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Laurent Fabius : l'attentat contre l'ambassade en Libye "aurait pu être un carnage"
Le 23.04.2013 à 08h03 • Mis à jour le 23.04.2013 à 20h46
Un attentat a visé l'ambassade de France à Tripoli, mardi 23 avril, blessant deux gardes français, dont un grièvement, et provoquant d'importants dégâts matériels. Une source de sécurité libyenne a affirmé que l'explosion était due à une voiture piégée. Les deux Français blessés sont des gendarmes mobiles.Le premier gendarme a été sérieusement blessé, et a
"dû être opéré à la fois d'une blessure sérieuse dans le dos et d'un traumatisme crânien", selon le ministre des des affaires étrangères, Laurent Fabius, qui s'est rendu sur place. Il devrait être rappatrié en France sous peu. Le second gendarme a été choqué par l'effet de souffle.
Selon une source diplomatique contactée par Le Monde.fr, l'ambassade est détruite à 60 % ainsi que sept à huit voitures alentour. Cette source précise que la France était
"en alerte rouge compte tenu de la situation dans cette zone depuis notre intervention au Mali". Sur un possible envoi d'équipes françaises sur le terrain, cette même source assure qu'
"on ne peut rien dire à ce stade mais la coopération franco-libyenne est excellente"."ÇA AURAIT ÉTÉ UN DRAME ÉPOUVANTABLE" "Si le personnel avait été effectivement là, ça aurait été un drame épouvantable" , a déclaré Laurent Fabius, qui s'est rendu en Libye, mardi 23 avril.
Sur place,Laurent Fabius a visité l'ambassade accompagné par le premier ministre libyen, Ali Zeidan, et le ministre des affaires étrangères, Mohamed Abdelaziz, avant de visiter les habitations voisines qui avaient été également endommagées par l'explosion. Le ministre a annoncé le renforcement de la sécurité des intérêts au Moyen-Orient et dans le Sahel
. Il a souligné que
"cet attentat aurait pu être absolument un carnage. Il s'en est fallu de quelques minutes. Si le personnel avait été effectivement là, ça aurait été un drame épouvantable." M. Fabius a ajouté que les autorités libyennes avaient exprimé
"leur détermination à trouver les coupables et les punir" et ont assuré qu'il ne faudrait
"pas relâcher l'amitié franco-libyenne mais au contraire la rendre plus forte", a-t-il dit au cours d'une conférence de presse conjointe avec son homologue libyen Mohamed Abdelaziz.
"Les terroristes qui ont voulu porter un coup à la France, à la Libye et à l'amitié entre la Libye et la France en seront pour leurs frais", a-t-il déclaré.
"Nous condamnons avec la plus extrême vigueur cet attentat lâche et odieux fait pour tuer", a déclaré M. Fabius.
Ila promis que
"les services de l'Etat mettront tout en œuvre pour que toute la lumière soit faite sur les circonstances de cet acte odieux et que ses auteurs soient rapidement identifiés". Le ministre a également indiqué qu'un groupement du GIGN serait envoyé sur place, et une enquête ouverte par le parquet de Paris.
"UNE EXPLOSION TRÈS FORTE"L'attentat survient dans un contexte d'insécurité croissante en Libye, où des milices font la loi et dans un contexte régional marqué par le conflit au Mali, où l'armée française est intervenue contre les islamistes radicaux. Les autorités libyennes ont d'ailleurs renforcé le dispositif de sécurité autour des
"intérêts français" en Libye.
Un Libyen présent sur place a publié sur Twitter plusieurs photographies de l'ambassade, qui montrent notamment une voiture en feu :
L'explosion s'est produite à 7 h 10. L'ambassade est installée dans une villa à deux étages située au coin d'une rue du quartier résidentiel de Gargaresh.
"On a entendu une forte détonation vers 7 heures. C'était une très grave erreur d'installer l'ambassade de France dans notre quartier", a déclaré l'un des voisins accourus sur les lieux.
"J'étais dans mon lit, j'ai entendu une première grande explosion. Puis une ou deux autres, moins massives. Je suis à côté de l'ambassade de France, ça a été ma première réaction : 'Oh non, c'est l'ambassade de France !'" "C'est tout cassé, ici. Les vitrines... Nous n'avons pas d'informations sur les blessés, rien. Mais il y avait beaucoup de fumée, c'était une explosion très forte", a rapporté également une Française voisine du bâtiment sur Europe 1.
Des enquêteurs libyens sont arrivés sur les lieux de l'attentat, où les forces de sécurité tentaient d'évacuer le secteur.
"Il ne reste plus rien de mon bureau", a déclaré une employée française de l'ambassade. L'ambassadeur de France, Antoine Sivan, arrivé sur place, n'a pas souhaité faire de commentaire.
En septembre 2012, le consulat des Etats-Unis à Benghazi, dans l'est de la Libye, avait été la cible d'une attaque, qui fut fatale à l'ambassadeur américain et à trois autres Américains. Mais c'est la première fois qu'une représentation étrangère à Tripoli est visée par une attaque depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi, en 2011.
En 2011, la France, sous le mandat présidentiel de Nicolas Sarkozy, avait participé à la coalition qui allait mener des raids aériens contre les forces du régime Kadhafi pour aider la rébellion au sol. L'opération, dans le cadre de l'Organisation des Nations unies, avait permis de venir à bout du régime de Mouammar Kadhafi, tué en octobre 2011, à l'issue d'un conflit de huit mois.
Deux députés français se trouvaient en Libye Jacques Myard, député UMP et président de la mission d'information sur les révolutions arabes de l'Assemblé nationale, commission des affaires étrangères, était en déplacement en Libye avec le député socialiste Jean Glavany, rapporteur. Au moment de l'explosion, dont ils ont été informés par le personnel de l'ambassade, ils étaient tous deux à l'hôtel.
"Une voiture piégée ou deux ont complètement explosé et détruit à 80 % le bâtiment de l'ambassade ainsi que des maisons alentours. C'est une rue étroite donc le souffle a fait beaucoup de dégâts. Un blessé grave a été évacué vers la France", a dit M. Myard joint par
Le Monde, et qui a ajouté que
"l'objectif de ces gens-là est d'une part de tuer mais aussi que nous [la France] partions". "Si l'attentat avait eu lieu deux heures plus tard, il y aurait eu au moins trente morts." M. Myard s'est étonné de cette attaque,
"car hier soir, les chefs d'entreprise que nous rencontrions nous ont assuré que la situation sécuritaire s'était améliorée"."C'est le premier attentat aussi lourd depuis deux mois à Tripoli. Il y a eu de nombreux actes de moindre ampleur depuis, notamment contre des diplomates." "Cet attentat est le fait de groupes djihadistes clandestins incontrôlés", a estimé le député UMP. Pour Jean Glavany
"c'est un attentat qui cherchait à tuer. Il y a eu une explosion d'une violence inouïe". "C'est un acte de guerre."