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A Lille, Mélenchon fait carton plein
Mis à jour le 28/03/2012 à 00:22 | publié le 27/03/2012 à 23:39 Porté par les sondages, le candidat du Front de gauche a réuni plusieurs milliers de personnes mardi soir.
Ceux qui sont venus voir Jean-Luc Mélenchon à Lille mardi soir en ont eu pour leur espoir. Et pour la rage qu'ils souhaitaient visiblement exprimer. Le candidat du Front de gauche est encore parvenu à faire bouillonner plus de 15.000 personnes massées dans le Grand Palais. Une petite foule compacte avait été plus ou moins bloquée dehors. Ce qui a fait dire aux organisateurs qu'en tout «23.000 personnes» ont applaudi le candidat de la gauche radicale qui a le vent de «la révolution citoyenne» en poupe.
Très en forme malgré un aller-retour fatigant samedi sur l'île de la Réunion, puisant son énergie dans son auditoire au fil de la soirée et d'un discours d'une heure vingt, Jean-Luc Mélenchon, avec gourmandise, n'a pas résisté à la tentation de leur lancer ce qui devient le refrain de sa campagne: «We are very dangerous!»
Une référence à l'article du Guardian dans lequel François Hollande, le candidat PS, a assuré que les communistes ne représentent presque plus rien en France, qu'ils ne sont pas dangereux. Dans cette région du Nord qui reste très rouge, le succès était assuré. Mélenchon savait que l'attente était forte aussi, dans ce bassin industriel, d'un discours vigoureux sur l'emploi. Dénonçant ceux qui sont «bouffis de certitudes», qui disent que «rien n'est possible», il a pris par la main les «travailleurs exténués, surexploités» et réconforté la foule plutôt jeune et très réactive: «Ils vous traitent d'assistés mais il n'y a pas d'assistés, il n'y a que des solidaires! Les assistés, ce sont les riches!» «Le peuple est si usé que ça ne peut plus durer», a tonné le candidat, fier d'avoir «déplacé le centre de gravité de ce qui se discute dans cette élection». En réponse, les hurlements d'une foule remontée à bloc.
«Ce que nous voulons, c'est la révolution» Adroit dans l'art de maîtriser son auditoire, il est parvenu à le faire taire pour quelques explications sur le Parti socialiste. Présumant des réactions des médias -«On va dire que Mélenchon tape sur Hollande, ah ils aiment ça, les bisbilles!»- il a commencé par taper sur «les faiseurs de ragots, les petits qui “chicayatent” dans leur coin», en ciblant directement le socialiste Jérôme Cahuzac, «qui n'est qu'un petit menteur lorsqu'il prétend que nous nous sommes déjà accordés avec eux» pour les législatives de juin. Adresse au PS, donc: «Notre ambition, ce ne sont pas les sièges, nous les aurons de toute façon, ce que nous voulons, c'est la révolution». «Ne venez pas nous chercher avec vos histoires, les a-t-il prévenus, soyez respectueux avec la masse du Front de gauche, elle n'est pas à vendre.»
Jean-Luc Mélenchon a ensuite adressé sa critique à François Hollande, décrivant les «lignes jaunes» franchies par le candidat socialiste: le contrat de travail qui passerait au-dessus de la loi, le concordat dans l'Est auquel on ne renoncerait pas ou la possibilité d'accorder un pouvoir réglementaire aux régions. «La France n'est pas une république fédérale, mais elle est une et indivisible!» a-t-il lancé à son intention, craignant «un Code du travail à géométrie variable».
«Il dit: “le programme, c'est à prendre ou à laisser”? Très bien, on laisse!» Mélenchon est profondément agacé qu'Hollande refuse de répondre à sa demande de débat, réitérée, depuis des mois. «Je suis devant et j'impose à tous les autres d'en passer par mes conditions!», l'a-t-il imité, dédaigneux, avant de souligner son inquiétude face à l'attitude du candidat socialiste, qui pourrait «s'en mordre les poings». «Il dit: “le programme c'est à prendre ou à laisser”? Très bien, on laisse!»
Jean-Luc Mélenchon, entraîné par sa verve, donnait le sentiment de croire sérieusement à la possibilité pour lui d'être présent au second tour. Secrétaire national du PCF, Pierre Laurent notait, en aparté, pragmatique: «Depuis le début, on ne met pas de limite à notre ascension, on ne va pas commencer aujourd'hui alors qu'on fait basculer les obstacles les uns après les autres.» La dynamique du Front de gauche ne se dément pas dans les différents sondages et se situe autour de 13%, désormais devant François Bayrou.
En marge, avant de qualifier Marine Le Pen de «bête malfaisante» face à son auditoire, Jean-Luc Mélenchon est revenu sur les tueries de Toulouse et s'est réjoui de «la magnifique démonstration de lucidité de notre peuple, pas intéressé par la guerre civile lancée par l'extrême droite». «On a vécu une période extrêmement dangereuse, a-t-il jugé, où tout dérapage était possible.» Et selon lui, «l'échec» de Marine Le Pen «va se traduire dans les urnes». Prochaine démonstration de force à Toulouse le 5 avril, sur la place du Capitole.