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Le roi des Belges annonce son abdication
Le 03.07.2013 à 15h25 • Mis à jour le 03.07.2013 à 18h16 Le roi Albert II lors de l'allocution télévisée où il a annoncé son abdication, mercredi soir.
Avant sa confirmation officielle, à 18 heures, l'annonce d'une possible l'abdication du roi Albert II aura été une demi-surprise pour les Belges : divers médias l'annonçaient depuis des mois et scrutaient le moindre épisode ou le plus petit indice supposé pour confirmer leur pronostic. En définitive, c'est seulement la date choisie par le chef de l'Etat qui aura étonné : personne ne l'attendait pour ce mercredi 3 juillet.En décidant d'abdiquer en plein été, le jour de la fête nationale – le 21 juillet –, et alors que le gouvernement de coalition du socialiste wallon Elio di Rupo vient de régler de difficiles questions budgétaires, Albert II a choisi une période de relatif calme politique. Il donne aussi la possibilité à son fils de s'imposer un an avant une échéance présumée cruciale : les élections législatives de 2014 qui, à en croire les sondages, devraient consacrer une nouvelle progression de l'Alliance néoflamande, le parti indépendantiste (et républicain) de Bart De Wever.
D'ici là, le gouvernement devrait mener à bien une nouvelle phase de réforme institutionnelle, avec un important transfert de compétences vers les régions, parachevant le travail d'un gouvernement mis en place après la plus longue crise politique de l'histoire du pays – 541 jours.
- Quelles sont les raisons de la décision d'Albert II ?
La décision royale intervient après une phase de grande turbulence au palais de Laeken. Une vive polémique a éclaté au sujet des "dotations" dont bénéficie la famille des Saxe-Cobourg, l'argent que l'Etat verse au monarque et à toute sa famille. Le gouvernement a décide de limiter, à l'avenir, la dotation au roi, à son héritier désigné et à la veuve d'un roi défunt. La tentative de la reine Fabiola, veuve de Baudouin I
er, d'organiser une sorte d'évasion fiscale vers l'Espagne a hâté ce projet.
La demande de reconnaissance officielle introduite devant la justice par Delphine Boël, une fille adultérine du chef de l'Etat, a créé une autre difficulté : s'il a évoqué naguère la crise qu'a traversé le couple qu'il forme avec la reine Paola, Albert II a toujours refusé d'avouer sa paternité, ce qui a terni l'image plutôt favorable de cet homme, réputé sympathique et bon vivant.
L'âge du roi (79 ans) et des problèmes de santé évoqués par certains médias pourraient être d'autres causes de sa décision. Fatigué par la crise politique consécutive aux élections de 2010, il ne pouvait, semble-t-il, envisager d'avoir à gérer, en 2014, un autre épisode aussi délicat.
- Qui doit succéder au roi ?
Sur le plan juridique, l'affaire faisait peu de doute : le système constitutionnel de 1830 énonce que c'est
"l'enfant de sang royal le plus âgé" qui succède au monarque. Le prince héritier Philippe, 53 ans, devrait donc monter sur le trône.
En 1993, le roi actuel avait toutefois créé la surprise en succédant à son frère, le roi Baudouin : on pensait à l'époque que c'était le prince Philippe qui serait appelé, déjà, à succéder à son oncle. Les pressions politiques et des doutes quant à l'état de préparation du prince ont convaincu Albert II de devenir, finalement, le 6
e roi des Belges.
L'éclipse du roi, quelques semaines avant la célébration de ses 20 ans de règne, laisse ouvertes de nombreuses questions. Même si l'hypothèse de l'éclatement du pays semble – provisoirement ? – écartée, le rôle du successeur d'Albert II ne sera pas simple. Philippe, même s'il s'est longuement préparé à la succession, ne jouit pas, a priori, de l'influence et de l'aura de son père.
Face à la Flandre majoritaire, où la monarchie est moins populaire, il devra, s'il est appelé à intervenir encore dans la formation d'un gouvernement fédéral, faire preuve à la fois de doigté et de prudence. Les spéculations sur la capacité de Philippe à devenir roi pourraient d'ailleurs également expliquer la décision du chef de l'Etat, soucieux d'y mettre un terme.