Le Monde.fr avec AFP | 11.02.2014 à 10h58 • Mis à jour le 11.02.2014 à 11h11
Surnommé « Terminator » par ses victimes, l'ex-général congolais Bosco Ntaganda a eu un « rôle central » dans les crimes « ethniques » commis dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) en 2002 et 2003, notamment le viol d'enfants-soldats, a accusé lundi 10 février la procureure de la Cour pénale internationale (CPI).
Evoquant une ancienne enfant soldat, la procureure Fatou Bensouda a affirmé, lors d'une audience consacrée à la confirmation des charges, que la jeune recrue « a[vait] été violée de manière répétée durant sa formation » : « Les soldats venaient parfois par groupes de trois. » Bosco Ntaganda est également soupçonné d'avoir lui-même violé et réduit en esclavage sexuel des jeunes filles de moins de 15 ans. Ces actes étaient un « message officiel d'approbation » pour ses soldats, qui violaient les jeunes filles « sous la menace de la mort », selon le document contenant les charges contre celui qui s'était livré volontairement à la CPI en mars 2013.
Lire le décryptage : Pourquoi le général congolais Bosco Ntaganda se livre à la justice
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2013/03/20/pourquoi-le-general-congolais-bosco-ntaganda-se-livre-a-la-justice_1850854_3212.html
M. Ntaganda doit répondre de crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis par les Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), dont il était le chef militaire. Milice à prédominance Hema, les FPLC combattaient principalement l'ethnie rivale Lendu pour le contrôle de l'Ituri, région riche en ressources naturelles, notamment en or, et en proie à des violences ayant fait quelque 60 000 morts depuis 1999.
PERSÉCUTION DE CIVILS
Pour la procureure : « Bosco Ntaganda et l'UPC-FPLC ont persécuté des civils sur des bases ethniques. » La chambre préliminaire de la CPI doit décider du renvoi ou non de l'affaire devant une chambre de première instance qui sera chargée du procès proprement dit.
Ancien général des forces gouvernementales de République démocratique du Congo (RDC) devenu chef militaire du M23 avant d'être écarté, Bosco Ntaganda est considéré comme l'un des plus violents chefs de guerre de l'est de la RDC ces quinze dernières années. Il risque la réclusion à perpétuité s'il est reconnu coupable des charges retenues contre lui. Il n'a pas encore indiqué comment il entendait plaider.
Lire le compte-rendu : Bosco Ntaganda répond devant la CPI d’une partie de ses crimes au Congo
http://www.lemonde.fr/europe/article/2013/03/26/bosco-ntaganda-repond-devant-la-cpi-d-une-partie-de-ses-crimes-au-congo_3147899_3214.html
Alors qu'il était un des chefs de guerre les plus recherchés de la région des Grands Lacs, Bosco Ntaganda, 41 ans, avait été en mars 2013 le premier à se livrer à la CPI, où quatre autres Africains sont écroués. Celui qui a vécu par les armes au sein de nombreuses milices, et même un temps comme général de l'armée congolaise, faisait l'objet de deux mandats d'arrêt.
A ce jour, la CPI, qui a été officiellement créée en juillet 2002, n'a prononcé qu'une seule condamnation, visant un autre chef de guerre de la République démocratique du Congo, Thomas Lubanga ; lequel a écopé en 2012 d'une peine de quatorze ans de réclusion pour avoir enrôlé des enfants.