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La justice française sur la piste des tueurs de Kidal
Mis à jour le 13/11/2013 à 23:58 - Publié le 13/11/2013 à 21:25
François Molins, procureur de la tépublique de Paris, lors de la conférence de presse, le 13 novembre.
Dans l'affaire des journalistes de RFI tués, le procureur de la République de Paris privilégie la thèse d'un enlèvement qui aurait mal tourné et désigne un Touareg lié à Aqmi.
La justice française privilégie la piste de l'enlèvement raté, pour expliquer l'assassinat des deux journalistes de RFI à Kidal, le 2 novembre. Les soupçons du procureur de la République de Paris, François Molins, chargé de l'enquête, s'appuient «sur des témoignages et les investigations techniques», a-t-il insisté mercredi. Ainsi, le pick-up utilisé par les ravisseurs a été retrouvé par les militaires français «hors d'état de marche». «Il souffrait d'une importante avarie moteur». Les kidnappeurs auraient alors décidé de continuer leur route à pied. «Il y a, dès lors, deux hypothèses: soit les otages ont tenté de profiter de la situation pour fuir et ont été abattus ; soit les ravisseurs n'ont pas voulu s'encombrer de leurs captifs et ont décidé de les assassiner. C'est malheureusement quelque chose que nous avons déjà vu avec ces groupes», a détaillé François Molins.
L'autopsie des corps des deux envoyés spéciaux, découverts à 40 mètres du Toyota, n'a pas permis d'en savoir plus. Ghislaine Dupont a été touchée de trois balles, une dans la tête et deux autres dans la poitrine. Claude Verlon a été tué par sept projectiles dans le dos. «Aucun tir n'a été fait à bout touchant».
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«Un coup de feu a été tiré en l'air avant que deux autres ravisseurs n'obligent les journalistes à monter dans le pick-up, qui a pris la fuite. Cela a été très rapide.»
François Molins _______________________________________________________________________________________________________________
Les sept enquêteurs français ont pu reconstituer le scénario de l'enlèvement. L'après-midi du 2 novembre, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, arrivés à Kidal le 29 octobre, sortent d'un entretien avec Emberry ag Ghissa, un cadre du MNLA (Mouvement touareg autonomiste). À la sortie, ils montent dans leur voiture quand un pick-up vient se ranger à leurs côtés, avec quatre personnes à bord. «Un homme sur la plate-forme du véhicule a alors forcé le chauffeur à se coucher au sol. Puis un coup de feu a été tiré en l'air avant que deux autres ravisseurs n'obligent les journalistes à monter dans le pick-up, qui a pris la fuite. Cela a été très rapide», a expliqué le procureur. Témoin de la scène, Emberry ag Ghissa dit avoir entendu l'un des kidnappeurs appeler son acolyte «El Hassan». Cet homme n'a toujours pas été formellement identifié.
Baye ag Bakabo était déjà connu des autorités maliennes
La fouille du pick-up a en revanche permis de mettre en cause un suspect, un certain Baye ag Bakabo. Une carte de circulation à son nom, délivrée par le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), l'une des organisations touaregs, a été trouvée dans la voiture. Il était par ailleurs connu pour être l'utilisateur du Toyota et avait été vu la veille en train de remplir trois bidons de 140 litres d'essence, eux aussi retrouvés dans le pick-up. Baye ag Bakabo, un touareg de Kidal, issu du clan des Tagat-Malet, est un personnage connu. Il aurait un passé de trafiquant, notamment de voitures volées et de drogues. «Il avait aussi des liens avec Aqmi», a souligné François Molins. Il serait proche de la Katiba Al-Ansar, dirigée par Abdelkrim El-Targui, à laquelle ce parfait connaisseur du désert a servi de guide. Baye ag Bakabo était déjà connu des autorités maliennes.
Les trois autres tueurs n'ont pas été formellement mis en cause. Mais, selon une source malienne, les enquêteurs s'intéressent de près à deux proches de Baya ag Bakabo, notamment à un Touareg, passé par la gendarmerie malienne avant de rejoindre la rébellion en 2011. Comme leur chef, ces deux hommes sont introuvables.