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Maroc : le parti Istiqlal claque la porte du gouvernement islamiste
Mis à jour le 10/07/2013 à 16:32 - Publié le 10/07/2013 à 16:29
Le secrétaire général de l'Istiqlal, Hamid Chabat, en compagnie du premier ministre Abdelilah Benkirane en février dernier.
Les ministres du parti de l'Istiqlal, principal allié des islamistes au pouvoir au Maroc, ont officiellement démissionné du gouvernement mercredi. Ils ouvrent ainsi la voie à un remaniement, voire à des législatives anticipées.
Jusqu'à ce jour, le parti de l'Istiqlal était le principal allié des islamistes du Parti de la Justice et du développement (PJD) au sein du gouvernement de coalition marocain. L'Istiqlal compte 60 députés à la chambre des représentants et six portefeuilles ministériels au sein du gouvernement, notamment celui des Finances. Tous les ministres ont démissionné, sauf celui de l'Éducation, qui a 24 heures pour agir. «Dans le cas contraire, il sera exclu» du parti, a affirmé Adil Benhamza, le porte-parole de l'Istiqlal.
En quittant le gouvernement, l'Istiqlal oblige le PJD à effectuer un remaniement, voire des élections anticipées si le PJD ne parvient pas à trouver un nouvel allié de poids comparable. Une perspective que les cadres du mouvement assurent ne pas craindre. Un député et dirigeant du PJD, Abdelaziz Aftati, a même déclaré que c'était le souhait «de certains responsables de notre parti».
Le roi en arbitre
Le divorce entre l'Istiqlal et le PJD couvait depuis deux mois. Selon l'Istiqlal, le premier ministre Abdelilah Benkirane est incapable de prendre «en considération la gravité de la situation économique et sociale.» Le parti nationaliste désapprouve notamment la décision du gouvernement qui, sous la pression du FMI, va déréglementer les prix de certaines denrées de base, après le mois du ramadan. Une telle décision risque de nuire aux populations marocaines les plus démunies.
«Ca fait deux mois qu'on a présenté un mémorandum concernant le traitement de la question économique dans une ambiance très difficile. Aucune réactivité, aucun retour de la part du gouvernement!» s'indignait Taoufik Hejira, président du conseil national du parti, au micro de RFI, en mai dernier.
Une autre raison avancée est que le secrétaire général de l'Istiqlal, Hamid Chabat, cherche à remplacer les ministres démissionnaires affiliés à son parti par des membres de son clan. Les ministres avaient été nommés par Abbas El Fassi, le prédécesseur de Hamid Chabat. Depuis son élection en septembre dernier, le parti de l'Istiqlal s'est montré particulièrement critique envers ses alliés islamistes.
Le roi Mohammed VI doit encore approuver la démission des ministres, même s'il semble peut probable qu'ils agissent ainsi sans un soutien tacite du Palais. L'entourage du roi craint que des coupes budgétaires trop sévères entraînent une dégradation importante du niveau de vie, ce qui pourrait déclencher des manifestations similaires à celles de 2011, portées par le printemps arabe. A l'époque, le roi avait réussi à les étouffer en augmentant les dépenses sociales et en entamant des réformes constitutionnelles, qui ont mené le PJD au pouvoir.