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Israël-Iran: Washington tente d'apaiser les tensions
Mis à jour le 20/02/2012 à 08:40 | publié le 19/02/2012 à 19:49 Le premier ministre Benyamin Nétanyahou en réunion avec les membres de son cabinet, dimanche à Jérusalem.
Plusieurs émissaires américains sont chargés de convaincre Jérusalem d'éviter des frappes «prématurées».
Après les récents attentats anti-israéliens en Inde et en Thaïlande et sur fond de crise nucléaire, les émissaires américains se succèdent en Israël pour convaincre le gouvernement de temporiser. Soufflant le chaud et le froid, l'Iran a offert de reprendre les négociations sur son programme nucléaire, et une mission de l'Agence internationale pour l'énergie atomique est attendue ce lundi à Téhéran. Mais l'Iran continue par ailleurs à enrichir de l'uranium, et multiplie ostensiblement ses préparatifs militaires.
Pour la deuxième fois cette année, la marine iranienne est venue narguer les Israéliens en envoyant une force navale symbolique en Méditerranée. Deux bâtiments ont franchi le canal de Suez samedi pour une mission de démonstration de force, et pourraient relâcher dans le port syrien de Lattaquié. Israël a annoncé suivre de très près cette croisière, composée d'un destroyer et d'un navire de ravitaillement. L'amirauté iranienne a annoncé que l'opération visait à ««montrer la puissance de la République islamique d'Iran».
Longtemps cantonnée à des missions de défense côtière dans les eaux étroites du golfe arabo-persique au moyen de vedettes rapides, la marine iranienne a entrepris de développer depuis deux ans sa capacité de haute mer. «Avec six frégates et destroyers et trois sous-marins, Téhéran ne peut espérer rivaliser avec les marines occidentales, mais ces missions symboliques en Méditerranée signalent clairement l'intention des Iraniens d'envoyer un message à Israël en venant croiser au large de ses côtes», explique un expert des questions navales.
Rumeurs de préparatifsLes gardiens de la révolution ont aussi annoncé deux jours de manœuvres terrestres. Les nouvelles sanctions prises contre l'Iran, notamment financières, commenceraient cependant à peser sur l'économie iranienne, et les Américains veulent à tout prix éviter qu'Israël ne se lance dans une action précipitée. Jusqu'à présent, les Israéliens ont refusé de donner des garanties qu'ils ne lanceraient pas de raid préventif contre les installations nucléaires iraniennes. Même si les rumeurs de préparatifs d'une éventuelle attaque ont largement pour but d'accroître la pression sur Téhéran, les Américains prennent néanmoins au sérieux cette éventualité.
Washington a envoyé plusieurs émissaires de haut niveau en Israël, pour tenter de convaincre les autorités israéliennes de laisser aux nouvelles sanctions le temps de faire leur effet. Le conseiller pour la sécurité nationale d'Obama, Tom Donilon, a rencontré dimanche Benyamin Nétanyahou, et doit avoir des consultations avec de hauts responsables israéliens sur de nombreux dossiers, «dont l'Iran, la Syrie et d'autres questions relatives à la sécurité dans la région».
Le directeur national du renseignement américain James Clapper est attendu à son tour cette semaine en Israël pour une autre série d'entretiens avec les responsables de la Défense et des services secrets israéliens. Clapper et Donilon «entendent adresser à leurs interlocuteurs israéliens un message d'apaisement, en leur indiquant que même si des négociations reprennent avec l'Iran, cela n'affectera pas les sanctions», analyse le quotidien israélien
Yedioth Ahronot. Ehoud Barak, le ministre de la Défense israélien est attendu à Washington prochainement, et Nétanyahou doit se rendre aux États-Unis début mars pour des entretiens avec Obama.
L'espoir de trouver une solution négociéeLe chef d'état-major américain, le général Dempsey, a estimé dans une interview à CNN qu'une action militaire contre l'Iran serait «prématurée». «Les sanctions économiques commencent à avoir un effet» et «la voie que nous empruntons actuellement est la plus prudente à ce stade», a-t-il déclaré.
La proposition iranienne de reprendre les négociations sur son programme nucléaire laisse cependant aux diplomates l'espoir de trouver une solution négociée. L'Agence internationale de l'énergie atomique a envoyé en Iran une mission de «la dernière chance» chargée d'évaluer la «possible dimension militaire» du programme nucléaire iranien.
Cet euphémisme désigne le nœud du problème, Téhéran s'obstinant à dire que son programme n'est qu'à vocation civile, alors que l'AIEA n'a cessé de découvrir de nombreuses ambiguïtés. Dans son dernier rapport, en novembre 2011, l'AIEA avait présenté de nombreux éléments indiquant la vocation militaire du programme iranien. Ce qui avait largement contribué à l'adoption par les pays occidentaux des sanctions plus sévères, touchant notamment les secteurs financiers et pétroliers.
Dirigée par le directeur adjoint de l'agence, Herman Nackaerts, la mission de l'AIEA, la deuxième cette année, est chargée d'inspecter les sites nucléaires controversés, notamment la base de Parchin, où pourraient être testés des missiles capables d'emporter une charge nucléaire.
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Un détenu palestinien en grève de la faim depuis 65 joursLa grève de la faim de Khader Adnan commence à préoccuper les Israéliens, qui craignent de voir son cas devenir un symbole. Âgé de 35 ans, ce militant du Djihad islamique a été arrêté le 17 décembre par les services de sécurité israéliens en Cisjordanie et placé en détention administrative pour une durée de quatre mois. Clamant son innocence, il a commencé le jour même une grève de la faim pour protester contre son internement qui ne lui permet pas d'être traduit devant la justice. Il refuse de s'alimenter depuis 65 jours, et a déjà perdu 30 kilos. La Cour suprême israélienne devrait examiner jeudi son recours, selon son avocat.
La détention administrative permet à l'armée israélienne d'incarcérer des suspects sans action judiciaire. Environ 300 Palestiniens sont actuellement emprisonnés par Israël en vertu de cette procédure. Les autorités israéliennes arguent du fait que la protection de leurs informateurs ne leur permet pas de révéler la nature des charges. Mais Israël craint aussi que le cas d'Adnan ne suscite une réprobation internationale, ou ne crée des émules parmi d'autres prisonniers. La représentante européenne Catherine Ashton s'est déclarée «préoccupée» par la santé du prisonnier, ainsi que par «l'usage extensif des détentions administratives par Israël».