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L'imam radical d'une mosquée parisienne bientôt expulsé
Publié le 22/01/2012 à 06:14 Mohammed Hammami le 23 septembre 2010. Ce jour-là, l'imam faisait partie des représentants du culte musulman reçus à l'Élysée.
Mohammed Hammami se voit reprocher des prêches à caractère antisémite.
Présentés comme des acteurs du fondamentalisme musulman prônant violences et valeurs contraires à la République, un imam parisien et une association «Les cavaliers de la fierté», devraient prochainement être durement sanctionnés.
D'après nos informations, Mohammed Hammami, imam de la mosquée tabligh Omar à Paris (XIe), a été informé en fin de semaine dernière qu'une procédure d'éloignement, initiée par le ministère de l'Intérieur, était envisagée contre lui. Le 7 février prochain en effet, son cas sera examiné par la commission d'expulsion à Paris. Dès l'avis de cette structure émis - le jour même ou dans un mois -, un arrêté ministériel d'expulsion devrait être pris. Une mesure qui pourra alors s'appliquer sur-le-champ.
Né en 1935 et arrivé en France dans les années 1960, Mohammed Hammami, ce Tunisien qui avait ouvert un lieu de culte rue Jean-Pierre Timbaud, dans le XIe arrondissement de Paris, paie aujourd'hui tous ses excès. À l'origine de prêches virulents, notamment à caractère antisémite, il aurait indiqué que: «L'argent des fidèles ne devait pas être placé en banque car il profite aux juifs.» Adepte d'un islamisme radical, il aurait aussi demandé que la femme adultère soit battue à mort.
Condamné à quatre mois de prison avec sursis D'après Samir Amghar, chercheur et auteur d'un récent ouvrage sur le salafisme (éditions Michalon), cette mosquée du XIe arrondissement «a régulièrement défrayé la chronique». Dans les années 1990, elle abritait des filières de recruteurs djihadistes. À sa tête, Mohammed Hammami avait été, durant plusieurs années, le représentant du Tabligh en France, ce mouvement «rigoriste et ultraorthodoxe», qui fut, pendant un temps, le «sas du terrorisme».
Autre particularité de cette branche de l'islam militant: son fonctionnement comme une secte. «Quand on l'intègre, on est coupé de la société», d'après le spécialiste. Des journalistes qui avaient voulu enquêter, en avaient fermement été dissuadés. Ils avaient été agressés après avoir voulu pousser les portes du centre de formation d'imams situé au château de Grisy-Suisnes en Seine-et-Marne. Présent ce jour-là, Mohammed Hammami en était venu aux mains et avait été condamné à quatre mois de prison avec sursis.
Mais depuis que le Tabligh est représenté au Conseil français du culte musulman, il «s'est désectarisé», selon Samir Amghar. Entre-temps, Mohammed Hammami a été écarté de son rôle de leader au sein du mouvement. «Concernant ses prêches, je sais qu'il a été très critique à l'égard des régimes arabes», indique le spécialiste qui admet ne pas avoir eu connaissance de propos pouvant heurter les valeurs de la République française. «Mais il y a aujourd'hui beaucoup d'autocensure de la part des imams depuis que plusieurs d'entre eux ont été expulsés. Du coup, il y a la parole officielle et la parole officieuse tenue en petit comité», explique-t-il.
Des prêches surveillésDepuis le 11 septembre 2001, en effet, les prêches sont surveillés par les services du renseignement intérieur. Sur les 145 mesures d'éloignement d'islamistes qui ont été prises, 34 concernaient des imams ou des prédicateurs. Des expulsions qui, à chaque fois, ont lieu sur la base de l'article L 521-3 du Code d'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile. Le texte évoque notamment «des actes de provocation explicite et délibérée à la discrimination, à la haine ou à la violence contre une personne déterminée ou un groupe de personnes».
L'association Forsane Alizza qui signifie «les cavaliers de la fierté» et créée en août 2010 devrait pour sa part être dissoute à la suite d'une enquête la concernant. Selon le rapport de police, ce groupement propage «une théorie de promotion de la lutte armée pour des motifs religieux». Prônant l'instauration du califat en France, il remettrait en cause notre régime démocratique. Opposé à la loi interdisant le voile intégral, son fondateur, Mohammed Achamlane se serait, quant à lui, illustré en août dernier en brûlant publiquement un Code pénal.
Trois motifs sont aujourd'hui invoqués pour cette dissolution. L'association qui présente «le caractère de groupes de combat ou de milices privées» a pour but «d'attenter à la forme républicaine du gouvernement» et propage «des idées racistes et antisémites». Forsane Alizza qui s'est vu adresser un courrier l'informant de cette procédure doit y répondre dans 10 jours. Ensuite, un décret en Conseil des ministres sera pris entérinant cette décision.