WEB - GOOGLE - ACTUALITE > Enchères La vente des vins de l'Élysée rapporte plus de 718.800 euros
Mis à jour le 31/05/2013 à 23:21 - Publié le 31/05/2013 à 20:24
La salle des ventes où se déroulait la vente à l'hôtel Drouot, jeudi soir.
Un professionnel de la finance a ravi, pour 6100 euros, un Pétrus de 1986 «à un groupe de Chinois» .
La vente aux enchères d'une partie de la cave de l'Elysée, une première dans l'histoire de la présidence française, a rapporté, selon la maison de vente, 718.800 euros frais compris. Un montant correspondant à plus du double des estimations, notamment grâce à la vente de trois Petrus 1990 dont un adjugé à 6100 euros.
La cave présidentielle créée en 1947 sous Vincent Auriol a attiré jeudi et vendredi de nombreux amateurs et curieux à la salle des ventes Drouot, à Paris. Les acheteurs proviennent «du monde entier», selon la commissaire-priseur Ghislaine Kapandji, de la maison Kapandji-Morhange, en charge de la vente.
L'ambiance a même été tendue cet après-midi. La veille, des opposants au mariage pour tous ont perturbé la première partie des ventes des «vins de l'Élysée», 1200 bouteilles tout droit sorties de la cave présidentielle. Est-ce pour désorienter d'autres fauteurs de troubles que la suite des enchères a été déplacée, au dernier moment, hors du bâtiment principal de l'hôtel? Les portes d'entrée étaient en tout cas gardées par six policiers, et les acheteurs autorisés à pénétrer dans la salle grâce au catalogue des ventes brandi comme preuve de leurs vertueuses intentions.
Le cognac ouvre l'adjudication avec des coffrets de mignonnettes «assortiment des terroirs». L'adrénaline des enchères fait assez vite oublier les tensions politiques de jeudi soir. Prix de départ? 150 euros. Au marteau, ils s'envolent entre 1800 à 2200 euros confirmant le succès de la première journée de vente, qui a rapporté 295.663 euros alors que l'estimation initiale prévoyait 250.000 euros pour la totalité de la vente! La valse des bouteilles commence fort et vite. Une centaine de crus du Sud-Ouest, du Rhône et d'Alsace sont écoulés en quelques minutes, entre 350 et 800 euros. «C'est n'importe quoi», marmonne à dix reprises un marchand de vins, outré par des prix non conformes à la valeur réelle des produits.
Les connaisseurs attendent patiemmement les derniers lotsCette inflation n'effraie pas Emma, 19 ans, qui n'hésite pas à proposer 600 euros pour un corton-charlemagne de 1973 estimé à 50 euros à peine. «En plus, il est tellement vieux qu'il est probablement imbuvable, confie-t-elle amusée. Mais je ne l'achète pas pour le boire - à 5 euros la goutte, ça ferait un peu cher la consommation! C'est comme un tableau, pour la collection de mes parents.»«Ce n'est pas tous les jours qu'on peut avoir une bouteille estampillée Élysée, confirme Camille, 32 ans, qui espère repartir, elle aussi, avec un petit «trésor» pour son «patrimoine personnel».
Tandis que les amateurs se disputent les crus plus modestes au prix de départ moyen de 100 euros (parfois adjugés tout de même jusqu'à 900 euros!), les connaisseurs attendent patiemment les derniers lots. Épaulé par un enchérisseur sur Internet, Olivier, 43 ans, fait la conquête des plus beaux flacons. «J'achète pour offrir à mes très bons clients et amis», explique-t-il. Ce professionnel de la finance, qui voit dans les vins présidentiels «le cadeau de prestige» idéal, est l'heureux «gagnant» de cette vente de plus de quatre heures. Il a arraché «à un groupe de Chinois», les deux records: deux Château Lafite de 1978 à 3 800 euros et, surtout, un Pétrus de 1986 à 6 100 euros. Une revanche, puisque la veille, c'est un Shanghaïen qui avait fait la plus belle acquisition (un autre Pétrus). De quoi permettre largement «le renouvellement de la cave de l'Élysée», objectif premier de ces enchères d'exception.