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Dalil Boubakeur élu président du Conseil des musulmans de France
30 juin 2013 à 15:33 (Mis à jour: 16:34) Le recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, le 19 septembre 2012 à Paris.
Le recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a été élu dimanche président du Conseil français du culte musulman (CFCM), a annoncé à l’AFP un responsable de cette instance censée représenter les musulmans de France.
Dalil Boubakeur qui dirige une institution proche de l’Algérie «
a été élu à une très large majorité des membres du Conseil d’administration», a déclaré un membre de cette instance, Abdallah Zekri, maintenu dans ses fonctions de président de l’Observatoire de l’islamophobie.
Cette élection intervient une semaine après un coup de théâtre qui avait vu la Grande mosquée de Paris (GMP), une des trois plus grandes fédérations de l’islam de France, quitter une réunion du CFCM.
Boubakeur, 72 ans, succède au Franco-marocain Mohamed Moussaoui qui a écourté d’un an son second mandat pour permettre la mise en oeuvre d’une réforme souhaitée par les autorités françaises.
Boubakeur va diriger une présidence collégiale pendant deux ans avant de céder la place à Anouar Kbibeche du Rassemblement des musulmans de France (RMF, proche du Maroc) à qui succédera en 2017 Ahmed Ogras du Conseil des musulmans turcs de France.
Troisième mandat Le recteur de la GMP a déjà effectué deux mandats de 2003 à 2008 à la tête du CFCM, sans avoir été élu.
Cette fois, il avait d’abord désigné l’avocat Chemd Eddine Hafiz comme le candidat de la GMP à la présidence. Mais ce choix a été contesté par d’autres fédérations, notamment le Rassemblement des musulmans de France parce que Me Hafiz est l’avocat du Front Polisario, qui lutte pour l’indépendance du Sahara occidental, annexé par Rabat en 1975.
Le CFCM a été créé en 2003 pour doter les 3,5 millions de musulmans vivant en France d’une instance représentative.
Mais il est miné par des tensions entre «
l’islam consulaire» marocain ou algérien, et «
l’islam transnational» de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF, proche des Frères musulmans) et du mouvement piétiste du Tabligh, selon les politologues Leyla Arslan et Mohamed-Ali Adraoui, qui viennent de publier «
L’Islam en France pour les Nuls».
«
Le premier est principalement intéressé par la défense des intérêts des Etats d’origine», écrivent-ils. «
Le second par la défense d’un agenda qui se veut uniquement islamique.» A cela s’ajoutent les tensions entre les intérêts diplomatiques des Etats d’origine, algérien, marocains mais aussi turc.
Après des années de crise, l’UOIF et la GMP avaient accepté en début d’année de revenir à la table du CFCM en échange de la mise en place d’une direction collégiale et tournante.
En vertu de cet accord, des élections ont eu lieu le 8 juin pour désigner les nouveaux membres du conseil d’administration du CFCM. Les pro-Maroc ont dominé avec 25 sièges, contre huit aux pro-Algérie et sept aux Turcs.
Le scrutin a souffert du boycott à la dernière minute de l’UOIF, elle-même tiraillée entre ceux qui veulent jouer le jeu du CFCM et ceux qui préfèrent rester autonomes.