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 Pour la première fois, le Lion d'or à Venise récompense un documentaire

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Jamel
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Jamel


Messages : 14896
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MessageSujet: Pour la première fois, le Lion d'or à Venise récompense un documentaire   Pour la première fois, le Lion d'or à Venise récompense un documentaire Icon_minitimeDim 8 Sep - 15:00

WEB - GOOGLE - Culture > Cinéma

Pour la première fois, le Lion d'or à Venise récompense un documentaire

Le 08.09.2013 à 02h56 • Mis à jour le 08.09.2013 à 08h40

Pour la première fois, le Lion d'or à Venise récompense un documentaire 3472986_3_dc05_le-realisateur-italien-gianfranco-rosi-a-gagne_9d500480dd629c1b716b4fe54c9533a4
Le réalisateur italien Gianfranco Rosi a gagné le Lion d'or du Festival de Venise pour son film documentaire "Sacro Gra".

Au diable le consensus ! En attribuant le Lion d'or à Sacro GRA, un documentaire du réalisateur italien Gianfranco Rosi, et le Grand Prix du Jury à Jiaoyou (Stray Dogs) du cinéaste taïwanais Tsai Ming Liang, le jury de la 70e Mostra présidé par Bernardo Bertolucci a couronné deux films aussi réussis qu'orignaux.


Sacro GRA tout d'abord. Dans le petit monde des grands documentaristes, Gianfranco Rosi est loin d'être un inconnu. En 2008, il avait réalisé Below Sea Level (Sous le niveau de la mer), sorte d'immense voyage en solitude chez des marginaux vivant en plein désert au sud-est de Los Angeles.

Ce film formidable avait eu un prix à Venise et avait remporté le Grand Prix du cinéma du réel à Paris. Lui aussi primé à Venise (en 2010), le film suivant de Rosi, El sicario – Room 164, était consacré à un narco-trafiquant mexicain, expert en torture et en kidnapping, ayant à son actif plusieurs centaines de morts.

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Une image de "Sacro GRA" documentaire de Gianfranco Rosi, Lion d'or de la 70e Mostra.

AUTOUR DU PÉRIPHÉRIQUE DE ROME

Retour au pays – même s'il est vrai que Gianfranco Rosi est né à Asmara en Erythrée et qu'il vit à Paris – et changement radical d'ambiance avec Sacro GRA. Nous voici sur le Grande Raccordo Anulare (GRA), cette espèce de grand boulevard périphérique qui contourne Rome. Plus précisément, Rosi nous conduit non pas sur la route mais chez certaines des personnes qui vivent autour de ce gigantesque complexe routier.

Il y a là un botaniste dont le travail consiste à écouter les bruits des larves qui envahissent les palmiers ; un infirmier-ambulancier qui vient au secours des blessés du GRA la nuit ; un pêcheur d'anguille sacrément sympathique et drôle qui connaît le Tibre comme sa poche ; quelques prostituées misérables qui semblent tout droit s'être échappées d'un film de Fellini ; un noble décati qui loue sa demeure à qui veut pourvu que cela lui rapporte quelques euros ; un couple d'intellos, elle constamment penchée sur son ordinateur, lui, parlant sans cesse de tout et n'importe quoi.

KALÉIDOSCOPE DE L'ITALIE D'AUJOURD'HUI

"Lorsque je faisais les repérages de mon film, j'avais emporté avec moi 'Les Villes invisibles' d'Italo Calvino, explique Gianfranco Rosi. C'est un livre sur le voyage évidemment [Marco Polo décrit au grand empereur Kublai Kahn cinquante-cinq villes regroupées en différents thèmes : la mémoire, le désir, le ciel, les morts, etc.], mais aussi sur les relations entre un lieu et ses habitants."

Pari réussi : comme le livre de Calvino, le film de Rosi, l'air de rien, nous fait pénétrer dans l'intimité de ces personnes et, ce faisant, propose un véritable kaléidoscope métaphorique de l'Italie d'aujourd'hui. L'air de rien ? Pas tout à fait. Sacro GRA est un véritable film de cinéma, à la réalisation très sophistiquée et à la photo superbe.

Les scènes tournées dans des appartements, par exemple, ont nécessité des moyens techniques importants, l'emploi de grues en particulier, ce qui permet à Rosi de montrer tout ce qui s'y passe alors même que la caméra reste à l'extérieur. Ce Lion d'or, auquel il faut ajouter le prix d'interprétation féminine attribué à Elena Cotta, la vieille femme de Via Castellana Bandiera, le film d'Emma Dante, devrait mettre du baume au cœur au cinéma italien. Preuve que la qualité finit toujours par payer...

Quant au fait de récompenser par un Lion d'Or un film documentaire, c'est à la fois, sauf erreur, une première pour Venise et, pour le sélectionneur de la Mostra, Alberto Barbera, la confirmation qu'il a eu raison d'accorder une grande place à ce genre cinématographique majeur. Non seulement Rosi, mais aussi Frederick Wiseman, Errol Morris, Alex Gibney et Wang Bing avaient fait cette année le déplacement vénitien avec chacun un nouveau film.

JIAOYOU, SOMPTUEUX ET RADICAL

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Une image de "Stray Dogs" de Tsai Ming Liang, prix du Jury de la 70e Mostra de Venise.

Le grand prix du jury attribué à Jiaoyou récompense un film aussi somptueux que radical. L'accolade entre Tsai Ming Liang et Bernardo Bertolucci sur la scène de la Grande Salle de la Mostra restera certainement comme le moment le plus fort d'une cérémonie par ailleurs très modeste dans son décorum et sa mise en scène.

On n'épiloguera guère sur le reste du palmarès. On se demande bien pourquoi Miss Violence, le film du réalisateur grec Alexandros Avranas, a raflé à lui seul deux récompenses : Lion d'argent de la meilleure réalisation et meilleure interprétation masculine pour Themis Panou. Pour notre part, nous aurions volontiers décerné à cette histoire de violence familiale et de prostitution le Lion de plomb du film le plus lourd.

Deux autres récompenses pour terminer : Tye Sheridan, qui interprète, dans Joe de David Gordon Green, le jeune garçon qui trouve en Nicolas Cage une sorte de père de substitution, se voit logiquement attribué le prix Marcello Marstroianni du meilleur jeune espoir. Quant à Eastern Boys, du Français Robin Campillo, il reçoit le prix Orizzonti du meilleur film.
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