Le Monde.fr | 02.07.2014 à 23h11 • Mis à jour le 03.07.2014 à 10h53 | Par Thomas Wieder
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Ceux qui en doutaient encore n'ont plus à se poser la question : Nicolas Sarkozy est bien décidé à revenir au pouvoir en 2017. C'était le principal message qu'il entendait adresser aux Français, ce mercredi 2 juillet, sur TF1 et Europe 1.
Lire le compte rendu : Nicolas Sarkozy : « Je ne suis pas un homme qui se décourage devant les vilenies »
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Bien sûr, il est encore trop tôt pour le dire aussi clairement. Mais certaines phrases ne trompent pas. Quand il assure que « la question de savoir si on renonce ne se pose pas pour [lui] », quand il jure qu'il « regarde avec consternation l'état du pays », quand il martèle qu'il n'est pas « un homme qui se décourage devant les vilenies et les manipulations politiques », l'ancien président ne dit au fond qu'une seule chose : « Rien ne m'arrêtera dans mon désir de revanche. »
« Si je perds, j'arrête la politique, confiait Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle de 2012. Vous n'entendrez plus parler de moi si je suis battu. » Ce temps-là est révolu. Deux ans plus tard, il n'a qu'une obsession : redevenir chef de l'Etat.
L'ATTAQUE POUR MEILLEURE DÉFENSE
Revenir, donc. Mais comment ? Mercredi, Nicolas Sarkozy ne s'est pas contenté d'afficher une ambition. Il a aussi exposé une stratégie. Celle à laquelle il compte recourir pour parvenir à ses fins. Elle se résume d'un mot : victimisation.
Faisant sien le célèbre proverbe selon lequel « Il n'est de meilleure défense que l'attaque », l'ancien président a compris tout l'intérêt qu'il avait à se draper dans l'habit de la victime. Victime des juges. Victime du pouvoir politique. Victime, dit-il, d'une « instrumentalisation politique d'une partie de la justice ».
Ceux qui en doutaient encore n'ont plus à se poser la question : Nicolas Sarkozy est bien décidé à revenir au pouvoir en 2017.
En maître de la communication politique, il savait qu'il y avait urgence à réagir. Pour ne pas laisser s'installer l'image du « mis en examen », il devait prendre la parole pour la remplacer par celle du « justicier ».
La rhétorique n'est pas nouvelle. Depuis des mois, à chaque nouvelle affaire qui le vise, sa garde rapprochée use du même argumentaire.
Lui-même, dans une longue tribune publiée dans Le Figaro le 21 mars, après les révélations concernant son placement sur écoute, avait développé la même idée :
« Des principes sacrés de notre République sont foulés au pied avec une violence inédite, écrivait-il. Je veux affirmer que je n'ai jamais demandé à être au-dessus des lois, mais que je ne peux accepter d'être en dessous de celles-ci. »
Lire le décryptage : Cinq questions sur la mise en examen de Nicolas Sarkozy
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UNE PLAIDOIRIE TOUTE PRÊTE
Mercredi, il a dit exactement la même chose, parfois avec les mêmes mots. Devant leur télévision, ceux qui avaient en tête ce texte du Figaro avaient d'ailleurs un sentiment de déjà-vu. Preuve qu'il s'agit là d'une argumentation structurée que l'ancien président de la République a l'intention de servir chaque fois que sa probité sera attaquée.
Une plaidoirie toute prête, dont il sait pouvoir disposer à tout moment quand son honnêteté est mise en doute.
En la matière, Nicolas Sarkozy n'invente rien. Il fait furieusement penser à Silvio Berlusconi qui, pendant des années, s'est posé en victime de l'acharnement du système judiciaire pour assurer sa survie politique.
Comme le « Cavaliere », hier, l'ancien chef de l'Etat veut croire aujourd'hui que son combat contre une justice supposément « politique » soudera la droite et, au-delà, les Français autour de lui. C'est un pari risqué. Mais aujourd'hui, c'est sans doute le seul qu'il puisse faire.
Lire l'analyse : Au pays de Berlusconi, la presse évoque une dérive italienne des affaires françaises
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