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La santé du président Bouteflika affole l'Algérie
Publié le 20.05.2013, 07h31 | Mise à jour : 08h18
L'état de santé du président algérien Abdelaziz Bouteflika, hospitalisé depuis plus de trois semaines à Paris, suscite des rumeurs alarmistes en Algérie, alimentées par les propos officiels rassurants mais évasifs.
Dimanche, «Mon journal» et son pendant arabophone «Djaridati» ont fait l'expérience amère de la censure, selon son patron Hichem Aboud, une première en Algérie depuis une dizaine d'années. Une première que le ministère de la Communication a démentie affirmant en fin d'après-midi qu'il n'avait donné «aucun ordre de censure» des journaux, selon une déclaration citée par l'agence nationale APS.
Bouteflika rentré en Algérie «en état comateux» ?Les deux journaux avaient consacré leur Une à un dossier sur une «détérioration» de l'état de santé du chef d'État, citant «des sources médicales françaises et des proches de la présidence algérienne». Ils annonçaient aussi, s'appuyant sur les mêmes interlocuteurs, que le président Bouteflika était «rentré mercredi à l'aube à Alger
en état comateux», a expliqué Hitchem Aboud.
Cet ancien militaire devenu opposant a ensuite été formellement accusé par le parquet d'Alger d'«atteinte à la sécurité de l'Etat» pour ses déclarations sur la santé du président, qui ont eu un «impact négatif direct sur l'opinion publique nationale et internationale.» Le ministère de la Communication a d'ailleurs opposé un démenti formel à ses déclarations, en affirmant que les deux journaux «donnaient des informations erronées et totalement fausses» sur l'état de santé du président.
Paris se refuse à tout commentaireSamedi pourtant, le quotidien francophone El-Watan avait annoncé, citant l'hebdomadaire français Le Point, avec un bandeau noir en Une: «C'est grave: des fonctions vitales seraient atteintes». Depuis le 27 avril, Paris se refuse à tout commentaire, laissant Alger communiquer sur l'état de santé du président. Or Alger cherche surtout à rassurer depuis l'hospitalisation de Bouteflika, annoncée le jour même de son transfert à Paris suite à un «AVC mineur».
Dernier responsable en date à s'être exprimé en ce sens, le ministre de l'Aménagement du territoire, Amara Benyounès, a déclaré vendredi que le président allait «bien». Le chef du gouvernement Abdelmalek Sellal a même affirmé le 11 mai que Bouteflika suivait «quotidiennement les dossiers et questions d'intérêt national». Dimanche, le quotidien francophone Le Soir d'Algérie titrait «Confusion totale» et prévenait: «Plus son séjour parisien s'allonge, plus la version officielle (...) perd de sa crédibilité auprès d'une opinion publique suspicieuse de nature».
Des voix s'élèvent contre un 4e mandatCes derniers mois, le président était apparu à la télévision à l'occasion de visites d'hôtes étrangers, sans faire la moindre déclaration. A moins d'un an de la présidentielle, nombre de partisans de Bouteflika appelaient encore récemment à un 4e mandat. Mais des voix s'élèvent déjà, dont celle d'Abderrezak Mokri, nouveau chef du Mouvement de la société pour la Paix (MSP, islamiste tendance Frères musulmans), pour réclamer une procédure d'empêchement.
La Constitution prévoit en effet qu'en cas de «maladie grave et durable» du président qui «se trouve dans l'impossibilité totale d'exercer ses fonctions», le Conseil Constitutionnel propose à l'unanimité «au Parlement de déclarer l'état d'empêchement», ce qui nécessite une majorité des deux-tiers. Le président du Conseil de la Nation (Sénat) est alors chargé de l'intérim durant 45 jours, après quoi «il est procédé à une déclaration de vacance par démission de plein droit» du chef de l'Etat et une nouvelle élection doit se tenir dans les 60 jours.