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Les meurtriers des journalistes français au Mali identifiés
Mis à jour le 05/11/2013 à 23:24 - Publié le 05/11/2013 à 21:11
Les cercueils des deux journalistes de RFI tués au Mali sont arrivés, mardi, à l'aéroport de Roissy.
Les enquêteurs sont sur la piste de Touaregs islamistes, sans doute liés aux ravisseurs des otages français récemment libérés.
Les enquêteurs auraient remonté la piste des assassins des deux journalistes français. Selon Le Monde, trois des ravisseurs - sur quatre - ont été identifiés. Ils ne font pas partie des cinq personnes interpellées, dimanche soir, par les militaires français dans un campement touareg à 45 kilomètres de Kidal, sur la route Tin Essako. C'est sur cette même route qu'avaient été découvertes les dépouilles de Claude Verlon et de Ghislaine Dupont. Au total, plus de 35 personnes ont été arrêtées en 48 heures.
Selon une source touarègue, trois des personnes arrêtées sont un père, âgé d'environ 70 ans, et deux de ses fils. Ils n'ont pas de liens directs avec les meurtres, mais des contacts familiaux avec trois des quatre tueurs présumés. Ce sont des documents et une carte téléphonique retrouvés dans la voiture abandonnée par les ravisseurs qui ont permis de faire les rapprochements. Le quotidien affirme que les trois suspects, tous des Touaregs de Kidal, sont connus des services de renseignements français depuis plusieurs mois. L'un est même considéré depuis 2010 comme un proche d'al-Qaida. Ils avaient été interrogés à plusieurs reprises, en mars puis en mai dernier, par les soldats de «Serval». Ils s'étaient présentés d'eux-mêmes aux troupes françaises après avoir fui les zones de combat. Ils avaient été laissés libres et étaient restés à Kidal, comme beaucoup de «petits» combattants touaregs.
Les raisons de l'enlèvement des journalistes ne sont en revanche pas encore claires, mais elles pourraient trouver leurs racines dans le marché ayant conduit à la libération, la semaine dernière, des quatre Français capturés à Arlit. Les ravisseurs seraient en effet des membres du groupe d'Abdkrim el-Targui, la seule katiba d'Aqmi dirigée par un Touareg, mais aussi d'Ansar Dine, un autre mouvement touareg proche d'al-Qaida. Or, après la mort d'Abou Zeid dans un bombardement français, c'est Abdelkrim qui a «récupéré» les «quatre d'Arlit». C'est lui, avec Iyad ag Ghaly, le chef d'Ansar Dine, qui aurait conduit les négociations pour la libération des otages. Les trois assassins présumés peuvent y avoir été associés et avoir nourri certaines frustrations. Autre possibilité: ils pourraient avoir été furieux que certains de leurs proches, détenus depuis un certain temps, n'aient pas été remis en liberté à la faveur de la libération des otages français.
Le président malien «atterré»Ces hommes vivaient à Kidal, dans un bâtiment dépendant du Haut Conseil pour l'unité de l'azawad (HCUA), un parti touareg autonomiste. Or, le HCUA accueille d'anciens membres d'Ansar Dine, à commencer par Alghabass ag Intalla, l'ancien bras droit d'Iyad ag Ghaly. «Il n'y pas beaucoup de doute que le HCUA est le faux nez d'Ansar Dine», affirme un bon connaisseur de la région.
Le ministère français de la Défense ne faisait mardi soir aucun commentaire. Sans vouloir évoquer cette affaire le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, s'est dit «atterré».
Le président malien oscille entre tristesse et colère. «Si les check points avaient été assurés, il en aurait été autrement », déplore-t-il. Environ 200 soldats maliens et 550 Casques bleus sont à Kidal, en plus des forces françaises. Ces dernières ont vu leur effectif renforcé lundi, passant de 200 à 350 hommes. Elles doivent accélérer la sécurisation de la ville et superviser les combattants rebelles touaregs du MNLA, censés être regroupés et désarmés. Or, le cantonnement du MNLA est encore largement fictif. Il leur est toujours possible de circuler librement. Les combattants d'autres groupes armés, ceux du HCUA, sont aussi présents.
Pour le moment, la volonté des autorités nationales de renforcer la présence militaire malienne dans la ville n'est pas évoquée. Un sujet que le président malien n'a pas voulu aborder, sans doute pour ne pas polémiquer en ces funestes circonstances. Mais il ne fait aucun doute que le sujet ressortira très vite. Et l'hypothèse d'une implication de rebelles touaregs soi-disant «cantonnés» à Kidal dans le meurtre des envoyés spéciaux de RFI ne fera que rendre le sujet plus brûlant.
Trois groupes rebelles maliens forment un front uni pour négocier avec Bamako
Le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), le Haut Conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA), des groupes rebelles, ont annoncé lundi leur décision de fusionner. Le front uni ainsi créé devrait présenter des revendications communes dans le cadre du processus de paix en cours avec le gouvernement de Bamako. Cette union qui a fait l'objet d'intenses tractations à Ouagadougou prendra effet dans un mois et demi. Un temps nécessaire «pour expliquer cette décision à nos bases respectives», assurait mardi un cadre du MNLA. Plusieurs observateurs demeuraient circonspects sur les chances de la fusion de perdurer tant les divergences sont grandes entre les chefs de ces mouvements, notamment entre ceux du MNLA et ceux du HCUA, deux groupes touaregs.