WEB - GOOGLE - ACTUALITÉ > International
Égypte : un député débarqué pour avoir menti sur son nez
Mis à jour le 06/03/2012 à 15:21 | publié le 06/03/2012 à 15:08 Anwar al-Bilkimy (au centre) expliquait, la semaine dernière, aux médias intrigués, avoir été tabassé par des voleurs.
Un député salafiste attribuait son visage couvert de bandages à une attaque armée. En réalité, il avait subi une opération de chirurgie esthétique, une procédure pourtant réprouvée par son parti.
Quarante jours après son entrée en fonction, le parlement égyptien a connu son premier scandale… sur fond de chirurgie esthétique. Un député salafiste a dû démissionner lundi après avoir menti sur sa rhinoplastie et s'être refait le nez. Le visage couvert de bandages, Anwar al-Bilkimy expliquait, la semaine dernière, aux médias intrigués, avoir été tabassé par des voleurs.
Anwar al-Bilkimy sur son lit d'hôpital.
L'attaque s'est produite, raconte-t-il, alors qu'il fait route du Caire vers Alexandrie: un groupe d'hommes armés le roue de coups avant de lui dérober 100.000 livres égyptiennes (16.500 dollars). Les coups sont si violents qu'il sombre dans le coma. En réalité, Anwar al-Bilkimy s'est fait refaire le nez. Le mensonge éhonté a été révélé par le chirurgien l'ayant opéré le 28 février.
Scandalisé par l'hypocrisie de son patient, le praticien a appelé dimanche une émission télévisée pour rétablir la vérité, expliquant que l'élu avait même insisté pour quitter au plus vite l'hopital au mépris de l'accord des médecins. Sa version des faits a été corroborée par l'équipe des urgences d'un deuxième établissement du Caire dans lequel Anwar al-Bilkimy s'est présenté après sa prétendue attaque, le 29 février, pour récupérer. L'élu expliquait avoir été agressé mais les urgentistes avaient été très surpris de le voir arrivé, le visage déjà bandé.
La prétendue attaque avait scandalisé la classe politiqueLe mensonge d'Anwar al-Bilkimy est doublement embarrassant. Son parti al-Nour réprouve la chirurgie esthétique, considérée comme un péché car elle altère l'apparence physique donnée par dieu à la naissance. La supposée agression du parlementaire a aussi mobilisé toute la classe politique et entraîné une pluie de critiques sur l'inaction du gouvernement alors qu'une vague d'insécurité sévit dans le pays depuis la chute d'Hosni Moubarak. L'émotion était d'autant plus à son comble que quelques jours avant le témoignage d'Anwar al-Bilkimy, un premier élu avait été victime d'un vol de voiture et un second avait été renversé par une automobile, dont le conducteur a pris la fuite. Tandis qu'al-Nour avait demandé une enquête au ministère de l'Intérieur sur l'attaque dont son élu avait été victime, Anwar al-Bilkimy avait reçu la visite sur son lit d'hôpital de plusieurs collègues députés et du président du parlement égyptien.
Le pot aux roses découvert, les sanctions n'ont pas tardé. Al-Nour a exigé la démission d'Anwar al-Bilkimy et l'a expulsé du parti. Le futur ex-député, qui risque des poursuites judiciaires pour dénonciations fantaisistes, doit également présenter des excuses officielles aux médecins de l'hôpital, à son parti, à tous les membres du Parlement, aux médias, aux forces de sécurité et au peuple égyptien. «Cet incident est inacceptable, l'éthique est au cœur des valeurs d'al-Nour. En le chassant du parti, al-Nour applique le principe de responsabilité de ses élus. À l'étranger cette procédure est normale mais en Egypte c'est une nouveauté», a commenté le porte-parole de la formation salafiste, arrivée deuxième des élections législatives.