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MONTÉE DU SALAFISME EN TUNISIE, GUERRE AU MALI ET CRISE EN LIBYE : L'Algérie dans une ceinture de feu
Par Ikram GHIOUA - Mardi 21 Mai 2013 - A qui profite ce pourrissement?
Pour atteindre l'Algérie, il fallait créer un couloir pour servir au transit des terroristes de la Libye.Le groupe salafiste Ansar Al Charia à l'origine des heurts survenus, dimanche à Tunis, après l'interdiction du congrès de ce mouvement à Kairouan, a été qualifié de terroriste par le Premier ministre tunisien.
Les heurts avaient fait un mort et une quinzaine de blessés, selon un bilan officiel. Initiant un comportement défiant à l'égard du gouvernement, cette organisation avait publiquement appelé à l'assassinat des membres des forces de sécurité, en déclarant carrément la guerre à toute personne qui s'aventurerait à contredire leur doctrine.
Pourtant, certains, présentés comme étant des stratèges par des médias, au même titre que des journalistes tunisiens, continuent de prêter cette responsabilité à l'Algérie en soulignant dans leurs interventions que «ce qui se passe aujourd'hui en Tunisie provient de l'Algérie à l'ombre d'une situation sécuritaire tendue en ce pays»! Mais contrairement à ces assertions rapportées sans la moindre analyse logique, c'est l'Algérie qui continue à affronter la menace terroriste à l'ombre des crises politico-sécuritaires en Tunisie, notamment en Libye considérée comme le fief du salafisme.
Des sources sécuritaires très au fait des nouvelles donnes qui prévalent au niveau de la bande frontalière, confient qu'au moins 10 individus ont été appréhendés au niveau des frontières il y a moins d'un mois pour trafic d'armes et de munitions en provenance de la Tunisie. Nos sources précisent que ces armes sont traditionnelles, cependant! Nul n'ignore que l'Algérie revient de loin et les années 1990 du terrorisme qui faisait l'essentiel de l'actualité nationale sont bien révolues. Pour quelle raison, comment et dans quel objectif, l'Algérie demeure une cible, dès qu'il y a une crise sécuritaire dans un pays surtout voisin? A priori, on veut, comme pour le conflit au Mali, la mêler à un contexte au-delà de ses frontières. Les mêmes sources ne manqueront pas de révéler que l'Algérie avait avisé son voisin de la montée de ce mouvement avertissant sur les conséquences nuisibles sur toute la région. Ennahda, parti au pouvoir de Ghannouchi, a volontairement laissé libre cours aux agissements de cette organisation, pour ne réagir que tardivement.
A qui profite ce pourrissement? Pour atteindre l'Algérie, il fallait créer un couloir pour servir au transit des terroristes de la Libye. A défaut d'exploiter les frontières algéro-libyennes, la Tunisie semblait un axe d'opportunité pour la circulation des armes. Le but est évident, armer le Gspc, branche présumée d'Al Qaîda au Maghreb en phase de disparition et restructurer cette organisation dont le noyau dur est au Mali. Son allié en Tunisie, Ansar Al Charia, dont le chef Abou Iyadh est en fuite, un vétéran d'Al Qaîda en Afghanistan et libéré de prison à la faveur de l'amnistie postrévolutionnaire, avait pour rôle de provoquer le climat pouvant aider à accomplir cette mission.
Beaucoup de stratèges pensent que l'objectif principal dans ce qui se passe est l'Algérie. Après l'échec du plan 1 et relativement à la prise d'otages à Tiguentourine pour déstabiliser le pays, c'est le plan 2 qui prévoit, d'abord des agitations dans un pays voisin et proche! Sinon, comment expliquer que la situation en Tunisie est devenue presque incontrôlable aussitôt après l'échec de Tiguentourine? Comment également expliquer le retour, en ce moment précis, de certaines figures ayant directement été les avocats du terrorisme il y a plus d'une dizaine d'années en se positionnant sur la scène politique par des allégations sur la santé du président? N'est-ce pas les stigmates d'un plan 3? Ou peut-être un complément du plan 2?
Enfin, il y a lieu de rappeler que pas moins de 70 salafistes ont été arrêtés dont le porte-parole d'Ansar Al-Charia, Seif Eddine Raïs, après les affrontements de ce dimanche. Ils ont été arrêtés en Tunisie et nullement en Algérie.