Le Monde.fr avec AFP | 06.02.2014 à 23h02 • Mis à jour le 07.02.2014 à 10h10
Florian Philippot (Front national) et Manuel Valls, ministre de l'intérieur, jeudi 6 février sur le plateau de "Des paroles et des actes".
Le ministre de l'intérieur, Manuel Valls, a démenti toute « culture d'impunité » du gouvernement vis-à-vis de la délinquance, lors de l'émission de France 2 « Des paroles et des actes » (DPDA) jeudi 6 février. Au député UMP Eric Ciotti, qui l'accusait de ne pas apporter de « réponse pénale », M. Valls a exhibé un graphique selon lequel il y avait eu « autour de 60 000 » personnes écrouées en 2011 sous la droite, puis une « augmentation » en 2012, avant d'atteindre 67 738 écrous en 2013.
Le ministre a vivement défendu la politique de la ministre de la justice, Christiane Taubira, et sa future réforme pénale qui « vise la récidive ». « On punit plus ou mieux ? C'est un débat », a dit M. Valls. « Il faut lutter contre la récidive [et] j'assume le fait qu'une politique de sécurité se fait sur la base du droit. » Alors que 13 700 postes ont été « supprimés » en cinq ans sous le gouvernement de droite, a aussi noté le ministre, « nous avons arrêté cette hémorragie, nous créons tous les ans 500 postes de policiers et de gendarmes ».
Lire : Délinquance : la méthode Valls mise à l'épreuve
http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/01/23/delinquance-la-methode-valls-mise-a-l-epreuve_4353006_3224.html
Dans la même émission, le numéro deux du Front national, Florian Philippot, a accusé Manuel Valls d'avoir tenu dans le passé des propos racistes, s'attirant une vive réponse du ministre de l'intérieur, qui l'a interrogé sur « l'antisémitisme » de Dieudonné, et a insisté sur les « fréquentations » par la famille Le Pen de l'humoriste, ainsi que de l'essayiste d'extrême droite Alain Soral.
Sur ce sujet, M. Valls a aussi fait valoir que « le racisme et l'antisémitisme [étaient] des délits qui devaient être condamnés par la loi », avant de poursuivre par un lapsus : « Depuis qu'il y a eu l'interdiction du Conseil d'Etat, ce personnage ne peut plus proférer dans ses spectacles les mêmes propos. Donc si c'était à refaire, je ne le referais pas. »
Cote de popularité en baisse
Le ministre de l'intérieur, dont la cote de popularité est en baisse, a aussi reconnu « regarder les sondages avec intérêt ». Mais il faut les regarder « dans le temps long », a-t-il plaidé, en disant être aujourd'hui au même niveau qu'« il y a un an, ou six mois ». Citant le mythe de Narcisse qui, à force de regarder son reflet dans l'eau, a fini par se noyer, Manuel Valls a ajouté : « Je ne peux pas regarder les sondages en permanence. »
Interrogé sur sa présence médiatique, que certains jugent excessive, il l'a imputée à sa fonction et aux évolutions du monde des médias. « Mes fonctions m'amènent à être sur le devant de la scène », à la télévision, à l'Assemblée nationale… « mais aussi sur le terrain ». « On est dans un système qui vous oblige à vous démultiplier » avec de nombreuses chaînes d'info en continu et le développement d'Internet, a-t-il également plaidé, en assurant que la politique comportait aussi un travail de « pédagogie ».
Populaire depuis sa prise de fonction, Manuel Valls n'en enregistre pas moins une chute dans plusieurs instituts de sondages en ce début d'année : moins 9 points à 48 % d'opinions positives chez Harris Interactive, moins 6 points (49 %) dans le baromètre mensuel BVA (20 janvier), moins 7 points (31 %) pour l'institut YouGov.
L'intérieur plutôt que Matignon
Sur ses ambitions supposées pour remplacer le premier ministre Jean-Marc Ayrault, Manuel Valls a par ailleurs déclaré vouloir « continuer à la tête du ministère [de l'intérieur] ». « Je serai jugé dans la durée », a-t-il déclaré, estimant que « vingt mois, ce n'est pas suffisant ». Il a assuré avoir pour le premier ministre « un profond respect ». « Nous travaillons sous son autorité », « ensemble », a-t-il précisé. « Je me battrai pour la réussite de ce quinquennat de François Hollande », a-t-il aussi ajouté, souhaitant une réélection de la gauche en 2017.
Lundi, au lendemain d'une nouvelle démonstration de force de la Manif pour tous contre le projet de loi sur la famille, Manuel Valls avait été le premier à annoncer que « le gouvernement s'opposera[it] à des amendements sur la GPA ou la PMA », prenant de cours l'exécutif. M. Ayrault a toutefois assuré, jeudi sur France 2, qu'il n'y avait aucun problème avec le ministre, qui « fait très bien son travail ».
Démenti sur l'identification de sources du « Figaro »
Interrogé enfin sur le fait que son ministère aurait demandé une identification des sources d'un journaliste du Figaro, il a de nouveau démenti : c'est « totalement contraire à mon éthique » et « celle du gouvernement ». « Je soutiens le texte de loi sur la protection des sources des journalistes (…) On laisse la presse travailler (...), j'ai autre chose à faire qu'à détecter des fuites, je ne veux pas perdre mon temps, c'est sur les résultats que l'on va me juger. »
Lire : Le ministère de l'intérieur dément rechercher les sources d'un journaliste du « Figaro »
http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2014/02/05/le-ministere-de-l-interieur-dement-rechercher-les-sources-d-un-journaliste-du-figaro_4360717_3236.html