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Drame de l'A13 : des peines de 5 à 20 ans de prison
Publié le 20/04/2013 à 00:02
Mohamed Laidouni.
Autoroute A13, près des Mureaux, dans les Yvelines.
La cour d'assises de Versailles a condamné les huit hommes accusés du meurtre de Mohamed Laidouni à des peines allant de 5 à 20 ans de prison. Mais aucun ne s'est expliqué sur son geste.Impassibles. Le visage fermé, les yeux rivés sur le sol, le dos courbé, les huit hommes accusés du meurtre de Mohamed Laidouni n'ont pas quitté la posture qu'ils ont adopté tout au long des deux semaines de procès, lors de l'énoncé du verdict. Mohamed Laidouni, imprimeur de 30 ans sans histoire, est mort lynché au bord d'une autoroute, suite à un banal accrochage, sous les yeux de sa femme et de sa mère le 27 juin 2010.
Le verdict a été délivré dans une ambiance pourtant tendue, la salle d'audience remplie d'une cinquantaine de policiers. Les proches des deux parties attendaient dehors, chauffés à blanc par les dix heures d'attente qu'ont duré les délibérations, prêts à en venir aux mains. Trois hommes ont été reconnus coupables de meurtre et condamnés à 20 ans de réclusion criminelle, un quatrième à 18 ans pour homicide volontaire. Les autres, dont un neuvième homme qui comparaissait libre, coupables de violence volontaire. Aucun n'a laissé percé la moindre émotion. Seule la jeune conductrice du véhicule à l'origine de l'accrochage qui a mené au passage à tabac de Mohamed Laidouni, condamnée pour violence volontaire, a fondu brièvement en larmes en apprenant sa peine et que, placée sous mandat de dépôt, elle allait dormir en prison le soir même.
«La justice a été rendue et bien rendue»La famille Laidouni non plus n'a montré ni soulagement ni déception lors de l'énoncé du verdict. Seule la mère de Mohamed, le visage encadré d'un hidjab bleu marine, a laissé échapper quelques larmes, avant de quitter avec ses proches le tribunal sous escorte par une porte dérobée. «Les proches estiment que la justice a été rendue et bien rendue» a pourtant assuré Me Francis Spizner, avocat de la famille, à la sortie de l'audience. Les peines prononcées sont toutefois inférieures aux réquisitions du parquet, qui demandait jusqu'à 30 ans de prison, estimant que les accusés étaient bien animés de «la volonté de tuer» et que Mohamed Laidouni n'était pas mort «d'une mauvaise chute.»
A l'issue de ces deux semaines de procès, les raisons du déchaînement de violence de cette bande restent entièrement inexpliquées. Avant que le jury ne se retire pour délibérer, 7 d'entre eux ont répété mécaniquement les mêmes phrases apprises par coeur, présentant leurs excuses à la famille, assurant ne jamais avoir voulu «en arriver là».
Aucun ne s'est livré à la cour, ni n'a fait connaître sa propre version des faits, ni n'a expliqué concrètement son degré de responsabilité dans la mort de Mohamed Laidouni. «Ils sont tous amis entre eux, ils ne voulaient pas passer pour des balances», analyse Me Yves Liénard, conseil d'un des accusés.
Tous ont grandi ensemble à la cité des Mureaux (Yvelines), et tous ont la même triste histoire, entre père absent, polygame pour certains, délinquance, placement en foyer et déscolarisation.
Les condamnés ont maintenant dix jours pour faire appel, et Me Yves Liénard a déjà décidé de le faire: «On a eu un morceau de vérité pendant ce procès, peut-être qu'en appel, on aura tout.»