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Crise agroalimentaire : deux ministres attendus de pied ferme en Bretagne
Mis à jour le 08/11/2013 à 06:32 - Publié le 08/11/2013 à 06:00
Guillaume Garot ( à gauche) et Stéphane Le Foll se déplacent ce vendredi à Rennes.
Les ministres de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, et de l'Agroalimentaire, Guillaume Garot, se rendent en Bretagne où l'industrie agroalimentaire traverse une crise sans précédent, suscitant la colère de centaines de travailleurs victimes de restructurations.
Les ministres de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, et de l'Agroalimentaire, Guillaume Garot, sont attendus de pied ferme ce vendredi en Bretagne où l'industrie agroalimentaire traverse une crise sans précédent, suscitant la colère de centaines de travailleurs victimes de restructurations. Entre plans sociaux et destructions de portiques écotaxe, Stéphane Le Foll, un Sarthois restant très attaché à ses origines bretonnes, est confronté dans la région à un climat explosif comme il en a rarement connu depuis son arrivée au ministère en mai 2012.
La matinée organisée par la Banque publique d'investissement (BPI) s'inscrit dans l'élaboration du «Pacte d'avenir pour la Bretagne» qui doit aider la région à se relever. Les ministres déjeuneront ensuite avec les représentants des organisations syndicales régionales puis rencontreront les organisations professionnelles agricoles.
Entre le volailler Doux (971 suppressions d'emploi) fin 2012, le volailler Tilly-Sabco où 300 emplois sur 340 sont menacés en janvier 2014 et la société d'abattage/transformation Gad SAS qui a supprimé 889 emplois, l'agroalimentaire breton est confronté à une crise économique et sociale, amplifiée par celle de son agriculture qui peine à trouver le bon modèle pour faire face à la concurrence étrangère. Les deux secteurs représentent environ un tiers des emplois de la région.
L'écotaxe poids lourds, que le gouvernement a provisoirement suspendue, a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, d'où des manifestations parfois violentes dans le Finistère, département le plus fragilisé par les récentes suppressions d'emplois comme chez le groupe norvégien Marine Harvest qui va supprimer 300 emplois à Poullaouen.
Un département que les ministres ont choisi d'éviter, toutes les réunions étant programmées à la préfecture de Région, à Rennes. «J'aurais aimé qu'il (M. Le Foll, NDLR) vienne à Poullaouen pour parler avec lui du vrai problème de la Bretagne et des réponses concrètes qu'il doit apporter très rapidement», a déclaré à l'AFP Christian Troadec, maire DVG de Carhaix et porte-parole du collectif «Vivre, travailler et décider en Bretagne» qui mène la fronde contre l'écotaxe avec les «Bonnets rouges». Selon lui, le ministre «regarde l'incendie de loin».
Vendredi, c'est dans un climat un peu plus apaisé que les ministres se rendent à la préfecture, où depuis mardi des réunions sont organisées sur le Pacte d'avenir avec les acteurs économiques, sociaux, politiques et institutionnels.
Enorme problème de compétitivité
Dans la matinée, outre les ministres, seront présents à la réunion organisée par la BPI des représentants de la région, des entrepreneurs ayant bénéficié des aides de la BPI mais aussi l'Association bretonne des entreprises agroalimentaires (Abea). L'association fera trois demandes, a expliqué à l'AFP Jean-Luc Cade, directeur général de l'Abea.
La première a trait à la situation des entreprises concernées par la volaille grand export (Doux, Tilly-Sabco), mises à mal par l'arrêt des subventions européennes à l'exportation. Selon le Collectif avicole français (CAF), l'arrêt de ces aides condamne «à court terme» les 4000 emplois directs de la filière export volaille française.
«Ca ne passera pas pour les deux entreprises. On demande au gouvernement d'accompagner les dirigeants au niveau de Bruxelles», explique M. Cade. La Commission européenne a campé cette semaine sur sa décision de cesser de subventionner les exportations de volaille, mais a proposé de recevoir le 22 novembre les volaillers de Bretagne.
C'est aussi au niveau de l'Union européenne que l'association va demander au gouvernement de se battre, cette fois pour faire cesser «l'énorme problème de compétitivité» subi par les entreprises agroalimentaires françaises productrices de volaille et de porc face à des pays européens qui utilisent en toute légalité une main d'oeuvre à bas coût.
«Il faut revoir au moins quelques règlements européens qui permettent à des pays comme l'Allemagne d'embaucher de la main d'oeuvre au prix du pays d'origine», ce qui est interdit en France, a dit M. Cade. «Il faut un engagement de notre gouvernement à porter au plus haut ces problèmes-là», a-t-il dit.
A plus longue échéance, l'association va demander des aides pour les autres entreprises agroalimentaires de la région qui «ont besoin d'améliorer leur compétitivité», des aides qui permettront d'améliorer leur logistique ou encore de se moderniser.