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François Hollande veut dissiper la méfiance que suscite le Qatar
Le 22.06.2013 à 10h19 • Mis à jour le 22.06.2013 à 11h35François Hollande serre la main du cheikh Hamad bin Khalifa Al-Thani, le 22 août 2012.
François Hollande tentera ce week-end au Qatar de dissiper la méfiance que suscite en France ce richissime émirat dont la boulimie d'investissements et l'activisme diplomatique dérangent, malgré son statut d'allié privilégié. Le déplacement du président français intervient à un moment-clé dans la vie politique du Qatar, où une transition du pouvoir entre l'émir, cheikh Hamad bin Khalifa Al-Thani, et son fils, le prince héritier cheikh Tamim, est attendue.Au beau fixe sous Nicolas Sarkozy, qui a entraîné le Qatar dans l'intervention en Libye, les relations avec la France ont plutôt bien résisté à la victoire du candidat socialiste, pourtant réservé vis-a-vis de l'émirat avant son élection. S'il souhaite se démarquer de la
"diplomatie de contrat" et de la personnalisation affichées, selon lui, par son prédécesseur, François Hollande entend toutefois marquer la continuité.
"CONTINUITÉ RÉPUBLICAINE""La continuité républicaine vue de Doha fonctionne parfaitement", juge un homme d'affaires français qui se rend régulièrement dans l'émirat. L'entourage de François Hollande abonde dans ce sens.
"Le Qatar est un pays ami de la France, c'est peut-être un ami de Nicolas Sarkozy mais c'est surtout un ami de la France", juge un conseiller de François Hollande. Hasard du calendrier ou non, Nicolas Sarkozy, encore influent dans l'émirat, y a précédé son successeur de deux semaines pour une visite privée.
Malgré les milliards d'euros investis dans l'Hexagone, le Qatar reste mal aimé, et les sommes colossales injectées dans le club de football de la capitale, le Paris-Saint-Germain, ont parfois été critiquées en France, où l'émirat bénéficie d'une avantageuse convention fiscale.
Point d'orgue des crispations françaises, l'intention du Qatar, il y a plus d'un an, de créer un fonds d'investissement à destination des banlieues, un projet qui avait été dénoncé comme une volonté de les islamiser.
"Il y a eu un certain nombre de polémiques, à la fois sur la présence du Qatar en France et sur sa politique étrangère, le but de la visite du président de la République, c'est de ramener un peu de sérénité dans tout cela", indique un de ses conseillers.
POURSUIVRE LES INVESTISSEMENTSFrançois Hollande devrait confirmer que l'aide à destination des banlieues prendra la forme d'un fonds cofinancé à 50 % par la Caisse des dépôts et qu'il sera destiné aux PME, plutôt qu'à une zone géographique ou à un public déterminé. La volonté de la France reste d'encourager le Qatar, actionnaire de multinationales françaises comme Total ou Veolia, à poursuivre ses investissements sur le territoire national, mais si possible au-delà des acquisitions de prestige comme les palaces ou de grands immeubles parisiens.
"Ils veulent de l'immobilier, ils adorent l'immobilier, ils aiment encore l'immobilier et ils veulent encore plus d'immobilier", déclare un homme d'affaires qui estime que l'Etat aimerait voir l'émirat investir davantage dans des PME, comme ce fut le cas avec le maroquinier Le Tanneur.
L'importante délégation de patrons français qui accompagne François Hollande tentera aussi de profiter des grands appels d'offres dans le cadre de la Coupe du monde de football qu'organisera en 2022 ce richissime exportateur de gaz naturel. La mère des batailles pour la France reste néanmoins le contrat pour renouveler la flotte de l'armée de l'air du Qatar, à laquelle l'avionneur Dassault aimerait vendre son Rafale.
L'Elysée souhaite aussi tordre le cou à l'idée que François Hollande donne une importance disproportionnée à cet Etat de deux millions d'habitants, dont à peine 10 % de nationaux. Cette visite s'inscrit dans le cadre d'une politique régionale plus vaste, dit ainsi son entourage, qui rappelle ses visites récentes en Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis.[/b]
LES "AMIS DE LA SYRIE" RÉUNIS AU QATARMais l'activisme diplomatique du Qatar, qui a autorisé les talibans d'Afghanistan à ouvrir une représentation à Doha, en fait un pays de plus en plus présent dans le jeu régional. Les ministres des affaires étrangères du groupe des Amis de la Syrie se réuniront ainsi samedi 22 juin à Doha pour discuter des moyens d'apporter un soutien concret à l'opposition syrienne.
Sur ce dossier, la France ne critique pas officiellement l'aide qu'accorderait le Qatar à des groupes islamistes radicaux, mais plaide pour une meilleure coordination du soutien international à l'Armée syrienne libre.
L'Elysée dément aussi toute friction avec le Qatar sur le Mali, où de l'aide humanitaire en provenance de l'émirat se serait retrouvée entre les mains des combattants islamistes.
Les conseillers de François Hollande admettent néanmoins que le soutien du Qatar aux islamistes dans les révoltes arabes apparaît parfois trop exclusif aux yeux de la France.
"Les Frères musulmans peut-être, mais pas seulement les Frères musulmans", expliquent-ils en prônant une approche plus inclusive de toutes les forces politiques démocratiques qui ont émergé des "printemps arabes".