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2011, année de tous les records en Allemagne
Publié le 11/01/2012 à 17:37
La croissance a atteint 3%, le déficit 1% du PIB. Cependant, un ralentissement au dernier trimestre alimente l'incertitude pour 2012.
En pleine crise de la dette dans la zone euro, l'Allemagne a l'impression de rêver les yeux ouverts grâce à son petit miracle économique. Pour la seconde année consécutive, la première économie européenne a connue une forte croissance, continuant à jouer son rôle de locomotive: 3% en 2011, selon les chiffres publiés par l'Office fédéral des statistiques Destatis. Cela lui a permis de réduire son déficit budgétaire à seulement 1% du PIB. Cependant, un ralentissement au dernier trimestre alimente l'incertitude pour 2012.
Après une récession record en 2009 à -5,1% du PIB, l'économie allemande s'était redressée de façon spectaculaire en 2010 avec 3,7% de croissance et «était encore en rattrapage dans presque tous les secteurs» l'an dernier, a déclaré Roderich Egeler, président de Destatis. Sur l'année 2011, l'Allemagne a réduit la dépendance aux exportations: la consommation et les investissements ont largement contribué au boom économique allemand.
Ainsi, les dépenses des ménages ont progressé de 1,5%, alors qu'elles étaient jusqu'ici son point faible. Le taux de chômage au plus bas et la croissance des revenus nets par salarié de 2,2%, malgré des hausses d'impôts, y ont contribué. La crainte des consommateurs de voir leur épargne perdre de sa valeur dans les mois à venir les a poussés à anticiper achats et investissements. L'investissement privé en biens d'équipement a augmenté de 8,3%, et la construction a connu un bond sans précédent depuis 17 ans.
Les exportations ont crû de 8,2% mais les importations ont également été vigoureuses, et la contribution du commerce extérieur à la croissance a donc été limitée. Le rebond s'est fait au prix d'une précarité et d'inégalités croissantes.
L'endettement est tombé en 2011 à 81,7% du PIB
La croissance plus forte que prévu en 2011 a entraîné une augmentation des recettes fiscales, qui a permis à Berlin d'alléger son déficit public à 26,7 milliards d'euros, soit 1% du PIB. L'Allemagne respecte ainsi pour la première fois depuis 2008 le plafond de 3% de déficit fixé par le pacte européen de stabilité. En 2010, il atteignait 4,3% du PIB. Son endettement est tombé en 2011 à 81,7% du PIB contre 83,2% en 2010.
Cependant, la prudence est de mise pour 2012. Car la croissance allemande a marqué un coup d'arrêt en fin d'année 2011, le PIB reculant d'environ 0,25% au quatrième trimestre, selon Destatis.
Le gouvernement fédéral continue de tabler sur 1% de croissance en 2012. Mais la Bundesbank, la banque centrale allemande, a d'ores et déjà ramené sa prévision de croissance à 0,6%. La Deutsche Bank prévoit une récession au premier semestre avant un redémarrage de l'activité durant l'été, qui aurait pour résultat une stagnation de l'économie allemande en 2012.
«L'Allemagne doit s'attendre au mieux à une stagnation» estime Heiner Flassbeck, chef économiste de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement. «Avec des orgies de rigueur en Europe, nous cassons notre propre marché».