WEB - GOOGLE - ACTUALITE > International
Syrie : Brahimi ne veut pas être l'homme du Qatar
Publié le 13 septembre 2012 14h08
Avant d’arriver à Damas, ce jeudi, le médiateur international de la crise syrienne, le diplomate algérien Lakhdar Brahimi, a eu en début de semaine [b]une explication de texte houleuse au Caire avec le premier ministre qatarien, Hamad Bin Jassem, un des adversaires les plus résolus du régime syrien au sein de la Ligue arabe.
Selon un diplomate arabe en Egypte, Brahimi a d’abord refusé l’invitation que HBJ - comme on l’appelle familièrement dans les chancelleries - lui a lancée de venir discuter dans sa suite de l’hôtel Four Seasons, aux côtés de Nabil al-Arabi, le secrétaire-général de la Ligue arabe. «S’il veut me voir, il n’a qu’à venir à mon hôtel», a sèchement répondu celui qui a remplacé le 1er septembre Kofi Annan en tant que représentant spécial de l’ONU et de la Ligue arabe pour tenter de régler la crise syrienne.
Finalement, le Premier ministre du Qatar s’est déplacé pour une rencontre à trois avec Arabi chez Brahimi. Mais, selon notre source, ce dernier a dit «non» aux principales exigences de son hôte qatarien.
Pas question, comme le lui demandait HBJ de fixer une date limite à sa mission en Syrie. Pas question, non plus, d’un transfert du pouvoir imposé par certaines puissances.
«Je ne travaille pas comme ça», a fait valoir Brahimi au grand manitou de la diplomatie qatarienne.
«Je suis l’envoyé personnel du secrétaire-général de l’ONU, je ne veux pas qu’on me fixe des limites», a-t-il expliqué.
Finalement, HBJ a quitté la salle, en colère, et son ambassadeur n’a pas participé à la réunion qui eut lieu ensuite entre les ambassadeurs arabes et Brahimi.
Nul ne sait encore quelles sont les idées du diplomate algérien pour sortir de l’impasse en Syrie. «Il ne nous en a pas fait part», confirme le diplomate arabe. «Brahimi nous a dit, en revanche, qu’il voulait voir tout le monde avant de proposer une solution, qu’il voulait inclure tous les protagonistes du conflit, y compris les Iraniens, à un processus de négociation. Il ne veut pas, non plus, se lier avec les plans déjà mis sur la table comme celui de Kofi Annan».
Y parviendra-t-il ? Lui-même ne se fait guère d’illusions, comme il l’a déclaré dans un de ses rares entretiens avec la presse. Une chose est sûre : ce diplomate chevronné affiche une grande prudence. Il parle d’un «changement inévitable» en Syrie, mais se garde bien de nommer Bachar el-Assad.
En fait, selon un membre de son équipe, pour cette très délicate mission, Brahimi souhaitait n’être le représentant que de Ban ki-Moon, le secrétaire général de l’ONU. Mais il a dû céder aux pressions. Il a également dû accepter de reprendre dans son équipe le diplomate palestinien, Nasser al-Qidwa, dont il voulait se séparer, parce que jugé «trop proche du Qatar». Mais là aussi, il a dû reculer face aux principaux pays du Conseil de sécurité, États-Unis, Grande-Bretagne et France.
Sa première rencontre à Élysée avec François Hollande fin août s’est d’ailleurs plutôt mal passée.
«Quand il a proposé aux Français de dissoudre le groupe des Amis de la Syrie, de laisser tomber le plan Annan, et de repartir de zéro, les Français lui ont clairement dit qu’il n’en était pas question», explique le membre de son équipe.
Brahimi compte ouvrir un bureau à Damas, et en confier la responsabilité à son numéro deux, Mokhtar Lamani, un diplomate marocain, qui a travaillé avec lui à Bagdad en Irak quand l’Algérien était représentant de l’ONU en 2004.
L'émissaire international doit rencontrer Bachar el-Assad demain vendredi.