Le Monde.fr | 10.04.2014 à 06h20 • Mis à jour le 10.04.2014 à 09h48 | Par Harold Thibault (Shanghaï, correspondance)
Pékin a enregistré un excédent commercial de 5,57 milliards d'euros en mars, après le déficit surprise de 16,6 milliards en février.
La Chine a enregistré en mars un net recul de son commerce extérieur, selon les statistiques publiées, jeudi 10 avril au matin, par son administration des douanes.
A 170,1 milliards de dollars (122 milliards d'euros), les exportations de « l'usine du monde », deuxième économie mondiale, déclinent de 6,6 % par rapport au même mois l'année précédente. Simultanément, ses importations reculent de 11,3 % à 162,4 milliards de dollars (117 milliards d'euros).
Ces chiffres s'établissent très en-deçà des prévisions du panel de 16 analystes interrogés par l'agence Dow Jones, qui tablaient sur une progression de 4,2 % des exportations et une hausse de 2,8 % des importations.
Le pays accuse la faiblesse de sa demande intérieure et une perte de ses avantages compétitifs
Après avoir enregistré un déficit commercial surprise de près de 23 milliards (16,6 milliards) en février, la balance commerciale chinoise revient, certes, à un excédent de 7,71 milliards de dollars, mais cela tient essentiellement aux faiblesses de sa demande intérieure.
Le pays a donc enregistré en mars un excédent commercial de 7,71 milliards de dollars (5,57 milliards d'euros), Celui-ci, le premier déficit depuis onze mois, avait été alimenté en partie par les longs congés du Nouvel an lunaire.
Ces chiffres viennent confirmer que l'économie chinoise a fait face à un début d'année difficile. Le volume de son commerce extérieur recule de 1 % au cours du premier trimestre et son excédent commercial se dégonfle de 59,7 % par rapport à la même période l'an passé.
Le porte-parole des douanes, Zheng Yuesheng, a reconnu, jeudi, que la Chine perd de son avantage comparatif, subissant les facteurs négatifs que sont la montée de la concurrence de pays voisins et un nombre croissant de contentieux avec ses principaux partenaires commerciaux.
Les chiffres de l'an dernier étaient surévalués
Toutefois, M. Zheng a appelé à ne pas en conclure hâtivement que le commerce extérieur chinois est en récession, car les chiffres sont marqués par un fort « effet de base ».
La Chine avait lancé, en mai 2013, une campagne de lutte contre les fausses factures (surfacturations) qui permettaient de dissimuler, derrière des échanges commerciaux, l'entrée de capitaux dans le pays : une façon de contourner le contrôle des flux financiers pour miser sur l'appréciation du yuan.
Les chiffres du commerce extérieur pour le premier trimestre 2013 s'en sont donc trouvés faussés.
Les objectifs de croissance des exportations sont maintenus
Les douanes s'attendent à ce que la reprise du commerce se traduise dans les prochains mois, répétant l'expression désormais commune dans le jargon officiel de « croissance modérée ».
Elles restent ainsi confiantes sur la capacité du pays à tenir l'objectif fixé d'une croissance de 7,5 % de ses exportations.
Les Chinois misent pour cela sur le rétablissement des principales économies de la planète et les réformes entreprises par le gouvernement.
Au début du mois de mars, l'état-parti s'est fixé pour but d'atteindre une croissance de 7,5 % du PIB en 2014, comme l'année précédente. Cette fois-ci, Pékin a toutefois pris soin de le faire précéder de la mention « zuoyou », littéralement «gauche-droite », et qui signifie en chinois « plus ou moins ».
Lire : Interrogations sur le ralentissement chinois
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Des mesures de soutien à la demande intérieure
Jeudi, quelques minutes seulement après la publication des chiffres peu encourageants du commerce extérieur, le premier ministre de la République populaire, Li Keqiang, s'exprimait à l'occasion du forum économique Boao, sur l'île méridionale de Hainan.
M. Li a assuré avoir la capacité de maintenir l'économie dans un « périmètre raisonnable » et a répété ne pas vouloir recourir à des politiques de relance à court terme pour faire face à des fluctuations temporaires.
Tout est néanmoins question de définition car, quelques jours plus tôt, son gouvernement a annoncé la construction, en 2014, d'un millier de kilomètres de rail de plus que l'année précédente, une accélération de la réfection de quartiers délabrés ainsi qu'un allègement de la fiscalité des PME, autant de mesures qui doivent donner un coup de pouce à la croissance chinoise.