«À QUOI JOUE LE MAKHZEN ?»
Posté par Djillali C. le 04 juillet 2013. Le roi du Maroc, clé de voûte du système Makhzen politique hier et aujourd hui.
Depuis longtemps déjà, les Marocains ont opté pour une stratégie d’attaques cycliques réglées contre l’Algérie. Prenant prétexte sur l’ouverture des frontières et le problème du Sahara Occidental, ils déclarent ouvertement les hostilités à l’endroit de notre Pays, recourant à la manipulation des forces politiques, sous couvert de la liberté d’expression.Cependant, depuis un certain temps et notamment la maladie du Président, ces hostilités ont pris des allures de va-t-en-guerre, avec la bénédiction des Pouvoirs politiques en place.
Ainsi, on aura remarqué la montée aux créneaux du Chef du Parti El Istiklal – qui fait partie de la coalition gouvernementale – qui ne dit pas moins qu’il faut que «Le Maroc récupère ses territoires occupés par l’Algérie et en particulier Béchar et Tindouf» Rien que ça. L’agence officielle de presse (MAP) se fait un plaisir de jouer le relais de toutes ses déclarations haineuses. Du côté du Palais royal et du Gouvernement, aucune réaction. Pourtant, les réponses de l’Algérie, tant à travers Medelci que du porte-parole du MAE, Bellani, ont été très fermes, mais respectant les usages protocolaires.
Les médias ne sont pas en reste. Les journaux font la une de leur tirage régulièrement, sur les attaques contre l’Algérie. Ils intoxiquent leur opinion publique, en la conditionnant à la culture de la haine. Sans retenu aucune, le déversement des insultes, d’atteinte à la dignité des Algériens devient coutumier. Et c’est ce qu’on découvre, en parcourant les réseaux sociaux sur la toile, même si la manipulation du Makhzen, n’est pas étrangère.
Par hasard, j’ai zappé sur une chaîne TV marocaine qui présentait une émission sur la contrebande. Illustrant avec des images-choc de produits de première nécessité algériens qui inondaient le marché marocain – on se croirait à Sidi-Bel-Abbès ! – notre Pays est totalement culpabilisé, allant jusqu’à affirmer l’existence d’une stratégie initiée par l’Algérie pour déstabiliser le Maroc. Le même raisonnement est tenu pour le carburant. Montrant des gamins exposant sur les routes des jerrycans proposées à des prix défiant toute concurrence, les met en parallèle avec la déception des propriétaires de stations-service, qui se déclarent ruinés et dont nombreux ont déjà mis les clés sous le paillasson, depuis l’augmentation du prix instauré par l’Etat Marocain. Ce qu’omet de dire l’émission, c’est que l’intégralité des produits objet de la contrebande, sont subventionnés par le Trésor Algérien, ce qui place l’Algérie comme un des plus grands importateurs de produits alimentaires au monde. Ce qu’omet de dire l’émission, c’est que l’économie marocaine et la stabilité sociale sont assurées grâce aux subventions du Trésor qui sont censées être destinées au consommateur national pour lui permettre d’améliorer son pouvoir d’achat.
Ce qu’omet de dire l’émission, c’est que le Maroc vient d’être reconnu par l’ONU comme premier producteur mondial de cannabis, largement devant l’Afghanistan et que sa production est totalement destinée à l’Algérie. Les saisies opérées par les services de sécurité Algériens ne se comptabilisent plus ni en kilogrammes, ni en quintaux, mais en tonnes !
Si l’ouverture des frontières a jusqu’à aujourd’hui divisé les opinions publiques en Algérie et beaucoup moins au Maroc où elle est considérée comme une opération urgente et salutaire voire indispensable à la survie des provinces occidentales du Royaume, confinée surtout sur des considérations humanitaires (rapprochement des familles notamment) vient de prendre des allures toutes autres et constitue désormais un point de divergence qui prend de plus en plus de poids et au vu de son instrumentalisation risque de déboucher sur des conséquences extrêmement grave.
Pour rappel, il faut signaler que cette fermeture n’a jamais été de la volonté de l’Algérie. C’est plutôt le Maroc, qui outre qu’il a accusé le DRS d’avoir organisé les attentats de Marrakech (allégations qu’il infirmera lui-même à l’issue de l’enquête), prend la décision unilatérale d’instaurer le visa pour les Algériens. Ce Pays voisin nous a habitués à profiter des conjonctures .Comme en 1963, alors que le Pays sortait d’une guerre de 7 ans contre le colonialisme, ni disposant ni d’armée régulière, ni d’institutions, il subit une agression en règle, le Royaume tente de récidiver en 1994, alors que l’Algérie était totalement affaibli par le terrorisme. C’était sans connaître les principes immuables de notre Pays et la réplique ne se fit pas à attendre : En plus d’instaurer la réciprocité en matière de visa, l’Algérie décide de la fermeture des frontières terrestres. S’apercevant un peu tard de l’erreur stratégique, le Maroc tente de colmater les brèches, allant jusqu’à décider unilatéralement de la suppression du visa, l’Algérie le maintenant pendant longtemps après.
Cette revendication de l’ouverture des frontières qui se place comme le cheval de bataille des voisins, constituant carrément une obsession, commence à connaître des dérives graves. En plus des attaques en règle, l’instrumentalisation de l’opinion publique, des partis, de la presse et de la société civile atteint un degré de dérives inconnu jusque-là. Ainsi, a-t-on vu comment l’organisation maghrébine des Avocats dont les membres ont été transportés par les services du Makhzen jusqu’à Oujda pour organiser une manifestation « exigeant » la réouverture des frontières, information reprise avec fracas par toute la presse marocaine, oubliant sciemment, ce qui lui a rappelé le MAE algérien, à savoir que cette décision est de la souveraineté exclusive de l’Algérie et non d’une quelconque organisation.
Mais le clou aura été enfoncé par cet officiel qui, au mépris de toute règle élémentaire de protocole et de respect, va jusqu’à déclarer sur une chaîne publique Marocaine que : « Les Algériens sont des schizophrènes. Ils ont besoin beaucoup plus d’un psychanalyste que d’autres choses. Car, ne pas ouvrir les frontières c’est vouloir du mal à leur peuple. »
A force de se focaliser sur le sujet, le problème ne sera jamais réglé. Que l’on soit d’accord ou pas, il faut reconnaitre que la position de l’Algérie a demeuré cohérente : Cessez les attaques contre le Pays, réglons les problèmes qui trainent entre les deux Pays, et l’ouverture des frontières viendra automatiquement. C’est la sérénité qui doit prévaloir. Quant au Sahara Occidental, il est entre les mains de l’ONU et l’Algérie n’est pas partie au conflit.
Mais moi ce qui me chagrine dans tout cela, c’est le comportement des Algériens eux-mêmes : Dans tous les Pays du monde, le contrebandiers et même les maffias, observent dans leurs activités un comportement patriotique. Préserver les intérêts stratégiques de leur Pays. C’est ce que font les Marocains et les Tunisiens. Nos contrebandiers s’en balancent. Qu’il y ait une pénurie de carburant dans tous l’Ouest du Pays alors que les Marocains se gavent du quota des Algériens, que le mouton coûte les yeux de la tête la veille de l’Aïd alors que le Maroc en plus de troquer le mouton de Ouled Djellal contre du whisky frelaté ou de la drogue, va jusqu’à procéder à l’élevage de cette race du terroir Algérien dans le Royaume. Dans quelques années, ne soyez pas surpris de voir l’Algérie importer le mouton d’Ouled Djellal à partir d’Agadir. Qu’il y ait tout cela, le contrebandier Algérien s’en fout ! Pire. La semaine dernière, tout véhicule immatriculé 22, se trouvant à Marsat Ben M’hidi, était systématiquement saccagé, parce que la population de Sidi-Bel-Abbès s’est élevée contre les hallabas qui ont envahi les stations services de la ville, générant une pénurie préjudiciable.
Au fait, on est quoi demain? Le 5 juillet, ah bon?
djillali@bel-abbes.info