton, l'avocat de la Française, condamnée à 60 ans de prison au Mexique pour des enlèvements qu'elle continue de nier, a dénoncé une «initiative totalement électoraliste» et évoqué le «rétropédalage» de l'équipe de Hollande. «Je suis en colère», a déclaré la mère de Florence, Charlotte Cassez, pour qui, «le 21 mars, il y a eu une décision au Mexique extrêmement importante, qui a ouvert une brèche. La France n'a pas à s'en mêler». Elle a par la suite exprimé son soulagement face au démenti de l'équipe Hollande. «On prend note de cette réaction de l'équipe de François Hollande, a-t-elle déclaré à l'AFP. «On est extrêmement heureux de voir qu'ils sont compréhensifs et qu'ils ne souhaitent pas aggraver le cas de Florence. Mais on restera tout de même très vigilants». Bernard Cassez, le père, s'était déclaré «surpris» de cette démarche, estimant que sa fille ne devait pas faire «l'objet d'une campagne électorale».
«Pourquoi maintenant, quelle est l'urgence ?», s'est par ailleurs interrogé Me Berton, qui a accusé le candidat du PS de «sacrifier Florence Cassez en envoyant un émissaire dans une affaire qu'il ne connaît pas». «Je ne suis ni pro Sarkozy ni pro Hollande, je suis un avocat indépendant», a poursuivi le défenseur. «Qu'on ne se serve pas de ma cliente à une semaine du premier tour de la présidentielle», a ajouté l'avocat Frank Berton, soulignant que le député socialiste de Saône-et-Loire Arnaud Montebourg doit rencontrer mardi les familles de deux otages français enlevé au Niger en janvier 2011, dossier dans lequel Me Berton intervient également. «Et dans l'affaire du Carlton, ils envoient qui ?», a ironisé l'avocat de Florence Cassez.