Jamel Administrateur
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| Sujet: Journalistes tués au Mali : questions sur l'assassinat ciblé de deux journalistes français Lun 4 Nov - 8:45 | |
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Journalistes tués au Mali : questions sur l'assassinat ciblé de deux journalistes français
Mis à jour le 04/11/2013 à 08:27 - Publié le 03/11/2013 à 19:38
Marie-Christine Saragosse, PDG de France Médias Monde, et François Hollande, dimanche à l'Élysée. Les circonstances qui entourent l'enlèvement et l'assassinat des envoyés spéciaux samedi de RFI à Kidal demeurent très mystérieuses. Jamais jusqu'à présent, le Mali ou même le Sahel n'avaient connu un tel enchaînement de rapts et de meurtres dans un délai aussi court. Ces faits uniques soulèvent bien des questions.
1 - Aqmi et les djihadistes sont-ils responsables?Laurent Fabius a affirmé dimanche que les auteurs étaient les «groupes terroristes qui refusent la démocratie». Sans les nommer, le ministre des Affaires étrangères désigne comme responsables al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) ou une autre des mouvances salafistes qui gravitent dans le nord du Mali comme le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao, une mouvance plus ou moins fondue dans al-Mourabitoune, la faction dirigée par l'Algérien Mokhtar Belmokhtar. Ces islamistes, délogés par l'offensive française dans le nord du Mali l'hiver dernier, se réorganisent ces derniers mois. Ils ont les moyens et la détermination pour mettre au point cet enlèvement qui demandait une certaine planification et des renseignements. «Si des islamistes sont à l'origine de ce drame nous le saurons très vite car, comme tous les mouvements politiques, ils revendiquent leurs actions», remarque un diplomate. Les soupçons, dans une moindre mesure, peuvent aussi se porter vers les rébellions autonomistes ou indépendantistes regroupant des Touaregs dont Kidal est la capitale. Le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), un groupe laïque, est très présent dans la ville, qu'il contrôle officiellement. Le Haut Conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA) est là lui aussi. Tous deux ont fermement condamné les meurtres dans des communiqués. Mais ces groupes ne sont que peu hiérarchisés et disciplinés. Or, à leur base, on trouve beaucoup d'hommes ayant des liens avec Ansar Dine, le mouvement touareg proche d'al-Qaida. 2 - Ces meurtres sont-ils liés au versement éventuel d'une rançon contre la libération des otages d'Arlit?«Il y a une forme de prolongement entre ces deux événements qui nous oblige à nous interroger sur ce point», confesse un bon connaisseur du dossier. La remise en liberté des quatre otages se serait faite contre des contreparties dont notamment une rançon. Comme toujours dans ces cas-là, les sommes ne vont pas qu'aux seuls ravisseurs, mais elles irriguent aussi une foule d'intermédiaires, «d'aides» et de petites mains. Et elles suscitent de fortes envies et de fortes jalousies. Certains ont pu se sentir grugés de ne pas avoir touché ce qu'ils pensaient être leur dû. Ils se seraient alors vengés de la France et des bénéficiaires du pactole en tentant à leur tour d'enlever des Français ou en organisant ces assassinats. Selon un officiel malien, il n'est pas non plus à écarter que Ghislaine Dupont et Claude Verlon, journalistes aguerris et professionnels, aient au cours de leur enquête découvert des informations gênantes sur certains gagnants du marché autour des otages. Ils auraient alors été tués pour éviter qu'ils ne révèlent leur scoop. La tuerie peut aussi trouver son origine dans les concessions politiques accordées ces derniers jours à certains chefs touaregs. Si rien ne prouve que les blancs-seings donnés par Bamako l'ont été à la demande de la France, la plupart des Touaregs en demeurent persuadés. Or les Touaregs sont très divisés. Comme pour l'argent, des mécontents auraient pu chercher à déstabiliser la région en ordonnant ces enlèvements. 3 - Quel est l'objectif recherché par les assassins?Si la responsabilité des islamistes devait être établie, le message serait sans ambiguïté. Ils démontreraient là que leur capacité de nuisance est loin d'être anéantie, qu'ils continuent de représenter une force et un danger alors que le pays doit organiser des élections législatives le 24 novembre. En d'autres termes, qu'Aqmi, en dépit de ses récents revers, affirmerait là avoir toujours des ambitions dans le nord du Mali. La piste de meurtres en forme de règlement de comptes sur fond de vengeance financière ou politique est plus complexe. Il faudrait alors du temps pour décrypter les raisons et les réseaux au sein des relations nébuleuses entre les différentes communautés du nord du Mali.
4 - Les reporters ont-ils été capturés pour être tués?L'hypothèse d'un rapt ayant mal tourné a été privilégiée par la plupart des responsables touaregs dans un premier temps. Depuis, face aux indices accumulés, cette piste perd de son intensité. «Il n'y a pas de certitudes pour l'instant, mais il semble que l'on ait affaire à des exécutions planifiées», expliquait «avec prudence», une source française. | |
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