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Sécurité routière : la baisse des limitations de vitesse est «inéluctable», selon Valls
Mis à jour le 11/07/2013 à 21:48 - Publié le 11/07/2013 à 20:09Radar sur les quais de Seine.
INFOGRAPHIE - Le ministre envisage un passage de 130 km/h à 120 km/h sur autoroute et de 90 km/h à 80 km/h sur nationale.Rouler de moins en moins vite? Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, prépare doucement l'opinion à cette éventualité. Si pour l'heure, aucune décision n'a été prise officiellement, le ministre a jugé «inéluctable» la réduction des limites de vitesse «sur les routes, sur le réseau secondaire, sur le réseau principal, mais aussi en ville».
Jeudi matin, à l'occasion de la présentation du bilan de l'accidentalité routière du premier semestre 2013, le ministre a confirmé qu'il lançait «la réflexion sur ce sujet», avant de préciser que ce travail serait mené par le Conseil national de la sécurité routière avec les acteurs concernés, soit l'ensemble des associations et les collectivités territoriales. «Au terme de cette réflexion, cet automne, je souhaite faire un certain nombre de propositions qui aillent dans ce sens. Passer de 130 à 120 km/h, passer de 90 à 80 km/h et ainsi de suite, représentera, j'en suis convaincu, une baisse de la mortalité et des accidents», a-t-il poursuivi. Et d'enfoncer le clou: « À chaque fois que nous avons baissé la vitesse, notamment sur le réseau secondaire ou en ville, nous avons obtenu des résultats. Quand on lève le pied, en revanche, le nombre de blessés et de morts augmentent.» Preuve que le ministre de l'Intérieur est déterminé sur ce dossier, il s'est dit «favorable» à une baisse de 80 à 70 km/h de la vitesse maximale sur le périphérique.
- Citation :
- « L'ennemi numéro 1 sur la route, c'est la vitesse excessive ou inadaptée. »
Frédéric Péchenard, délégué interministériel à la sécurité routière
On l'aura compris: si l'alcoolémie au volant reste un sujet toujours préoccupant, le discours des autorités semble désormais se focaliser davantage sur la problématique de la vitesse. «L'ennemi no 1 sur la route, martèle d'ailleurs Frédéric Péchenard, le délégué interministériel à la sécurité routière, c'est la vitesse excessive ou inadaptée.» Et de rappeler, dans la foulée de Manuel Valls, que «ce facteur est présent dans plus de 26 % des accidents mortels, et probablement beaucoup plus». Plusieurs études confirment d'ailleurs le lien entre accident et vitesse.
Les Français en ont-ils vraiment conscience? Pas sûr. Selon un baromètre Ifop, réalisé en octobre 2012, 28 % d'entre eux reconnaissent ne pas respecter les limitations en vigueur. Des hommes, à 65 %. Principal argument invoqué: la route le permet, pensent 53 % des sondés. Mais ils sont aussi 16 % à reconnaître ouvertement qu'ils aiment… rouler vite.
Preuve qu'il reste encore à faire dans ce domaine, même si, en dix ans, le nombre de tués est passé de 8000 à 4000 sur la route, fait remarquer Frédéric Péchenard. Sur cette période, les chiffres montrent que la vitesse moyenne des conducteurs a diminué de 10 km/h. D'après le délégué interministériel à la sécurité routière, cette baisse de la vitesse et par contrecoup de la mortalité s'explique «à 75 % grâce à la politique des radars». Alors que les associations de défense des conducteurs voient surtout dans ce dispositif un moyen pour l'État de renflouer ses caisses à bon compte. «Quant à réduire la vitesse encore un peu plus, c'est sûr que si on roule à 0 km/h, on n'aura pas d'accident», ironise Pierre Chasseray, le délégué général de 40 Millions d'automobilistes. D'après lui, se sont surtout les fous du volant qui posent problème. «Celui qui roule déjà à 140 km/h aujourd'hui ne va pas rouler moins vite demain.»
- Citation :
- L'objectif affiché du ministre de l'Intérieur est en effet ambitieux : passer au-dessous de la barre des 2 000 morts sur la route d'ici à 2020
Pour éviter d'échauffer dans l'immédiat les esprits, Frédéric Péchenard temporise. Si la baisse de la mortalité se poursuit encore, il assure qu'il ne sera pas forcément nécessaire de mettre en place d'autres moyens pour contraindre les automobilistes à ralentir. «Cependant, si les chiffres repartaient à la hausse, Manuel Valls n'hésitera pas à limiter la vitesse, quand bien même cette mesure est impopulaire. Sa volonté politique est très forte sur le sujet de la sécurité routière», insiste-t-il. L'objectif affiché du ministre de l'Intérieur est en effet ambitieux: passer au-dessous de la barre des 2 000 morts sur la route d'ici à 2020. Reste le problème de la mise en œuvre d'une réduction des vitesses. «C'est compliqué et ça coûte un peu d'argent, car il y a plusieurs dizaines de milliers de panneaux à changer reconnaît Frédéric Péchenard. Mais sachant que le coût de l'insécurité routière s'est élevé à 23 milliards d'euros en 2012, cela serait financièrement rentable en fin de compte.»