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Hollande au Brésil pour réchauffer les liens
Publié le 12 décembre 2013 à 15:34
François Hollande accueilli par Dilma Rousseff à Brasilia le 12 décembre. A gauche, le ministre brésilien des Affaires étrangères, Luiz Fernando Figueiredo.
Les relations diplomatiques se sont distendues ces dernières années entre Paris et Brasilia, même si les liens économiques se resserrent. Le dossier du Rafale reste toutefois enlisé.
Le président français François Hollande a entamé jeudi à Brasilia une visite d’État de deux jours au Brésil pour renforcer les liens économiques déjà intenses et réchauffer une relation politique un peu distendue. Accompagné de la fine fleur du patronat français, François Hollande a été accueilli en fin de matinée au Palais présidentiel du Planalto par la présidente Dilma Rousseff. Dans l’après-midi, il doit rencontrer son prédécesseur Lula.
Dès son arrivée dans la capitale brésilienne, le président Français s’est rendu sur le chantier du nouveau lycée franco-brésilien François Mitterrand, qui accueillera 800 élèves. Sollicité par la presse, Hollande, qui a effectué une visite éclair mardi à Bangui après la mort de deux soldats français, a brièvement évoqué la situation dans la capitale centrafricaine :
«La nuit a été calme, la situation progressivement est sécurisée mais enfin, il faut être très attentifs, prudents, vigilants et faire le désarmement jusqu’au bout», a déclaré le chef de l’Etat qui suit heure par heure le développement de l’intervention française dans ce pays lancée le 6 décembre.
Il a également participé à une rencontre avec des chefs d’entreprises. Le président français se rendra dans la soirée à Sao Paulo, le cœur de la première économie d’Amérique latine, où il rencontrera vendredi des industriels brésiliens, avant de conclure sa visite par un crochet en Guyane française.
Cette visite intervient un an après celle de Dilma Rousseff à Paris. Elle vise à
«conforter le partenariat stratégique» bilatéral, selon l’Élysée qui se félicite d'
«une pente ascendante» dans les échanges commerciaux et les investissements entre les deux pays.
«La France est l’un des principaux partenaires du Brésil. Nous avons avec très peu de pays ce niveau de coopération», souligne un responsable du ministère brésilien des Affaires étrangères.
La France est le cinquième investisseur étranger (en stock) au Brésil, septième économie mondiale avec 200 millions d’habitants, où 500 à 600 entreprises françaises sont implantées. Plusieurs contrats, déjà connus, seront signés à l’occasion de ce déplacement : un concerne l’engagement de la compagnie Total sur l’immense champ pétrolifère en mer de Libra, un autre la fourniture d’un satellite de télécommunication à usage civil et militaire par Thalès et Arianespace (d’un montant de 400 millions d’euros) et un troisième, de plus d’un milliard d’euros, la construction par Areva d’un troisième réacteur à la centrale nucléaire d’Angra.
Pas d'avancée pour le Rafale
Rien de nouveau a priori à attendre sur le délicat dossier du Rafale à l’approche de 2014, année des élections générales au Brésil. L’avion de combat français de Dassault-aviation est en compétition avec le F/A-18 Super Hornet de l’Américain Boeing et le Gripen NG du Suédois Saab pour un appel d’offres brésilien portant sur 36 avions de chasse, un contrat de plus de cinq milliards de dollars. Eric Trappier, PDG du groupe, fait partie de la délégation de chefs d’entreprise accompagnant le chef de l’Etat qui comptera également les présidents de Total, Areva, Alstom, Eurocopter, Arianespace, GDF Suez ou encore Carrefour.
Cette visite offre aussi l’occasion de tenter d’aplanir certains différends diplomatiques. La lune de miel Lula-Nicolas Sarkozy avait tourné court lorsque l’ancien président français avait sèchement rejeté une initiative turco-brésilienne sur le nucléaire iranien. L’arrivée au pouvoir des socialistes français, pourtant proches du Parti des travailleurs brésilien, au pouvoir, n’a pas suffi à arrondir les angles.
François Hollande devrait évoquer l’intervention française en Centrafrique avec la présidente brésilienne qui, il y a un an, au moment où la France s’engageait au Mali, avait exprimé ses préventions contre
«les vieilles tentations coloniales». Les Brésiliens ont également peu apprécié le récent soutien français au candidat mexicain à la présidence de l’OMC, finalement attribuée au fin négociateur brésilien Roberto Azevedo.
«C’est vrai qu’une certaine distance s’est créée», reconnaît une source gouvernementale brésilienne interrogée par l’AFP. Cela n’empêche pas les diplomates brésiliens d’espérer un dialogue fructueux sur les
«importantes» négociations à venir autour d’un traité de libre-échange UE-Mercosur.
«Nous faisons des efforts pour présenter une offre ambitieuse et nous espérons que les Européens feront de même», notamment sur l’agriculture, souligne-t-on coté brésilien.
Par ailleurs, à six mois du Mondial-2014, le président français, grand amateur de football, remettra la Légion d’honneur à l’ex-international brésilien Rai Souza Vieira de Oliveira, figure du Paris Saint-Germain dans les années 90, aujourd’hui engagé dans la cause de l’éducation des enfants.