Le Monde.fr | 18.04.2014 à 13h20 • Mis à jour le 18.04.2014 à 14h37 | Par Laurie Moniez (Lille, correspondance)
Martine Aubry, à Lille, le 4 avril.
Damien Castelain, maire de Péronne-en-Mélantois (Nord), 900 habitants, a été élu président de la communauté urbaine de Lille vendredi midi avec 108 voix sur 179. Martine Aubry n'a pas souhaité se présenter à sa propre succession : avec le basculement de Roubaix et Tourcoing à droite, l'ancienne présidente de LMCU (Lille Métropole - communauté urbaine de Lille) savait que ses chances de l'emporter étaient compromises.
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Martine Aubry a donc attendu le début de séance pour lever le suspense : seuls trois candidats, dont aucun de gauche, étaient en lice. De quoi permettre la victoire de Damien Castelain (candidat sans étiquette, représentant 48 petites communes de centre droit) face à Bernard Gérard, le maire UMP de Marcq-en-Baroeul (du groupe Métropole communes unies), et le candidat Rassemblement Bleu Marine Eric Dillies.
Après une suspension de séance d'une vingtaine de minutes, les trois candidats ont exposé leur vision de la métropole. Damien Castelain, qui reconnaissait avoir bien travaillé avec Martine Aubry le mandat précédent, a précisé qu'il « jugerait tout projet en fonction de sa valeur et non de sa couleur » s'il était élu.
« MARIONNETTE DU PS »
Bernard Gérard, candidat UMP et d'une partie de l'UDI, avait en effet ravivé la guerre des territoires : il voulait remettre en avant les petites communes contre le beffroi lillois, accusé de négliger les petites villes. Cette perspective de revenir « vingt ans en arrière » comme l'a déclaré Martine Aubry, a refroidi les ardeurs de certains élus communautaires tentés par la droite. « Ne revenons pas en arrière avec la guerre des beffrois, avait mis en garde Martine Aubry. Une métropole, ce n'est pas un guichet où chacun vient chercher son dû. »
Dans les rangs de la droite, Francis Delrue, maire de Baisieux et président du Groupe indépendant des élus communautaires de Lille Métropole (allié de l'UMP), a accusé « Damien Castelain d'être le plan B du PS, un homme de paille ou une marionnette du PS ». Une remarque jugée « intolérable » par les soutiens de Damien Castelain. Mais on imagine difficilement le maire d'une commune de 900 habitants prendre les rênes d'une communauté au budget de 1,7 milliard d'euros. En apportant son soutien et les 65 voix de la gauche à ce maire sans étiquette, Martine Aubry s'est assurée de faire passer une partie de son programme pour la communauté urbaine pour les six prochaines années. L'élection des 20 vice-présidents est prévue le 5 mai.