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Mis à jour le 26/04/2013 à 07:30 - Publié le 25/04/2013 à 19:28 François Hollande et son homologue chinois Xi Jinping, dans le hall monumental du Palais du peuple, jeudi à Pékin.
Le président ne s'est pas appesanti sur la question des droits de l'homme.
Jean-Pierre Raffarin fait les cent pas dans le hall monumental du Palais du peuple. «Les dirigeants chinois veulent que cette visite se passe bien. Ils m'ont assuré que ce serait une réussite», expose l'ex-premier ministre qui fait désormais figure de «vieux sage» du dialogue franco-chinois. Sur le parvis, François Hollande vient d'être accueilli par son homologue, Xi Jinping, qui tient les rênes du pays le plus peuplé du monde depuis à peine plus d'un mois. Tandis que résonnent vingt et un coups de canon, la parade militaire défile face à la place Tiananmen, pavoisée aux couleurs françaises.
Valérie Trierweiler accompagne l'épouse du numéro un chinois, la très populaire chanteuse Peng Li Yuan. La délégation française, dans laquelle figurent sept ministres, est au garde à vous sur les marches du siège de l'Assemblée populaire. Le président de la République le rappellera à plusieurs reprises au cours de cette journée: signe d'une «marque d'amitié» pour la France, il est le premier chef d'État à être accueilli en visite d'État par les nouveaux dirigeants chinois.
François Hollande, qui est arrivé jeudi matin en Chine pour la première fois de sa vie, s'est visiblement appliqué à ne pas rater ce rendez-vous destiné à relancer la relation politique et à rééquilibrer les relations économiques marquées par un déficit commercial abyssal de 26 milliards d'euros au détriment de la France. Sa méthode: donner des gages de confiance, invoquer les responsabilités communes aux deux pays et ne pas insister sur ce qui pourrait fâcher. Les droits de l'homme? Jeudi, sur le «Talk-Orange-Le Figaro», le sénateur écologiste Jean-Vincent Placé avait appelé le président à adresser «un message fort sur les valeurs de la République». Nous en avons parlé, de façon «franche et respectueuse», y compris du Tibet, où les immolations ont suscité une «émotion légitime», a indiqué le chef de l'État. Mais la volonté était «de ne pas parler que de cela», glisse-t-il sans s'appesantir.
Des efforts en matière de visasFrançois Hollande a rappelé que le socle de ce partenariat stratégique avec la Chine était un dialogue politique ouvert il y a un demi-siècle, en janvier 1964, avec l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays. «Il faut franchir une nouvelle étape», a indiqué le chef de l'État, en annonçant qu'il rencontrerait dorénavant chaque année son homologue, alternativement en France et en Chine. «Nous pouvons entraîner le reste du monde», a-t-il déclaré. Xi Jinping, en apparence moins raide et plus bonhomme que son prédécesseur Hu Jintao, l'a accueilli avec un dicton chinois: «Vieille amitié ne craint pas la rouille», souhaitant avec la France une relation «plus étroite, plus saine, plus dynamique». Les consultations économiques et financières entre les deux pays devraient être renforcées.
Le déficit commercial de la France n'est «pas soutenable», aurait indiqué Xi Jinping à son hôte. Pour le président français, la solution «gagnant-gagnant» est un rééquilibrage «par le haut» consistant à faire se rencontrer les filières d'excellence françaises avec les nouveaux besoins d'une Chine en plein développement. Certes, les secteurs traditionnels, le nucléaire et l'aéronautique, sont toujours présents et figuraient d'ailleurs parmi les dix-huit accords signés jeudi à Pékin. Mais les filières d'avenir (urbanisme, agroalimentaire, santé, nouvelles énergies) étaient au cœur du Forum économique auquel ont assisté les deux présidents.
Plus tôt, François Hollande a visité dans la banlieue de Pékin une entreprise française de taille intermédiaire (ETI), spécialisée dans les servomoteurs pour l'industrie nucléaire et dont les bénéfices ont permis la création d'une quinzaine d'emplois en France. C'est que l'ombre du chômage en France plane sur cette visite lointaine. «En Chine, je suis sur le sujet de l'emploi», a-t-il dit. Les investissements chinois en France, encore modestes en stocks, sont les bienvenus, a encore assuré le chef de l'État, pour peu qu'ils «contribuent à l'appareil productif et à la création d'emplois». Et François Hollande d'évoquer son «rêve franco-chinois»: «multiplier les échanges entre les étudiants, les artistes, les touristes». Dans cette perspective, il a promis des efforts en matière de visas.