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États-Unis : le mardi de vérité pour Mitt Romney
Mis à jour le 06/03/2012 à 12:29 | publié le 05/03/2012 à 20:04 Mitt Romney, en campagne lundi dans l'Ohio pour les primaires républicaines, rencontre des ouvriers de Gregory Industries.
INFOGRAPHIE - Dix États élisent 437 des délégués qui désigneront, lors de la convention républicaine de Tampa, en août, l'adversaire d'Obama.
L'heure de vérité a sonné pour Mitt Romney et les trois autres candidats encore en lice dans les primaires républicaines de l'élection présidentielle américaine. Dix États élisent mardi 6 mars 437 délégués pour la convention républicaine de Tampa Bay (Floride) du 27 au 30 août, qui nommera l'adversaire du président démocrate sortant le 6 novembre prochain.
Après deux mois de tour de chauffe, une large incertitude continue de planer sur l'issue de ces primaires très disputées. Grandissime favori, Mitt Romney paraît en mesure de glaner suffisamment de voix pour d'ores et déjà revendiquer la nomination du GOP (Grand Old Party) en Floride à la fin de l'été, avec des victoires quasi certaines en Virginie, dans le Massachusetts, le Vermont et l'Idaho.
Mais il peine toujours à soulever l'enthousiasme au sein de son propre camp, de plus en plus résigné à cette nomination inéluctable, faute de mieux. Romney a multiplié les bourdes et semble toujours plus à l'aise face à un parterre de décideurs économiques que dans un bain de foule avec des citoyens ordinaires. Il bénéficie en revanche d'une formidable puissance de feu financière, qui a largement contribué à ses récentes victoires, certes sans relief, dans le ­Michigan et l'Arizona, le 28 février.
Face au rouleau compresseur Mitt Romney, Newt Gingrich et Rick Santorum abattent leurs dernières cartes, tandis que le libertarien Ron Paul, réduit aux utilités, ne peut guère espérer mieux qu'une victoire de prestige et une poignée de délégués dans le lointain Alaska.
L'ancien speaker Gingrich a jeté toutes ses forces dans l'État de Géorgie, dont il est originaire, et qui rapportera à lui seul 76 délégués. Une victoire dans le «Peach State» lui permettrait d'espérer les prolongations, quand de plus en plus d'observateurs prédisent sa défaite imminente. Elle pourrait aussi jouer un vilain tour à Santorum, au moment où celui-ci espère le plein des voix du camp ultraconservateur face au très modéré Mitt Romney. Rick Santorum a donc sorti l'artillerie lourde dans l'État de l'Ohio, seconde plus grosse cylindrée du Super Tuesday avec ses 66 délégués, et dont il sillonne les routes depuis une semaine pour rallier à sa cause les classes populaires, les fameux blue collar workers, très hostiles au candidat Romney.
«C'est l'heure de serrer les coudes»Mais Santorum «a déjà laissé passer sa chance, prévient Joe Scarborough, chroniqueur au site en ligne Politico. Quand il lui aurait fallu parler des origines ouvrières de son grand-père, il a insisté sur les pilules contraceptives. Et quand il lui aurait fallu toucher les milieux ouvriers catholiques, il n'a rien trouvé de mieux que d'insulter leur “martyr”», le défunt président John F. Kennedy (dont le discours sur la séparation entre l'Église et l'État aurait «fait vomir» Santorum). «Que cela serve de leçon, poursuit Scarbo­rough. Nous sommes au XXIe siècle, et pas au XIXe. Les Américains ont besoin de quelqu'un qui leur rende emplois et prospérité, pas d'un représentant en moralité.»
La menace Santorum n'en continue pas moins d'inquiéter les stratèges républicains, qui redoutent un scénario similaire à celui de 1964. Cette année-là, le sénateur ultraconservateur de l'Arizona Barry Goldwater avait battu le gouverneur de New York, le modéré Nelson Rockefeller, avant de s'effondrer en novembre face au démocrate Lyndon ­Johnson, réélu avec 61 % des voix.
Face au spectre d'une telle débâcle, l'équipe de campagne de Romney bat le rappel de tous les grands noms du Parti républicain, arguant des effets suicidaires d'un combat des chefs amené à se prolonger. «C'est l'heure de serrer les coudes, insiste Rob Portman, le sénateur pro-Romney de l'Ohio, et de porter le combat contre les démocrates.»