Le Monde.fr | 10.04.2014 à 10h30 • Mis à jour le 10.04.2014 à 10h39 | Par Laurence Girard
Le groupe français d'agroalimentaire prend 9,9 % du groupe chinois Mengniu, l'un des grands du secteur dans ce pays, et crée avec lui une coentreprise dans les produits laitiers frais.
Du jamais vu. La production agroalimentaire française a baissé de 2,2 % en volume en 2013. L'Association nationale des industries alimentaires (ANIA), qui a publié son bilan annuel, jeudi 10 avril, s'en est émue. De même que de la décélération de la croissance du chiffre d'affaires, dont la progression s'est limitée à 0,6 % en 2013.
Il n'empêche. Avec 160,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires, l'agroalimentaire reste, et de loin, la première industrie en France. De même, malgré les quelques signaux de fragilité, sa santé est bien meilleure que celle de nombreux autres secteurs.
La guerre des prix pèse au plan national
L'inquiétude des industries agroalimentaires est d'abord liée à la guerre des prix que se livrent les enseignes de la grande distribution dans l'Hexagone. Chaque année, les négociations commerciales entre les deux parties se déroulent sous haute tension.
Résultat, les prix à la consommation des produits alimentaires et boissons n'ont progressé que de 1,2 % en 2013 en France. Contre + 2,9 % en 2012. Sur la même période, les hausses ont été de 3,8 % et 3,7 % en Allemagne et en Grande-Bretagne, selon l'ANIA.
Or, le coût des matières premières, même s'il a légèrement fléchi en 2013, reste, lui, à des niveaux élevés.
Le solde commercial se réduit
Autre recul, celui des performances à l'international. Le solde commercial est toujours le deuxième plus important, derrière celui de l'aéronautique, à 8,5 milliards d'euros. Mais il fléchit de 7 %.
Cette moindre progression tient à la hausse des importations. Sachant que les importations d'huile, de poissons et de fruits et légumes plombent une balance qui penche du bon côté grâce aux vins et au Cognac, mais aussi aux produits laitiers.
Les défaillances sont en hausse
Dans ce contexte, les entreprises les plus fragiles ne résistent pas. Le nombre de défaillances a augmenté de 6,5 % pour atteindre un niveau record de 316 en 2013. Ce sont souvent des PME dont l'asphyxie se passe sans bruit.
Cela se traduit, inévitablement, par une réduction des emplois dans la filière, premier employeur industriel avec 492 700 salariés. Plus de 4 800 emplois ont ainsi été détruits en un an.
L'investissement devrait repartir
Toutefois, l'ANIA voit un signe positif dans le projet des entreprises agroalimentaires d'augmenter leurs investissements de 5 % à 7 % en 2014. Après, il est vrai, une période de basses eaux et alors que la pression de la compétitivité est toujours aussi forte.
Jean-Philippe Girard, président de l'ANIA, s'exprimant devant les industriels laitiers le 1er avril, s'était déclaré prêt à demander au gouvernement une amélioration de la loi LME qui régit les relations commerciales entre industrie et distribution.
« La guerre des prix, c'est nous qui la finançons. Elle tue la croissance et une entreprise par jour dans notre secteur. Elle tue l'emploi. Près de 1 200 emplois ont encore été détruits depuis le début de l'année », avait-il alerté.