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Terrorisme : un Franco-Algérien expulsé du Pakistan vers la France
Publié le 08.10.2013, 15h28 | Mise à jour : 15h52 Le Pakistan a expulsé mardi vers la France Naamen Meziche, Français considéré comme un cadre historique d'Al-Qaïda et soupçonné d'être impliqué dans une filière d'apprentis jihadistes et des projets d'attentats en Occident.
Le Pakistan a expulsé mardi vers la France Naamen Meziche, un Franco-Algérien considéré comme un cadre historique d'Al-Qaïda et soupçonné d'être impliqué dans une filière d'apprentis jihadistes et dans des projets d'attentats en Occident. Après seize mois de détention, il a été conduit dans la nuit de lundi à mardi à l'aéroport d'Islamabad, où il a été placé dans un avion à destination de Paris via Dubaï, encadré par une escorte. L'homme est arrivé par avion dans l'après-midi à Paris où il a été interpellé pour être placé en garde à vue par la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI).
Naamen Meziche, né en 1970, avait été arrêté en mai 2012 par la police pakistanaise alors qu'il voyageait en bus avec trois autres Français dans le sud-ouest du pays, une région reculée souvent empruntée par les jihadistes car proche des zones tribales, principal bastion d'Al-Qaïda dans la région, et de l'Afghanistan. Les services de renseignement français avaient alors décrit le Franco-Algérien comme un «cadre important d'Al-Qaïda, lié à la 'cellule de Hambourg'» à laquelle appartenaient plusieurs des pirates de l'air auteurs des attentats du 11 septembre 2001, et le soupçonnaient également d'être impliqué dans des projets d'attentats en Occident à la fin des années 2000. Mais son importance au sein de la nébuleuse jihadiste reste sujette à débat.
Un dossier d'accusation fragile
Détenu au Pakistan dans des conditions difficiles -il a été un temps malade et a envisagé une grève de la faim-, Naamen Meziche est le dernier membre du quatuor de Français arrêtés en mai 2012 à rejoindre la France. Expulsés en avril dernier, les trois autres avaient été mis en examen en France pour «association de malfaiteurs en vue de commettre des actes terroristes» et placés en détention provisoire. Meziche est poursuivi et incarcéré pour le même motif, une incrimination spécifique au droit français qui permet de poursuivre et de garder en détention pour des intentions d'actes terroristes ou des contacts avec des organisations soupçonnées de terrorisme.
Mais le dossier semble par ailleurs mince en ce qui concerne les faits qui lui sont reprochés : s'il est soupçonné de longue date d'appartenance à Al-Qaïda, aucun élément concret n'a à ce jour prouvé son implication dans un projet ou une attaque terroriste. La procédure devra prouver son appartenance à l'organisation pour déboucher le cas échéant sur un procès. Selon une source proche du dossier, la justice française pourrait toutefois le poursuivre sur la base d'éléments judiciaires fournis par les services allemands, remontant à l'époque où il habitait en Allemagne.
«C'est un gros poisson» du «cœur historique» d'Al Qaïda, a assuré un acteur de l'antiterrorisme français. Mais une autre source proche du dossier était plus nuancée, estimant «difficile de dire s'il est vraiment actif ou important ou un peu 'has been'» au sein de la nébuleuse jihadiste.
Recruteur présumé de jihadistes européens
Les services de renseignement occidentaux et pakistanais ont décrit Meziche comme proche de Younis Al-Mauritani, un important cadre d'Al-Qaïda arrêté six mois avant lui, également au Pakistan. Selon l'armée pakistanaise, ce dernier était avait été chargé «personnellement» par Oussama ben Laden de planifier à la fin des années 2000 des attentats contre «des cibles économiques importantes aux Etats-Unis, en Europe et en Australie.» Son arrestation en compagnie de trois jeunes Français dans une région où passent nombre de combattants islamistes a par ailleurs renforcé les soupçons selon lesquels Naamen Meziche était également un recruteur de jeunes jihadistes européens, notamment français. «Meziche est lié aux menaces qui pèsent sur l'Europe», assurait une source française au moment de son arrestation.
Alors que le Franco-algérien est resté mutique lors de ses interrogatoires au Pakistan, certains des trois autres Français arrêtés ont eux déclaré «être venus au Pakistan pour approfondir leur apprentissage de l'islam et aller combattre en Afghanistan.» L'affaire Merah avait déjà prouvé que la zone Afghanistan-Pakistan représentait un aimant pour les jihadistes étrangers, y compris français, même si leur nombre semble avoir fortement baissé ces dernières années en raison notamment de l'apparition d'autres fronts au Moyen-Orient, notamment en Syrie, ou en Afrique.