Jamel Administrateur
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| Sujet: Ukraine : les manifestants font le siège du gouvernement Mar 3 Déc - 11:55 | |
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Ukraine : les manifestants font le siège du gouvernement
Mis à jour le 02/12/2013 à 23:32 - Publié le 02/12/2013 à 20:15
Des Ukrainiens proeuropéens manifestent, lundi soir à Kiev, place Maïdan. REPORTAGE - Les opposants, qui se radicalisent de jour en jour, veulent forcer le pouvoir à la démission.
Vingt-quatre heures après des manifestations qui ont rassemblé près de 300.000 personnes, la révolution s'organise à Kiev. On ne saurait comment définir autrement l'atmosphère contestataire qui s'est installée dans la capitale ukrainienne, trois jours après que le président Viktor Ianoukovitch a refusé de signer un accord d'association et de libre-échange avec l'Europe. La place Maïdan, qui a servi durant une semaine de point de ralliement aux manifestants proeuropéens, s'est transformée en camp retranché dont l'accès est sommairement filtré. La circulation automobile est bloquée aux alentours. Depuis qu'ils en ont été délogés samedi à la suite d'un raid policier controversé, les opposants ont repris le contrôle de ce centre névralgique de la capitale. Des barricades faites de planches de bois et de sapins artificiels ont été érigées, tout comme des grandes tentes de toiles, de l'autre côté de l'avenue Krechatik, en face de l'obélisque. Lundi soir, une nouvelle nuit de contestation commence, alors que le mercure chute. Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont rassemblées. Devant la Maison des syndicats, située sur la place Maïdan, et dont l'opposition a désormais pris possession, des volontaires distribuent des vêtements chauds. À l'intérieur, on sert des sandwichs et des soupes fumantes. Ilias, un étudiant originaire de Simferopol, une grande ville pro-russe située au sud-est de l'Ukraine, se fait poser un bandage de fortune autour de la tête. La veille, ce jeune homme de 22 ans qui étudie à Kiev, s'est retrouvé au centre des affrontements. «J'ai reçu une pierre ou un coup de matraque, je ne sais pas vraiment», explique Ilias, qui s'est rendu ici après une brève halte à l'hôpital. Depuis cet épisode malheureux, l'étudiant emporte avec lui, dans un sac en plastique, un casque noir qu'un ami lui a prêté, en prévision de futurs affrontements. Deux étages plus haut, dans le même bâtiment, on visite un centre médical improvisé. Dans les couloirs, des manifestants se reposent des événements de la veille. Certains dorment dans les couloirs, emmitouflés dans des couvertures, dont la tête dépasse à peine. Des matelas de fortune jonchent le sol. Un manifestant se fait également poser un bandage, à la cuisse cette fois. Il est 19 heures, et depuis le début de la journée, 43 personnes ont sollicité une aide médicale, selon un décompte scrupuleux établi par les volontaires. Dans la salle de presse de la Maison des syndicats, les médicaments s'entassent, principalement des désinfectants. «Nous manquons de pansements et de pommades, heureusement qu'une pharmacie française nous a aidés», sourit Elena, un médecin qui travaille dans une ONG ukrainienne. Ici, les volontaires se relaient jour et nuit. «Nous resterons ici jusqu'à la victoire», poursuit Elena. La victoire? La démission du premier ministre Mykola Azarov, celle ensuite du chef de l'État, Viktor Ianoukovitch, ainsi que la signature de l'accord d'association avec Bruxelles. «L'un et l'autre», insiste le médecin. C'est aussi la revendication de Viatcheslav, un entrepreneur de 62 ans résidant à Kharkiv, une autre ville pro-russe située à l'est de l'Ukraine, où l'opposante Ioulia Timochenko purge sa peine de prison. «Quand on voit que les policiers frappent des enfants, on ne peut pas rester les bras croisés», ajoute ce dernier, qui est arrivé à Kiev il y a trois jours pour participer aux manifestations. Hier centrale dans les rassemblements de la place Maïdan, la revendication d'intégration européenne se mélange désormais à une critique radicale du régime en place, celui instauré par le chef de l'État. «Des bandits», tel est le qualificatif qui revient le plus souvent, en référence au système oligarchique qui s'est renforcé depuis l'arrivée au pouvoir de Viktor Ianoukovitch, nourri de la collusion étroite entre pouvoir politique et économique - à l'image du modèle russe - et dont la famille du président est accusée de profiter. Plus les jours passent à Kiev, plus la crise s'approfondit. | |
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