HARKIS . Les engagements du candidat Hollande

HARKIS :

Les engagements du candidat Hollande

De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed

Suite aux questions posées par le groupe de contacts «harkis-présidentielle-2012» aux candidats «républicains» à l’élection présidentielle, le candidat socialiste François Hollande a été le premier à répondre à cette interpellation, en leur destinant une lettre rendue publique cette semaine et dans laquelle il prend d’importants engagements, au cas où les Français lui accorderaient leur confiance et le porterait comme président : «Je m’engage à reconnaître publiquement les responsabilités des gouvernements français dans l’abandon des harkis, le massacre de ceux restés en Algérie et les conditions d’accueil des familles transférées dans des camps en France.»

Outre cette reconnaissance d’abandon que n’ont cessé de demander les associations de harkis et que, rappelle Hollande, le président actuel a toujours refusée, le socialiste déclare avoir l’intention, en cas de victoire, «d’assurer aux harkis et à leurs descendants la reconnaissance de la République». Concrètement, en quoi cela consiste-t-il ? Hollande l’explicite en évoquant d’abord l’attention qui sera portée à la réussite des enfants et petits-enfants de harkis. Et d’argumenter : si «toutes les discriminations sont insupportables et doivent être combattues », mais que dire de celles qui touchent les descendants de ceux qui se sont battus pour la France ? Et de promettre que pour assurer une solidarité renforcée en direction de cette population, il engagera, dès sa prise de fonction en tant que président, «une réforme de la mission interministérielle aux rapatriés ».

Quant au travail de mémoire, Hollande rappelle ce qu’il a déjà eu à déclarer dans une tribune publiée concomitamment par El Watan et Le Mondeet y expliquant que «la mémoire des harkis est une mémoire vive et souffrante » et c’est pourquoi «elle impose à la France un retour sur elle-même et sur son histoire». Pour ce faire, Hollande s’engage «à donner sa juste place à l’histoire et à la mémoire des harkis, dans les programmes scolaires, dans les sites mémoriels et dans les centres de recherches». Quant à la Fondation sur la guerre d’Algérie (organisme institué et décrié par beaucoup), elle devra «accorder toute leur place» aux harkis et à leurs associations.

Le candidat sortant, Nicolas Sarkozy, qui n’a pas répondu directement au courrier qui lui a été adressé comme à tous les autres candidats, estime probablement qu’il s’est déjà exprimé sur le sujet. Il avait promis aux harkis dans sa campagne de 2007 de reconnaître «officiellement la responsabilité de la France dans l’abandon et le massacre des harkis». Non seulement il n’en a rien fait au cours des cinq années de sa présidence, mais mieux encore, au mois de mars dernier, lors d’une visite de campagne à Nice et face à des auditeurs pieds-noirs et harkis, il a fait un virage à 380° en balayant d’un geste : «Pour que vous puissiez pardonner, il faut que la République reconnaisse qu’il y a eu injustice, qu’il y a eu une forme d’abandon, c’est fait. Maintenant, pardonnez, parce que la République a besoin de vous.» Autrement dit, la République française que vous avez servie vous dit, circulez, il n’y a rien à attendre.

K. B.-A.