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Syrie : des rebelles enlèvent douze religieuses, le Pape lance un appel
Publié le 04.12.2013, 12h49 | Mise à jour : 19h22
Le monastère chrétien orthodoxe de Mar Takla (ici en septembre 2013) a été la cible d'une attaque de rebelles syriens qui ont enlevé, lundi, douze religieuses.
Leur sort préoccupe le Saint-Siège. Ce mercredi, le pape François a lancé un appel pour douze religieuses capturées lundi en Syrie par des rebelles, ainsi que pour «toutes les personnes enlevées en raison du conflit» dans ce pays. «Nous prions pour ces sœurs et pour toutes les personnes enlevées en raison du conflit. Continuons à prier et à opérer ensemble pour la paix», a imploré le pape. Ces religieuses s'ajoutent à la liste des otages occidentaux retenus en Syrie, à l'image de quatre journalistes Français.
Les sœurs greco-orthodoxes résidaient dans le couvent de Mar Takla, à Maaoula, bourgade à majorité chrétienne, au nord-est de Damas. Dans la nuit du 2 décembre, Maaloula a été la cible des djihadistes du Front Al-Nosra. Ces derniers se sont emparés de la ville, en lançant, du haut d'une falaise, des pneus remplis d'explosifs, selon l'AFP, sur les forces du régime déployées en contrebas de la cité.
Sur les 40 religieuses qui résidaient au couvent, douze ont été emmenées de force par des hommes dont on ignore l'identité. Elles seraient aux mains des rebelles, dans une maison située dans la ville de Yabroud. Le quotidien Al-Watan estime que les rebelles souhaitent utiliser les femmes «comme bouclier humains». Une information à prendre néanmoins avec précaution, en raison de la proximité du journal avec le régime de Bachar Al-Assad, opposé aux rebelles.
Les chrétiens de Syrie, des cibles pour certains groupes sectaires
L'attaque de Maaloula, ville des montagnes déjà prise d'assaut début septembre, rappelle le sort d'autres villes chrétiennes en Syrie. Les chrétiens de Syrie, 5% de la population avant le début du conflit syrien en 2011, sont «vulnérables», précise l'expert Fabrice Balanche, directeur du Groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient, spécialiste de la Syrie.
«Beaucoup de villes chrétiennes ont été assiégées par des rebelles, sans qu'on l'évoque réellement. A la différence des Alaouites ou des Druzes, qui ont des armées de défense, les chrétiens sont isolés et très vulnérables. Ils sont basés dans des villages très dispersés sur le territoire syrien, au milieu des campagnes».
Les chrétiens ont en conséquence largement migré sur le territoire syrien, quittant leurs villages «pour Damas, la côte Syrienne - à majorité alaouite, qui a de bonnes relations avec les chrétiens -ou à l'étranger», explique Fabrice Balanche. Cette année, deux évêques orthodoxes, plusieurs prêtres, dont le jésuite italien Paolo Dall'Oglio, ont été enlevés par des groupes armés souvent liés aux islamistes. Leur sort reste incertain.
En octobre dernier, le cadavre horriblement supplicié d'un prêtre grec orthodoxe, le père Fadi Jamil Haddad, capturé par un groupe armé, avait été retrouvé au nord de Damas.
Ascension des djihadistes et d'Al-Nosra
Ayman al-Zawahri, le chef du réseau terroriste Al Qaeda, la qualifie de «terre prometteuse». La Syrie, embourbée dans un chaos qui a déjà fait 126 000 morts, devenue zone de non droit pour de nombreux pays de la communauté internationale, devient un bastion pour les djihadistes. Parmi eux, le Front Al-Nosra, radical, se renforce jour après jour. «Né en Irak dans le cadre de la lutte contre les Américains après l'intervention (de 2003), Al Nosra a toujours eu dans ses rangs des combattants Syriens. Lorsque la guerre en Syrie a démarré, les combattants d'Irak ont rejoint les Syriens (majoritaires au sein d'Al-Nosra), mais aussi des combattants d'autres pays (Tchétchénie, Turquie...)», détaille Fabrice Balanche.
Doté d'une forte idéologie salafiste, Al-Nosra souhaite «une imposition de la charia et l'éliminaiton des minorités religieuses», assure Fabrice Balanche. Financièrement, ces derniers sont «largement sponsorisés par des personnes des Etats du Golfe, comme l'Arabie Saoudite. Ce ne sont pas les gouvernements mais des sponsors privés comme des Cheick»
Selon le New York Times, plusieurs observateurs américains estiment que le chaos qui règne en Syrie devrait amener le président des Etats-Unis, Barack Obama, à opter pour une position plus active dans la lutte contre cette menace rebelle. «Nous devrions reprendre les discussions avec Bachar Al-Assad», pourtant soupçonné de crimes de guerre, estime pour sa part un ex-diplomate américain, Ryan C. Crocker, dans les colonnes du journal.