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Pour Chavez, les États-Unis peuvent «inoculer le cancer»
Publié le 29/12/2011 à 14:53Hugo Chavez et Dilma Rousseff, lors d'un sommet à Montevideo, en Uruguay, le 20 décembre.
Habitué des provocations, le président vénézuélien affirme que trop de leaders sud-américains souffrent de cancers pour que ce soit une simple coïncidence.
Les cancers qui touchent les chefs d'État d'Amérique latine sont-ils le fruit d'un complot américain? C'est la question soulevée par Hugo Chavez, le chef d'État vénézuélien. Tout commence mardi soir, lorsque les Argentins apprennent que Cristina Kirchner, leur présidente, est atteinte d'un cancer de la thyroïde et sera opérée début janvier, avec un diagnostic très optimiste. Son nom s'ajoute à la liste des leaders d'Amérique latine atteints de cette maladie: Fernando Lugo, président du Paraguay, a un cancer du système lymphatique depuis 2010 en phase de rémission. Lula, l'ex-président du Brésil, est pour sa part atteint de ce mal à la gorge, et serait en passe de le vaincre. Celle qui lui a succédé, Dilma Rousseff, a pour sa part gagné ce combat en 2009, face à un cancer lymphatique.
«C'est très bizarre»Une série noire ne serait peut être due au hasard, estime Hugo Chavez, qui a lui-même déclaré s'être débarrassé d'un cancer en septembre mais dont il souffrirait toujours. «C'est très bizarre», s'est-il exprimé lors d'un discours prononcé devant des soldats et retransmis à la télévision.
D'après le Vénézuélien, le nombre de cancers chez les leaders d'Amérique latine serait «difficilement explicable selon les lois de probabilité», sans préciser ou développer son argument. Et de tourner une fois de plus les yeux vers les États-Unis qu'il n'a de cesse de provoquer depuis des années: «Serait-il étrange qu'ils aient développé une technologie pour inoculer le cancer sans que personne n'en soit au courant?», s'est demandé le chef d'État. Chavez joue même la carte de l'humour: «Je vais prendre grand soin des présidents de la Bolivie (Evo Morales) et de l'Équateur (Rafael Correa) de peur qu'on leur diagnostique aussi un cancer!»
Un précédent dans l'histoire des États-UnisPour appuyer sa théorie, le leader vénézuélien a rappelé que les Américains ont déjà pratiqué des expérimentations douteuses de ce type dans les années quarante. Dans le cadre d'une étude sur les effets de la pénicilline, des centaines de Guatémaltèques s'étaient vu inoculer des maladies sexuellement transmissibles, comme la syphilis, entre 1946 et 1948, par des scientifiques américains. Depuis, Washington a présenté officiellement des excuses.
Hugo Chavez mène depuis des années une politique très hostile à l'administration des États-Unis. Il n'hésite d'ailleurs pas à les appeler les «yankees de merde» et les a souvent accusés par le passé d'avoir tenté de le renverser, voire de l'assassiner. Cette nouvelle accusation apparait donc comme une nouvelle provocation, le dirigeant vénézuélien n'ayant pas avancé l'esquisse d'une preuve tangible et se gardant bien pour le moment de proférer une «accusation irréfléchie».
Le sommet des survivants<p>Avant cette sortie polémique, Hugo Chavez a été le premier à apporter un franc soutien à son alliée Cristina Kirchner. «Nous allons vivre et nous allons conquérir», lui avait-il transmis. Cette dernière lui a répondu qu'elle insisterait alors pour devenir la «présidente d'honneur» du sommet des survivants. Un clin d'œil à une plaisanterie sortie précédemment par Lula et Hugo Chavez, qui avaient proposé d'organiser un sommet pour tous les présidents d'Amérique latine qui ont vaincu le cancer.
Cristina Fernandez de Kirchner, réélue en octobre à la présidence de l'Argentine, a annoncé deux jours après Noël être touchée par un cancer de la glande de la thyroïde. Aucune métastase n'aurait été détectée. Elle va donc subir le 4 janvier une ablation partielle ou complète de cette glande, une opération qui affiche un taux de survie de près de 95%. L'intérim sera alors assuré par son vice-président, Amado Boudou, entre le 3 et 23 janvier.
En juin,
Hugo Chavez disparaît subitement pour une opération en urgence à la Havane, à Cuba. Pendant un mois, le président vénézuélien est invisible, les rumeurs enflent. On l'annonce mort tous les deux jours ou dans un état critique. Il revient finalement, triomphant, début juillet, et annonce qu'on lui a enlevé avec succès une tumeur cancéreuse. Le combat n'est cependant pas terminé et il continue les séances de chimiothérapie à Cuba. S'il dit aller mieux, même son entourage politique ne sait vraiment de quel cancer il est atteint et dans quel état il se trouve vraiment.
Le Paraguayen
Fernando Lugo, ancien évêque, est devenu le premier président de gauche de l'histoire du pays en 2008. Il a annoncé l'été 2010 qu'il était atteint d'un cancer du système lymphatique. L'évolution de sa maladie a particulièrement été scrutée par l'opposition car s'il lui devenait impossible de conserver les rênes du pays, c'est alors son vice-président de droite, Federico Franco, qui devrait prendre le pouvoir. Mais Fernando Lugo est resté en place et son cancer serait en phase de rémission.
Un an après avoir quitté la présidence du Brésil, qu'il a gouverné de 2003 à 2010,
Luiz Inacio «Lula» da Silva, se rend à l'hôpital pour un simple mal de gorge. Un cancer du larynx lui est alors diagnostiqué, il doit débuter une chimiothérapie. «Je suis prêt à faire face à cette autre bataille et je crois que je vais réussir», a-t-il déclaré à ce moment là. Dans la foulée, et pour prévenir les effets secondaires de son traitement, il se rase les cheveux. Le très populaire Lula, désormais méconnaissable, se bat. Quant à
Dilma Rousseff, qui lui a succédé au poste suprême, elle a aussi été atteinte d'un cancer lymphatique en 2009. Elle est depuis totalement guérie.