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Bernard Tapie pourrait voir ses biens saisis
Publié le 26/06/2013 à 08:34 Bernard Tapie en janvier 2008 à Marseille.
Alors que l'homme d'affaires risque d'être mis en examen mercredi dans le cadre de l'enquête sur l'arbitrage controversé Adidas-Crédit lyonnais, les parties civiles demandent des «mesures conservatoires» afin de «sécuriser l'indemnisation de leur préjudice».Bernard Tapie va peut-être jouer une partie de sa fortune dans les heures qui viennent. En garde à vue depuis lundi matin dans le cadre de l'enquête sur l'arbitrage controversé du dossier Adidas-Crédit lyonnais, l'homme d'affaires pourrait être mis en examen ce mercredi.
Selon RTL et lejdd.fr, les trois parties civiles - l'État, le Consortium de réalisation (CDR, la structure chargée de liquider le passif du Lyonnais) et l'Établissement public de financement et de restructuration (EFPR) - ont demandé aux juges d'instruction en charge de l'enquête que des «mesures conservatoires soient prises» afin de «sécuriser l'indemnisation de leur préjudice» en attendant qu'une décision soit prise quant à la validité de l'arbitrage.
Concrètement, cela signifie que les trois juges peuvent réclamer à Bernard Tapie une caution, geler ses avoirs ou mettre ses biens sous séquestre. Parmi lesquels: un yacht estimé à 40 millions d'euros, plusieurs hôtels particuliers à Paris et dans sa région, une villa sur les hauteurs de Saint-Tropez, un jet privé, ainsi que des investissements dans le groupe de presse La Provence. La saisie est toutefois une procédure assez récente en France, à laquelle il est possible d'échapper via des sociétés écrans qui empêchent de retrouver les véritables propriétaires et donc de les saisir. Reste donc à savoir si Bernard Tapie a placé ses biens à son nom. Laurent Mauduit, journaliste à Mediapart et auteur de
Sous le Tapie (Stock), en doute. «Sa villa n'est pas à son nom, c'est au nom d'une société luxembourgeoise. Dans le cas du yacht, il y a des financements qui viennent du sud-est asiatique et dans le cas des journaux du sud-est de la France, est-on sûr que l'argent qui a été mis sur la table est bien le sien?», s'interroge-t-il sur RTL. «Je pense qu'il y a sans doute eu des sociétés-écrans», poursuit-il. Avant d'ajouter: «S'il y a mise sous séquestre, il n'est pas certain que l'État puisse aboutir à récupérer l'argent public qui aurait été détourné».
Les visites de Tapie à l'Élysée étudiées à la loupeLes juges d'instruction soupçonnent que l'arbitrage - au terme duquel Bernard Tapie a empoché 403 millions d'euros d'argent public - a pu être truqué, sur ordre venant du sommet de l'État. Ils s'intéressent notamment aux nombreuses visites de ce dernier à l'Élysée - 22 entre 2007 et 2009 - au cours desquelles il a pu s'entretenir avec l'ancien président Nicolas Sarkozy, l'ex-secrétaire général de l'Élysée, Claude Guéant, et d'autres responsables de premier plan.
Trois personnes ont déjà été mises en examen dans cette affaire pour «escroquerie en bande organisée»: Stéphane Richard, PDG d'Orange et ex-directeur de cabinet de la ministre de l'Économie Christine Lagarde, Jean-François Rocchi, ancien dirigeant du CDR, et Pierre Estoup, ancien magistrat, l'un des trois arbitres concernés, qui pourrait être le plus impliqué dans la décision. Les deux autres arbitres, l'avocat Jean-Denis Bredin et l'ancien président du Conseil constitutionnel, Pierre Mazaud, ont été entendus comme simples témoins. Christine Lagarde, elle, a été placée sous le statut de témoin assisté par la Cour de justice de la République, juridiction qui instruit ses agissements en tant qu'ancienne ministre. Lundi, son ancien directeur de cabinet a déclaré à l'AFP qu'elle avait agi «en parfaite connaissance de cause», plaçant l'actuelle directrice générale du FMI dans une situation embarrassante.