VIDEO. Saint-Jacques-de-Compostelle : pourquoi le train a déraillé
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Jamel Administrateur
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Sujet: VIDEO. Saint-Jacques-de-Compostelle : pourquoi le train a déraillé Jeu 25 Juil - 14:42
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Saint-Jacques-de-Compostelle : pourquoi le train a déraillé
25 juillet 2013 à 11:38
Le train a effectué plusieurs tonneaux. Un wagon a été projeté au-delà des voies. Décryptage
La vitesse trop grande et l'absence de mécanismes automatiques de sécurité sont apparemment à l'origine de la catastrophe de mercredi soir qui a provoqué la mort de 78 personnes en Espagne.
«J’espère qu’il n'y a pas de morts. Sinon, cela me pèsera pour toujours sur la conscience.» Cette prière, c’est un des deux conducteurs du train qui l’adresse, tout de suite après le déraillement de l’Alvia 730 qui rallie Madrid à Ferrol, quatre kilomètres avant d’entrer en gare de Saint-Jacques-de-Compostelle. Coincé dans sa cabine, lègèrement blessé, Francisco José Garzon décroche alors son micro et adresse ce message au chef de gare. Selon le quotidien El País et plusieurs médias de Galice, il lui fait aussi un terrible aveu, celui d’avoir laissé le train avancer à 190 km/heure dans un virage très serré, là où la vitesse est limitée à 80 km/heure –soit plus du double !
Cette négligence humaine, le conducteur la confirme peu après être descendu du train – vers 21 heures – alors même que des dizaines de pompiers tentent d’extraire les cadavres des wagons pulvérisés par le choc contre le mur de bitume qui enserre les rails. «J’ai déraillé, qu’est-ce que je peux faire, qu’est-ce que je peux y faire?», se lamente-t-il alors au téléphone, selon plusieurs témoins signalant la moue catastrophée du conducteur. Depuis, il s’est réfugié dans le silence. Courbe périlleuse
Il faudra attendre l’examen de la boîte noire pour déterminer à quelle vitesse allait le train dans le virage. Mais d’ores et déjà, le témoignage de Francisco José Garzon l’accable. Tout comme ses collègues, celui-ci ne cessait de se plaindre, ces derniers mois, de cette courbe périlleuse puisque, en seulement quelques kilomètres de parcours depuis Madrid, le tracé rectiligne (qui permet d’aller à 200 km/heure) oblige soudainement à jouer sur les freins pour ralentir à 80 km/h.
Chronique d’une tragédie annoncée, ou en tout cas envisagée ? En décembre 2011, lorsque ce train fut inauguré, les techniciens et les passagers – des «officiels» pour la plupart – avaient été parcourus d’un frisson de peur lors de ce virage fatidique, le convoi oscillant de droite et de gauche de façon inquiétante. Depuis, les avertissements n’auraient pas cessé, de la part de certains usagers et des conducteurs, notamment Francisco José Garzon. Selon la Renfe (la SNCF espagnole), la ligne aurait été «l’objet de vérifications techniques» le matin même du drame. Ecartement ibérique
Pire catastrophe en Espagne depuis quarante ans, il s’agit du premier accident ferroviaire sur des voies d’AVE (le TGV espagnol). Il convient cependant d’être plus précis : entre Madrid et Ferrol, au nord de la Galice, les trains passent par des tronçons qui, en alternance, correspondent à des rails pour TGV (standards en Europe), à des rails conventionnels, dits d'«écartement ibérique». Or, précisément, à l’endroit du virage où s’est produit l’accident, le tronçon est ancien, étant donné, explique-t-on à la Renfe, que la cherté des expropriations dans cette zone urbanisée avait poussé les autorités à ne pas rénover la ligne.
Cela veut aussi dire que, sur ce tronçon, la conduite n’est pas soumise à l’ERTMS (European Rail Trafic Management System), qui permet de plafonner automatiquement la vitesse de la locomotive, mais à l’Asfa (Annonce de signaux et freinage automatique, un système espagnol), où le signalement est ponctuel, en fonction de diverses «balises». Or, il n’y a pas de balise sur le tronçon mortel. Autrement dit, au moment d’aborder ce virage très serré, le système automatique n’est d’aucun secours, la vigilance est pleinement humaine. «Humain, humain, nous ne sommes que des humains», se serait aussi lamenté Francisco José Garzon au sortir de la machine, le dos perclus de douleur. Et de se rendre alors compte, en contemplant le panorama apocalyptique, que lui avait eu de la chance.
VIDEO : Une caméra a filmé le déraillement du train
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