Le Honduras sous le choc après le dramatique incendie d'une prison

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Le Honduras sous le choc après le dramatique incendie d'une prison

Publié le 15.02.2012, 21h26 | Mise à jour : 22h10


Comayagua (Honduras) , 15 février 2012.[/b] Des enquêteurs recensent les morts.

Au moins 300 détenus ont péri dans la nuit de mardi à mercredi dans l'incendie d'une ferme-prison au Honduras, dans le département de Comayagua à environ 90 km au nord de la capitale Tegucigalpa, selon un nouveau bilan établi par le ministère de la Sécurité dans la soirée. Les autorités locales avaient fait état de 272 morts précédemment. Quelque 357 prisonniers manquaient encore à l'appel mercredi soir, mais «ça ne signifie pas qu'ils soient tous morts : ils peuvent figurer parmi les blessés ou s'être échappés», selon le commissaire hondurien pour les Droits de l'homme.

«Ils sont morts embrasés, ils se jetaient dans les douches et les éviers», a raconté un survivant à des médias locaux. Des photos prises sur les lieux montrent des corps carbonisés allongés pêle-mêle dans les couloirs des bâtiments ravagés par les flammes. Le sinistre s'est déclaré à 22h50 heure locale mardi (5h50, à Paris), a précisé le directeur des Centres pénitentiaires du pays, Danilo Orellana qui privilégie deux pistes : un départ de feu provoqué par un détenu qui aurait incendié un oreiller et un court-circuit.

La prison hébergeait près de 900 détenus, le double de sa capacité

La gouverneur du département de Comayagua, Paola Castro, ancienne travailleuse sociale dans cette prison, a raconté à l'AFP avoir reçu au cours de la nuit un appel d'un prisonnier qui affirmait qu'un co-détenu avait menacé de mettre le feu à sa cellule. Cet accident «nous surprend parce que c'est une prison modèle. Il y a des programmes de réhabilitation. Les détenus cultivent des haricots, du maïs, il y a une ferme avicole et un élevage de porcs», a-t-elle ajouté. La ferme pénitentiaire hébergeait pourtant presque 900 détenus, le double de sa capacité.

Au petit matin, le périmètre était cerné par l'armée et la police, mais des proches de détenus, à la recherche d'informations, ont pris à partie les forces de l'ordre, qui ont été la cible de jets de pierres, a constaté un photographe de l'AFP. Un mouvement de foule, après la lecture par un officiel de la liste des survivants, a conduit un groupe d'environ 300 hommes, femmes et enfants à forcer les grilles de cette ferme pénitentiaire pour y pénétrer. Les forces de l'ordre ont ramené le calme en tirant des coups de feu en l'air.

Mercredi matin à l'aube, des équipes de médecine légale étaient présentes sur les lieux, en possession de centaines de sacs mortuaires blancs et de seaux verts, qui ont été alignés sur le sol afin de délimiter l'espace où seront disposés les corps extraits des bâtiments.

Les autorités pénitentiaires relevées de leur fonctions

Des dizaines de blessés et de brûlés étaient en cours de transfèrement vers différents hôpitaux de Comayagua, une petite ville d'environ 58 000 habitants. «Mon frère Roberto Mejia était dans le module six. Ils m'ont dit que ceux du six étaient tous morts», a raconté à l'AFP Glenda Mejia, sous le choc. A son côté, Carlos Ramirez attendait aussi des nouvelles de son frère Elwin, détenu dans le même module. «Ils ne m'ont rien dit», a-t-il regretté, la voix brisée.

De Washington, le secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA), José Miguel Insulza, a demandé à la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) l'envoi d'une délégation au Honduras pour enquêter sur cet incendie. De son côté, le président hondurien a annoncé que les autorités pénitentiaires du pays étaient relevées de leurs fonctions le temps de l'enquête.

En mai 2004, une centaine de prisonniers étaient morts dans un incendie à la prison de San Pedro Sula, dû selon les autorités à des problèmes structurels du bâtiment. Le Honduras, pays d'Amérique centrale au taux de criminalité record, dispose de 24 centres de détention, d'une capacité totale de 8 000 places, mais la population carcérale atteint 13 000 personnes pour 7,7 millions d'habitants.