Jamel Administrateur
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| Sujet: Rapport de la Commission sur les émeutes de l'huile et du sucre : Les masques sont tombés Mar 15 Nov - 9:02 | |
| RAPPORT DE LA COMMISSION SUR LES EMEUTES DE L'HUILE ET DU SUCRE :Les masques sont tombés
Mardi 15 Novembre 2011
Par Walid AÏT SAÏDLes barons de l'huile et du sucre ont failli plonger le pays dans le chaosMaintenant que les choses sont claires et consignées dans un rapport, c'est à l'Etat de sévir pour inculquer dans les esprits que l'on ne badine pas avec la paix sociale.
Après des mois d'investigation, la commission d'enquête de l'APN sur la pénurie et la hausse des prix du sucre et de l'huile commence à livrer ses premières conclusions. S'exprimant sur les ondes de la Radio nationale Chaîne III, le président de ladite commission, Kamel Rezki, ne s'est pas encombré de détails pour citer les premiers responsables de cette situation qui, en janvier dernier, ont failli plonger le pays dans le chaos. Il s'agit en l'occurence des barons de l'huile et du sucre. Du fait de son devoir de réserve, Kamel Rezki n'a pas cité le nom du groupe visé: «Nous avons constaté qu'il y a un opérateur qui est en situation de dominance en détenant plus de 40% des parts de marché, ce n'est pas normal puisque quand on est dans une position de dominance, on impose le prix que l'on veut, le circuit que l'on veut.» Suivez mon regard. Il n'y a qu'un seul groupe en situation de dominance en Algérie, selon l'aveu même du patron de cette société, qui n'est autre que Issad Rebrab. En effet, animant une conférence de presse en janvier dernier au siège du groupe, le P-DG de Cevital, Issad Rebrab, a soutenu que son groupe détenait entre 60 et 65% des parts du marché de l'huile et 80 à 85% de celui du sucre. Et c'est ce qu'a dénoncé, à demi-mot, le rapport de la commission de M. Kamel Rezki dont une copie a été remise au président de la République. A la question de savoir si des coupables ont été designés dans ce rapport, il refuse de répondre à cause de son devoir de réserve. Cependant, M. Rezki n'a pas ménagé le gouvernement qui, selon lui, n'applique pas les lois votées par l'APN. Faisant savoir que «cette situation de dominance n'est pas interdite par la loi de la concurrence de 2003 mais son utilisation abusive l'est», ajoutant que «nous avons recommandé l'encouragement de l'investissement dans la filière pour éviter la dominance», a-t-il préconisé. L'absence de l'État dans les circuits de distribution du sucre et de l'huile est l'une des autres anomalies qui ont permis à cet opérateur de dicter sa loi. «Les unités publiques de production ont été privatisées. Pour le lait et les céréales, l'État peut réguler à travers les offices publics mais pour le sucre et l'huile, il faut faire en sorte que l'État puisse intervenir afin d'éviter les perturbations comme celles de janvier 2011», a-t-il souligné en guise d'avertissement. Pourquoi avoir vendu les raffineries d'huile?En effet, la situation est grave puisque des produits de très large consommation se trouvent entre les mains d'un seul opérateur. Ce n'est ni un scoop ni une trouvaille que de dire que pareille situation constitue une véritable menace pour la paix sociale. Comment se fait-il que tout un Etat prête le flanc avec autant de facilité alors qu'il a les moyens d'agir et de mettre fin à cette menace de déstabilisation de la paix sociale? M. Rezki a indiqué que la privatisation des entreprises publiques n'a pas donné les résultats escomptés, allusion à la vente de raffineries d'huile et de sucre au privé. «Les cahiers des charges n'ont pas été respectés, l'Etat doit intervenir», a-t-il recommandé. Ainsi, après avoir tiré à boulets rouges sur les producteurs de sucre et d'huile, il s'est attaqué aux grossistes. «Nous avons remarqué que les mécanismes de contrôle de l'Etat ne sont pas efficients. Le marché informel occupe une grande place», a t-il dénoncé sans épargner le diktat de ces grossistes qui dictent leurs lois à l'Etat. Pour preuve, «contrairement aux membres du gouvernement ou aux opérateurs économiques, les grossistes n'ont pas répondu à notre convocation, nous ignorons d'ailleurs pourquoi. Nous avons informé le ministère du Commerce sur la question, on attend toujours la réponse», a-t-il dénoncé. «Cela nous a créé un petit vide dans notre enquête», a rétorqué M. Rezki. Il a expliqué que par «marché informel», la commission entend les grosses quantités de marchandises qui ne passent pas par le circuit officiel transparent. «Il n'y a pas de facturation et il y a refus d'utilisation du chèque. Les opérateurs économiques eux-mêmes nous ont dit qu'ils ne maîtrisent pas leur distributeur, ce qui n'est pas normal», s'indigne-t-il. Arrêtez cette folie des subventions!M. Rezki a également averti des conséquences d'une baisse des prix du pétrole sur les transferts sociaux qui représentent un budget annuel de 1500 milliards de dinars. «Si le pétrole baisse, on n'aura pas de quoi payer les salaires et les retraites», a-t-il prevenu, appelant le gouvernement à lutter contre l'informel pour un meilleur recouvrement de la fiscalité ordinaire qui représente aujourd'hui 55% du budget de l'Etat. Pour mettre fin au diktat de ces grossistes, M. Kamel Rezki a préconisé de «localiser le marché de gros dans un seul endroit comme cela ce fait en France avec celui de Rungis». Pour ce qui est des matières premières, la commission d'enquête recommande la création d'une cellule de veille des marchés mondiaux, qui permettrait de mieux acheter à l'étranger. «Nos offices achètent n'importe comment», a pesté M. Rezki. Mais la grande résolution à laquelle sont arrivés tous les membres de la commission est l'obligation de l'installation du Conseil national de la concurrence qui, à l'origine, devait dépendre de la Présidence de la République. La loi portant création de ce conseil a été amendée trois fois depuis 1995. «J'ai entendu le ministre du Commerce dire que ce conseil sera installé avant la fin de l'année en cours. Les prérogatives de contrôle du ministère du commerce ont été transférées à ce conseil, lequel n'existe pas encore. Ce conseil permettra de mettre fin à la situation de dominance de certaines entreprises», a-t-il soutenu. Enfin, M. Kamel Rezki a affirmé que la commission d'enquête qu'il a présidée, s'est prononcée contre la politique actuelle de subvention «aveugle» des produits de large consommation. La commission d'enquête parlementaire, dont le rapport a été remis dimanche 13 novembre au président de l'APN, Abdelaziz Ziari, propose la libéralisation des prix des produits actuellement subventionnés (lait, céréales, sucre, huile, etc.) et le versement d'indemnités directement aux vrais nécessiteux. «Il faut un fichier national des catégories démunies. Ce n'est pas normal de vendre le lait au même prix pour le riche et le pauvre. Aujourd'hui, l'État soutient les yaourts, les sodas, les pâtisseries...», a dénoncé M. Rezki qui plaide pour un débat national sur le sujet. «On ne peut continuer dans cette politique. Le budget de l'État est calculé sur la base d'un baril à 37 dollars. Actuellement, le pétrole vaut 100 dollars sur le marché. Si le prix du baril de pétrole baisse au-dessous de 60 dollars d'où va-t-on ramener l'argent pour continuer à subventionner les prix des produits», a-t-il poursuivi. | |
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