WEB - GOOGLE - Actualité > Santé
Dormir avec son bébé accroît le risque de mort subite
Publié le 23/05/2013
L'étude du Pr Bob Carpenter s'est focalisée sur des nourrissons âgés de moins de trois mois
Le risque est multiplié par cinq, même en l'absence d'autres facteurs, comme le tabagisme des parents.
C'est une des causes évitables de mort subite du nourrisson, dont sont victimes environ 250 enfants chaque année en France. Selon une étude publiée dans le British Medical Journal, le seul fait de dormir avec son bébé augmente le risque de «mort inattendue» (terme choisi pour désigner ces décès qui surviennent chez des enfants apparemment en bonne santé, pendant leur sommeil).
«88 % des morts qui surviennent dans le lit des parents auraient probablement été évitées si l'enfant avait été couché sur le dos dans un berceau à côté du lit des parents», conclut le Pr Bob Carpenter, de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, qui a colligé les données de cinq publications internationales.
Son étude, la plus importante du genre, s'est notamment focalisée sur des nourrissons âgés de moins de trois mois, allaités et sans facteur de risque connu. Dans ces conditions optimales, les scientifiques montrent que le risque de mort subite est multiplié par cinq si le bébé dort avec ses parents. Il diminue avec l'âge, la période critique se situant entre la septième et la dixième semaine de vie de l'enfant.
L'étude confirme par ailleurs que le risque est nettement accru par la consommation de tabac, d'alcool ou de drogue des parents après la naissance. De nombreux travaux ont déjà montré le rôle néfaste du tabagisme passif, y compris in utero.
Le nombre de morts subites du nourrisson a considérablement diminué dans les pays occidentaux à partir des années 1990 lorsque la consigne de coucher le nouveau-né sur le dos a été donnée aux parents. Il est désormais stable. Ce syndrome est cependant toujours en cause dans un quart des morts des enfants de moins de 1 an.
Des efforts d'information «On peut affirmer que la moitié de ces décès, particulièrement douloureux et culpabilisants pour les familles, pourraient encore être évités», constate le Pr Michel Roussey, pédiatre au CHU de Rennes. Notant que des efforts d'information des parents restent à faire, l'Association nationale des centres de référence des morts inattendues du nourrisson se bat pour obtenir du ministère de la Santé une campagne de sensibilisation. «Elle devra aussi s'adresser aux professionnels de santé, qui conseillent encore parfois à la mère de dormir avec son bébé pour favoriser l'allaitement», remarque le Dr Inge Harrewijn, pédiatre au CHU de Montpellier. Alors qu'une erreur de couchage est impliquée dans près de la moitié des cas, l'Institut national de veille sanitaire recommande un berceau séparé, dans la même chambre que la mère jusqu'à l'âge de six mois. Selon le Pr Roussey, «dans le lit des parents, les décès peuvent survenir par manque d'oxygène, hyperthermie ou écrasement - notamment quand le père ne sait pas que son nourrisson est couché à côté de lui».
L'enfant doit dormir sur un matelas ferme, sans oreiller, couette, cale-tête ou peluche, dans une chambre à moins de 20 degrés. Le choix d'un lit à barreaux, sans tour de lit, devra être privilégié. Bien que le mécanisme n'en soit pas connu, l'utilisation d'une tétine et l'allaitement semblent des facteurs protégeant contre la mort inattendue du nourrisson.