WEB - GOOGLE - ACTUALITE > Société Manif pour tous : Valls veut interdire le Printemps français
Mis à jour le 24/05/2013 à 11:42 - Publié le 24/05/2013 à 09:58
«Il n'y a pas de place pour des groupes qui défient la République, la démocratie et qui s'attaquent aussi à des individus», a déclaré Manuel Valls .
Ce mouvement d'extrême droite prône la haine, dénonce le ministre de l'Intérieur. Selon lui, l'égérie de la Manif pour tous, Frigide Barjot, protégée par la police, n'est pas la seule personne menacée.
La Manif pour tous du 26 mai mobilise plus que jamais le ministère de l'Intérieur. Alors que la place Beauvau tente d'évaluer le nombre de manifestants, qui pourrait varier de 300.000 à plus de 500.000, selon les estimations, Manuel Valls envisage des mesures radicales pour briser la dynamique des mouvements d'extrême droite qui gravitent autour de ce rassemblement.
Dans le colimateur du premier flic de France: le Printemps français, cette nébuleuse d'opposants au mariage homosexuel qui appelle à des opérations coups de poing contre la loi Taubira, et qu'il envisage d'interdire, purement et simplement, comme fut interdit, en son temps, le FLNC en Corse, ou plus tard l'Elsass Korps, mouvement néonazi alsacien, prohibé le 18 mai 2005. «Nous allons l'étudier parce que ces propos sont inacceptables», a déclaré le ministre, sur France Info ce vendredi, interrogé sur un communiqué virulent du Printemps français.
Un communiqué menaçantDans ce texte publié le 21 mai, le groupe appelle en effet à «une nouvelle résistance» face à une loi qui irait «contre les lois de la biologie et contre tout sens commun». «La France est actuellement soumise à des forces qui veulent l'asservir entièrement. La bataille ne fait que commencer. Elle se prolongera jusqu'à la victoire», peut-on encore lire.
Pour le ministre, ces menaces sont inacceptables. «Il n'y a pas de place pour des groupes qui défient la République, la démocratie et qui s'attaquent aussi à des individus», a-t-il déclaré. Manuel Valls a également fait état de «menaces de mort» et a exprimé son «inquiétude car des groupes radicaux d'extrême droite veulent venir en nombre» à la manifestation de vendredi contre le mariage homosexuel, «non pour manifester mais pour créer l'affrontement et le désordre et pour s'en prendre aux symboles de la République, une République que ces groupes d'extrême droite haïssent», a ajouté Manuel Valls.
Toute activité illicite d'une organisation faisant l'objet d'une interdiction entrerait alors dans le champ de la police antiterroriste et des magistrats parisiens du pôle spécialisé dans la répression des mouvements subversifs, notamment contre les atteintes à la sûreté de l'État. «Ce serait un outil très efficace pour mettre fin aux débordements de ces groupuscules», explique un juge de la structure centralisée antiterroriste.
Porte-parole du Printemps français, Béatrice Bourges s'est dite «sidérée par les propos de Manuel Valls» et se demande «ce que le ministre de l'Intérieur veut interdire puisque le Printemps français, c'est plus un esprit qu'autre chose. Le mouvement n'a même pas de statut». Si une telle démarche devait être entreprise contre son mouvement, «cela ne fera que le renforcer car cela prouve que nous entrons vraiment en dictature».
Deux policiers protègent BarjotDans le sillage du Printemps français, le groupe d'extrême droite des Jeunesses nationalistes appelle à participer au défilé de dimanche pour dire «non à tout un système», un «système qu'il faut abattre». «Il est plus que temps de choisir son camp: celui du système, ou celui de la patrie», écrit Alexandre Gabriac, leader de ce groupe.
Le ministre de l'Intérieur a mis en garde, ce vendredi: «Il y a plusieurs personnalités qui reçoivent des menaces depuis des semaines. À la fois ceux qui sont favorables au mariage pour tous et depuis quelques jours nous constatons qu'un certain nombre de personnes comme Frigide Barjot reçoivent des menaces». Selon lui, «il faut agir et des menaces de mort et des menaces de ce type sont passibles de la justice. Et la justice va devoir agir parce que c'est intolérable que dans la République il puisse y avoir ces messages de haine.»
La figure de proue des anti-mariage homo, Frigide Barjot, est menacée au premier chef. Elle déclare hésiter à prendre part à la manifestation de dimanche pour cette raison. À la demande de Manuel Valls, deux policiers la protègent désormais au quotidien. Elle devrait annoncer sa décision vendredi midi au Mur de la Paix situé sur le Champs de Mars, à Paris.