Le Monde.fr avec AFP | 10.03.2014 à 21h13 • Mis à jour le 11.03.2014 à 10h02
Le 27 février, Jean-Yves Le Drian a demandé l'ouverture d'une enquête interne au ministère de la défense sur les violences sexuelles et les cas de harcèlement commis à l'encontre des femmes dans les armées françaises.
Le tribunal administratif de Nantes a suspendu en référé la démission d'une stagiaire de l'armée, contrainte au départ après avoir porté plainte contre un sergent qui l'avait filmée sous sa douche, a indiqué lundi 10 mars l'avocat de la stagiaire.
La jeune femme, qui suivait une formation d'agent de restauration au centre militaire de formation professionnelle de Fontenay-le-Comte (Vendée), avait porté plainte le 20 novembre dernier après avoir été filmée par un sergent à son insu, alors qu'elle prenait sa douche après son service. « Les casernements étant malheureusement mixtes », ce dernier a « passé un téléphone portable entre le bas de la cabine et le sol », a expliqué son avocat.
La jeune femme de 25 ans, stagiaire volontaire du service militaire adapté, soutient avoir été contrainte de demander la résiliation de son contrat de dix mois au sein de l'armée pour convenances personnelles en représailles à son dépôt de plainte, note le tribunal administratif dans son ordonnance du 28 février.
« POUR VOUS, C'EST TERMINÉ »
Elle affirme qu'il lui a été « demandé de présenter une demande de résiliation de son contrat selon un modèle qui lui a été fourni, sous la menace d'être considérée comme en situation de désertion », poursuit le texte.
« A croire que c'était moi qui étais coupable de quelque chose, je n'ai senti à aucun moment que j'étais soutenue, a témoigné la jeune femme. Ils ont commencé par me demander si ça ne me dérangeait pas de démissionner mais je leur ai fait clairement comprendre que je resterai. »
Elle a ensuite été convoquée le 20 décembre « dans le bureau du colonel, où il [lui] a dit : “Pour vous c'est terminé, pour le bien-être de la formation, des élèves, des formateurs” ».
La stagiaire avait saisi la justice administrative le 7 février pour réclamer la suspension de la résiliation de son contrat. « On a fait pression pour qu'elle démissionne », a affirmé son avocat. « Elle aurait dû être protégée, et on lui dit “c'est toi qui t'en vas” », a-t-il dénoncé.
Le 27 février, Jean-Yves Le Drian a demandé l'ouverture d'une enquête interne au ministère de la défense sur les violences sexuelles et les cas de harcèlement commis à l'encontre de femmes dans les armées françaises. Cette enquête fait suite à la publication, le même jour, d'un livre intitulé La Guerre invisible, qui évoque une quarantaine de cas de ce type survenus ces dernières années.
Lire : Violences sexuelles dans l'armée : Le Drian veut « rompre la loi du silence »
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La décision du tribunal administratif de Nantes est provisoire, a souligné Me Delacharlerie, l'affaire devant encore être jugée au fond par le tribunal administratif.