WEB - GOOGLE - ACTUALITE > International Aqmi appelle à la guerre sainte contre la France
Publié le 07/05/2013 à 19:02
Daté du 25 avril, le message de 19 minutes d'Aqmi a été posté mardi sur YouTube avant d'être retiré moins d'une heure plus tard.
Un chef d'al-Qaida au Maghreb islamique menace de lancer des attaques contre les intérêts français «partout dans le monde».
Après sa déroute militaire dans le nord du Mali, al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) contre-attaque sur le terrain de la propagande. L'organisation islamiste exhorte les «musulmans du monde entier» à «attaquer les intérêts français partout, car, depuis le premier jour de l'agression (l'intervention militaire au Mali, NDLR), ils sont devenus des cibles légi­times». «Face à la nouvelle croisade menée par la France et son occupation d'une terre de l'islam, nous en appelons à la mobilisation (…) et au djihad», affirme Aqmi.
François Hollande a immédiatement pris «la menace au sérieux». Le président français a repris la posture de chef de guerre qui avait été la sienne en janvier lors du déclenchement de l'opération Serval, en rappelant que les «pertes considérables» infligées à Aqmi n'avaient pas fait disparaître le danger. «Nous considérons qu'il nous faut poursuivre l'intervention au Mali pendant le temps nécessaire - même s'il y a une réduction de notre présence - et maintenir une vigilance autour du Mali pour continuer à lutter contre le terrorisme», a précisé François Hollande.
Daté du 25 avril, le message de 19 minutes d'Aqmi a été posté mardi sur YouTube avant d'être retiré moins d'une heure plus tard par le site d'hébergement de vidéos. Le discours est prononcé non pas par Abdelmalek Droukdal, le leader d'Aqmi depuis sept ans, mais par Abou Obeida Youssef al-Annabi, le chef de l'Achoura, le cénacle qui est chargé de définir les grandes orientations de l'organisation et de nommer un nouvel émir en cas de vacance du pouvoir.
Le signe d'un changement de capL'apparition de cette nouvelle tête barbue, jusqu'à maintenant connue seulement des spécialistes, est le signe d'un changement de cap. «Abou Obeida Youssef al-Annabi apparaît clairement comme l'homme qui succédera le moment venu à Droukdal. Ses propos ont pour principal objectif d'avertir les musulmans que le nord du Mali est désormais une terre de djihad, ce qui n'était pas le cas lorsque la zone était occupée par les mouvements islamistes armés», analyse le chercheur Mathieu Guidère. «La fatwa est une sorte d'appel au secours. Les volontaires sont conviés à venir combattre au Mali, qui est placé au même niveau que la Syrie. Reste à savoir si l'appel sera entendu.» Il ajoute: «L'idée est de faire de la France le chef de file des croisés afin qu'elle remplace dans l'imaginaire musulman le Satan américain.»
Favorable à une régionalisation du conflit, la nouvelle tête d'affiche d'Aqmi table sur des appuis en Libye et en Tunisie notamment. Un certain nombre de djihadistes qui ont pris la fuite devant l'avancée des troupes françaises en janvier et en février ont en effet trouvé refuge dans le Sud libyen, où ils bénéficient de réseaux de complicités. Le 23 avril, un attentat à la voiture piégée a ravagé les locaux de l'ambassade de France à Tripoli. Deux gendarmes ont été blessés dans l'explosion.
L'attaque paraît reliée au conflit malien. Elle a mis en évidence la fragilité des systèmes de protection des sym­boles de la présence française dans un pays où Paris bénéficie pourtant de solides amitiés. Elle a également ravivé les inquiétudes concernant la Tunisie, en proie à une forte agitation salafiste avec l'apparition de maquis islamistes près de Kasserine, le long de la fron­tière algérienne. Plus que jamais, la France et ses ressortissants risquent d'être la cible des poseurs de bombes et des kamikazes au Sahel et au Maghreb.
Aqmi continue en outre à détenir en otage six ressortissants français. Certains d'entre eux sont retenus depuis plus de 900 jours.