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Le pape François lance la réforme de la curie
Mis à jour le 14/04/2013 à 20:37 - Publié le 14/04/2013 à 20:14
Le pape François, dimanche, à sa fenêtre place Saint-Pierre, lors de la prière du Regina Caeli.
Un groupe de huit cardinaux réfléchira à des changements dans le gouvernement de l'Église.François, pape, ne cesse de surprendre. Dimanche à midi, place Saint-Pierre, il a réuni 80.000 personnes pour la prière du
Regina Caeli, soit l'affluence des grands jours de fête qui se confirme désormais pour les dimanches plus ordinaires. Dimanche en fin d'après-midi, il a rempli la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs. C'est l'une des quatre grandes basiliques majeures de Rome. Il bouclait là le parcours complet de son «installation» papale.
Une nouvelle occasion pour lui de prononcer une homélie de feu, où, en les tutoyant, il a appelé les chrétiens à une conversion radicale pour vivre la sainteté «de tous les jours» afin de créer une «classe moyenne de la sainteté». Il a aussi demandé aux pasteurs comme aux fidèles de chasser «l'incohérence» de leur vie car elle «mine la crédibilité de l'Église».
L'Église - et c'est la plus grande surprise, annoncée, elle, samedi, un mois pile après son élection -, il entend en réformer la tête dirigeante, à savoir la curie romaine. Le Pape a créé une sorte de commission internationale de conseil, composée de huit cardinaux. Un «groupe» informel à qui il demande de réfléchir à la bonne façon de gouverner l'Église pour préparer une réforme.
Nouvelle façon de travaillerD'ici à leur première réunion à Rome, début octobre prochain, ces huit cardinaux - un seul est «romain»! - vont échanger entre eux, en réseau mais aussi directement avec le Pape. Cette modalité introduit une nouvelle façon de travailler au Saint-Siège: la secrétairerie d'État, administration centrale de l'Église, n'est plus au centre de toute l'information et de toutes les décisions.
Une secrétairerie d'État, dont le pape François a toutefois pris soin de ménager la susceptibilité, en la visitant jeudi. Aucun discours, là non plus, ce n'est pas d'usage, ni annonce de la réforme à venir, il l'a félicitée pour le travail qu'elle accomplit au quotidien. Mais cette structure est dans l'œil du cyclone. Non en raison d'une fantaisie du pape François mais du courroux cardinalice qui fut exprimé par une très large majorité des cardinaux avant le conclave.
En clair, ce pape veut continuer «la réforme de la curie» explicitement menée par Jean-Paul II de 1985 à 1988, mais dont l'application, à force de résistances passives internes, n'est que très partiellement réalisée. Il souhaite, dans la même dynamique, réaliser ce que le concile Vatican II avait décidé: une plus grande «collégialité» dans le gouvernement de l'Église. En finir, donc, avec la «cour papale» et avec le «centralisme romain». Pour davantage impliquer les cardinaux et évêques des continents dans les grandes décisions.
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Il souhaite réaliser ce que le concile Vatican II avait décidé : une plus grande «collégialité» dans le gouvernement de l'Église
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Le pape François a choisi des poids lourds pour mener ce travail de réflexion. Le seul Italien, le cardinal Giuseppe Bertello, en charge du gouvernement de l'État de la cité du Vatican (qui n'est pas la curie romaine, mais la cité du Vatican) a une grande réputation d'honnêteté et d'inflexibilité. Il fut nonce au Mexique dans les années 2000 quand il s'est agi, contre l'avis de la curie de l'époque, de mettre fin aux multiples vies du père Maciel, fondateur des «légionnaires du Christ».
On trouve aussi le cardinal O'Malley, un capucin, archevêque de Boston (États-Unis), qui a réglé là-bas la lutte contre la pédophilie, le cardinal Monsengwo, archevêque de Kinshasa (République démocratique du Congo), le cardinal Pell, archevêque de Sydney, en Australie, et, enfin, un cardinal chilien, un indien, un allemand. Polyglotte, le cardinal Maradiaga, du Honduras, est chargé de la coordination.
Dans son homélie, dimanche soir, à Saint-Paul-hors-les-Murs, le pape François a lancé une chasse aux «idoles» qui reflète son état d'esprit pour affronter cette réforme titanesque. Il a demandé que les catholiques se dépouillent de «beaucoup d'idoles petites et grandes que nous avons, et dans lesquelles nous nous réfugions, dans lesquelles nous cherchons et plaçons bien des fois notre sécurité. Ce sont des idoles que nous tenons souvent cachées ; elles peuvent être l'ambition, le goût du succès, le fait de se mettre soi-même au centre, la tendance à dominer les autres, la prétention d'être les seuls maîtres de notre vie».