Le Monde.fr | 05.03.2014 à 22h19 | Par Françoise Fressoz
Pierre Moscovici, ministre de l'économie et des finances, le 18 juillet à Bercy.
En dépit du rappel à l'ordre de Bruxelles, Pierre Moscovici n'a pas l'intention de durcir la conduite de la politique économique. « La France, depuis 2012, est sur une trajectoire de redressement », a affirmé le ministre de l'économie, invité mercredi 5 mars de l'émission « Questions d'info » sur LCP en partenariat avec Le Monde, France Info et l'AFP.
La Commission européenne a placé la France, comme l'Espagne et l'Irlande, sous « surveillance renforcée » pour son manque de compétitivité, le niveau de sa dette et de ses déficits. Le ministre refuse de le prendre pour un camouflet. « La France, ce n'est pas n'importe quelle économie. C'est la deuxième économie de la zone euro, c'est un pays qui a retrouvé la croissance, sur un rythme de 1 % par an, que je souhaite voir se développer au-delà », réagit-il en fustigeant une « forme de “french-bashing” ».
Assurant que le gouvernement n'allait pas tenter de négocier un délai supplémentaire avec Bruxelles pour ramener son déficit public en dessous de 3 % du PIB, Pierre Moscovici a indiqué que « des outils [avaient] été mis en place pour gérer les aléas », telle une réserve de précaution de 7 milliards d'euros. « Si, le 31 mars, il apparaît que le déficit budgétaire de 2013 est supérieur aux prévisions », elle sera actionnée. En clair, des crédits seront annulés pour contenir la dérive de 2014.
« JE SUIS TOTALEMENT À MA TÂCHE »
Pour tenter de crédibiliser la politique budgétaire, le ministre de l'économie table sur une croissance plus élevée que prévu. La Commission européenne prévoit cette année 1 % de croissance en France, 1,7 % en 2015, 2 % au-delà. « Nous avons un potentiel de croissance bien supérieur », rétorque Piere Moscovici en faisant valoir que, dans le pacte de responsabilité qui sera finalisé à la fin de mars, « il y a des gisements d'investissements qui peuvent représenter un surcroit de croissance » qu'il chiffre autour de « 0,4 à 0,5 point par an ».
Pierre Moscovici insiste aussi sur les 50 milliards d'euros d'économies prévues d'ici à 2017. « Les arbitrages qui permettent de donner une réponse globale seront faits d'ici à la fin du mois », assure-t-il. Le programme de stabilité sera présenté au Parlement le 15 avril, discuté avec Bruxelles et adopté à la fin de juin.
Interrogé sur son avenir au gouvernement, le ministre de l'économie a répondu qu'« un jour peut-être [il serait] heureux de servir dans des institutions internationales ou européennes ». « [Mais] aujourd'hui, je suis totalement à ma tâche, et j'aime ce que je fais. »
Réagissant à l'affaire Buisson, il s'est déclaré « stupéfait » que l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy qui l'a enregistré à son insu, « ait pu être introduit » par l'ancien chef de l'Etat dans « le saint des saints de la République ». « C'est le genre de personnage qu'il ne faut pas mettre à l'Elysée pour des raisons politiques et morales », a-t-il fait valoir en soulignant le profil « monarchiste, pas modéré, maurrassien » de Patrick Buisson.