Deux journalistes dont une consoeur passés à tabac : Les journalistes face à la brutalité policière

DEUX JOURNALISTES DONT UNE CONSOEUR PASSÉS À TABAC

Les journalistes face à la brutalité policière

Jeudi 22 Mars 2012

Par Karim AIMEUR


Hanane Driss, journaliste du quotidien Tribune des Lecteurs Mohamed Kadri et le photographe, du quotidien Wakt El Djazaïr
La journaliste de La Tribune des Lecteurs a eu le visage défiguré par les coups d'un policier.

Décidément, les journalistes sont devenus la cible privilégiée des policiers. Sinon, comment expliquer le passage à tabac de deux confrères en l'espace seulement de deux jours?
En effet, ce 18 mars, Mohamed Kadri, photographe, exerçant au quotidien Wakt El Djazaïr, a été brutalisé par des policiers alors qu'il couvrait le rassemblement des anciens membres de l'ANP. Le lendemain, soit le 19 mars, notre consoeur Hanane Driss, du quotidien Tribune des Lecteurs, a été agressée brutalement par un policier en tenue. Hanane Driss a même eu le visage défiguré par les coups que lui a infligés le policier.

Ces agressions sont de très graves dérapages qui ne peuvent être occultés. Sur les réseaux sociaux, les dénonciations fusent. Et après la réaction du Syndicat national des journalistes (SNJ), c'est au tour de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (Laddh) de prendre le relais. Dans un communiqué, la Laddh s'est inquiétée «du comportement agressif et violent des agents de la police à l'encontre des journalistes, les correspondants de presse et des défenseurs des droits de l'homme, lorsque ces derniers couvrent et observent les rassemblements pacifiques des citoyens à Alger et dans d'autres wilayas». Elle rend responsables les pouvoirs publics de ces atteintes aux droits de l'homme et à la liberté de la presse.

Rappelant que la journaliste Hanane Driss a été agressée et battue par un policier alors qu'elle couvrait le rassemblement pacifique des anciens membres de l'Armée nationale populaire (ANP) qui se tenait devant le siège de l'Assemblée populaire nationale à Alger, la Ligue a indiqué que le médecin légiste lui a délivré un certificat d'arrêt de travail de sept jours. La Ligue des droits de l'homme a rappelé également que le dimanche 18 mars, lors du même rassemblement, Mohamed Kadri photographe au quotidien Wakt El Djazair, a été agressé et malmené par des policiers qui voulaient confisquer son outil de travail pour effacer les photos prises.

«Le même jour, des policiers interpellent Maître Debouz Saleh, président du bureau de la Laddh Alger, alors qu'il observait un rassemblement pacifique revendiquant des logements devant le siège de la wilaya d'Alger», note, en outre, la Laddh, dénonçant cette violence policière qui vise une nouvelle fois les journalistes, et pour la énième fois des militants des droits de l'homme. Avant-hier, c'est le Syndicat national des journalistes qui est monté au créneau pour dénoncer: «Un policier voyou a fait montre, lundi 19 mars 2012, d'un inqualifiable comportement: dans un excès de zèle pathologique, il fait étalage de sa supériorité physique de mâle pour s'en prendre à une malheureuse consoeur, qu'il a rouée de coups alors qu'elle assurait la couverture d'une manifestation publique.» Le SNJ, qui constate l'inquiétante fréquence de ces graves dérapages à l'encontre des femmes et hommes de la presse, exige des plus hautes autorités du pays des sanctions exemplaires à l'encontre de ces tristes individus indignes de l'uniforme qu'ils portent.

Il exige aussi des mesures immédiates et effectives pour que plus jamais ne soit attenté à l'intégrité morale et physique de nos confrères dans l'exercice de leur fonction. «Il va de soi, par ailleurs, que le SNJ fera sienne cette affaire devant les tribunaux, comme il l'a toujours fait avec les précédentes», conclut le communiqué. Certes, on voudrait faire croire que c'est un acte isolé. Possible. Mais la réalité est que ce n'est pas la première fois qu'on assiste à de telles scènes d'agressions gratuites. A chaque manifestation, des journalistes sont brutalisés. On a bien vu des médecins, des enseignants, des étudiants et même des chercheurs se faire tabasser par des policiers qui n'hésitent pas à réprimer la moindre protestation.

Communiqué de la DGSN

Suite à la parution d’informations faisant état d’agressions sur les nommés Kadri Mohammed, photographe du quotidien Waqt El Djazair, et Driss Hanane, journaliste du quotidien Tribune des lecteurs, attribuées à des personnels de police, lors d’une opération de rétablissement de l’ordre effectuée le dimanche 18 mars 2012 à Alger, la cellule de communication et presse de la Direction générale de la Sûreté nationale tient à informer qu’une enquête approfondie a été aussitôt diligentée pour mettre toute la lumière sur les faits rapportés.

Ainsi, les témoignages des susnommés, reçus respectivement les 20 et 21 mars 2012 à la Direction générale de la Sûreté nationale, ont permis au service enquêteur d’identifier les agents de police auteurs de cet acte répréhensible, lesquels ont été sanctionnés malgré le refus des victimes de déposer officiellement des plaintes. La Direction générale de la Sûreté nationale, qui demeure soucieuse de veiller sur la sécurité des personnes, réitère sa détermination à lutter contre toutes les formes de dépassements.