Dexia, une faillite au prix fort
LEMONDE.FR | 20.02.12 | 18h57
Le siège de la banque Dexia à Bruxelles en octobre 2011.REUTERS/THIERRY ROGE
On commence à connaître les détails du prix du démantèlement de Dexia. D'après Les Echos, la banque franco-belge a perdu environ douze milliards d'euros en 2011. L'annonce officielle des résultats annuels interviendra jeudi 23 février à la première heure. En ajoutant les six milliards d'euros injectés par la France et la Belgique en 2008 lors du déclenchement du tourbillon Dexia, et les pertes futures – qui voudrait payer les actifs de Dexia au prix fort ? – le coût total de cette faillite devrait largement dépasser celui du scandale du Crédit lyonnais dans les années 1990.
En cours de démantèlement, Dexia, le spécialiste du financement des collectivités locales, fait partie des banques européennes les plus exposées au risque de défaut de l'Etat grec, derrière les banques locales et la Commerzbank. Bilan de l'opération pour Dexia : quatre milliards d'euros de dépréciations l'an dernier. Ce n'est pas tout. En octobre, la Belgique a nationalisé sa filiale Dexia Banque Belgique. Quatre autres milliards qui partent en fumée. Reste encore quatre milliards, cette fois perdus au fil de la vente précipitée des actifs risqués de Dexia.
DES ÉTATS EXPOSÉS
Parmi ces actifs douteux, on trouvait la Dexia Municipal Agency, qui a été reprise par la Caisse des dépôts et consignations, La Banque postale et l'Etat français. Ces trois acteurs, avec le concours de Dexia, sont en train de mettre en place une nouvelle banque de financement des collectivités locales, qui en ont bien besoin. D'après La Tribune, La Banque postale développement local devrait voir le jour avant l'été.
Les inévitables pertes en ligne lors du dépeçage de Dexia sont une mauvaise nouvelle pour les finances des Etats français et belge. Ces derniers avaient investi conjointement plus de 6 milliards d'euros en 2008 pour maintenir la banque à flot. A l'époque, le cours de l'action Dexia tournait encore autour des dix euros. Il navigue aujourd'hui péniblement à quelques dizaines de centimes l'action.
Auditionné par des parlementaires belges au mois de janvier, Pierre Mariani, l'actuel administrateur délégué de Dexia, chiffre les pertes pour les gouvernements français, belge et luxembourgeois à 20 milliards d'euros.
UN "VIVENDI" BANCAIRE
C'est le prix de l'échec d'une course à la taille dans les années 2000. La banque, spécialisée dans le financement public et local, se jette à la conquête du monde. Les Pays-bas, les Etats-Unis, la Turquie... Entre 2000 et 2008, le bilan du groupe fait plus que doubler, passant de 258 à 651 milliards d'euros. Loin de son métier d'origine, la banque place auprès des élus des emprunts à taux variable qui se révèlent parfois toxiques.
Mégalomanie de son fondateur, Pierre Richard ? Ce polytechnicien à la barbe rousse a notamment participé à la construction de Cergy-Pontoise dans les années 70, avant de rejoindre la Caisse des dépôts en 1983, où il prend la tête de la Caisse d'aide à l'équipement des collectivités locales. Quatre ans plus tard, le néo-banquier rebaptise cette dernière, qui devient le Crédit local de France.
La nouvelle entité commence sa croissance en 1991, avec une introduction en bourse, puis avec sa privatisation en 1993, au début de la vague "Balladur". Désormais PDG, Pierre Richard absorbe le Crédit communal de Belgique en 1995 et ajoute à son activité les services aux particuliers. Dexia apparaît. S'ensuit une croissance continue des activités, jusqu'à 2008. Cette année-là, la banque perd huit milliards d'euros à cause de sa filiale américaine, FSA, victime de l'écroulement des subprimes.
RETOUR À LA CASE DÉPART
Fin septembre 2008, c'est la bérézina. Les dirigeants de Dexia n'arrivent plus à se refinancer sur les marchés et sont obligés de faire appel aux gouvernements. Ces derniers mènent à bien une opération commando pour éviter à la banque des collectivités hexagonales et des particuliers belges une déconfiture immédiate. C'est le début de la descente aux enfers pour Dexia. Pierre Richard et Axel Miller, son bras droit, démissionnent, remplacés par Pierre Mariani, ex-BNP et ex-directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy version ministre du budget, et Jean-Luc Dehaene, ancien premier ministre belge.
Le duo franco-belge s'échine à sauver la banque d'un démantèlement. Il était presque parvenu à ses fins, mais un nouvel accès de fièvre dans la crise de l'euro met un terme à l'espoir en octobre 2011. Cette fois, c'est la fin. Les actifs de Dexia sont mis en vente ; une "bad bank", qui accueille les activités difficilement cessibles et les actifs risqués, est mise sur pied. La Belgique nationalise la branche particulier (les restes du Crédit communal de Belgique). Et la Caisse des dépôts, entre autres, récupère dans son giron la partie financement des collectivités de Dexia. En somme, retour à la case départ. Ou presque.
Julien Dupont-Calbo
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Bonsoir,
Les États continuent à remplir ce tonneau des Danaïdes sans barguigner, et nous, nous continuons à supporter l'incompétence des dirigeants parce que c'est nous qui payons. Le candidat président du peuple allait mettre au pas ces gens avides et sans scrupules. On voit ce que cela a donné. Quel bilan!
Amicalement
Pierre