WEB - GOOGLE - ACTUALITE > Société Les Français, champions de la natalité malgré la crise
Mis à jour le 28/03/2013 à 06:47 - Publié le 28/03/2013 à 06:45
En 2012, 792.000 nouveaux-nés ont vu le jour.
La récession n'a pas eu raison du taux de fécondité élevé des Français. Contrairement à ses voisins, la France évite un « krach » démographique.
Même en temps de crise, les Français restent champions des bébés. On les dit démoralisés, pessimistes et moroses mais ils ont l'art du contre-pied. Alors que la chute des courbes de croissance s'accompagne d'une dégringolade de la fécondité dans la plupart des pays occidentaux, la France résiste. Un paradoxe que l'Ined a choisi de décrypter dans une publication dévoilée ce jeudi.
En 2012, les nouveau-nés ont été aussi nombreux à voir le jour dans l'hexagone qu'en 2011 (792.000 en 2012 pour 793.000 en 2011) et l'indicateur de fécondité s'est maintenu à 2 enfants par femme. La moyenne d'âge à l'accouchement est toujours plus élevée (30,1 ans en 2012).
À l'inverse, les berceaux sont raréfient «dans la plupart des pays développés», chez nos voisins européens et de manière encore plus sensible aux États-Unis, indique Gilles Pison, directeur de recherches à l'Institut national d'études démographiques (Ined). Une baisse des naissances qui suit de près la récession et la montée du chômage. «Aux États-Unis, par exemple, l'indicateur de fécondité qui atteignait 2,12 enfants par femme au début de la crise en 2007 a reculé à 1,89 en 2011, décrit Gilles Pison. On retrouve cette baisse dans la plupart des pays occidentaux mais de manière plus atténuée».
Léger recul chez les femmes de moins de 30 ansDepuis 2009, l'indicateur européen de la fécondité est en panne. Il est stabilisé à un peu moins de 1,6 enfant par femme dans l'Union Européenne après une période de progression continue d'une dizaine d'années, souligne pour sa part la Commission de Bruxelles dans sa Revue trimestrielle parue le mardi 26 mars. Autre exception européenne, l'Irlande se maintient à un taux de fécondité record en Europe de 2,05 enfants en 2011.
«La baisse de la fécondité est plus tardive en Europe qu'aux États-Unis: elle ne commence pas avant 2009 ou 2010», précise le démographe. Elle est presque de même ampleur dans certains pays, comme l'Islande qui a pris de plein fouet les conséquences de la crise financière mondiale tandis que la baisse de la fécondité en France -de 2,02 en 2010 à 2,00 en 2011- reste très limitée.
Le désir d'enfant est-il donc plus forte que les difficultés économiques? Les Français font-ils des bébés pour conjurer le marasme? «La crise n'a pas été sans effet sur la natalité. Sans ce ralentissement économique, les naissances auraient sans doute été plus nombreuses en 2011 et 2012 et l'indicateur de fécondité de la métropole aurait pu dépasser le seuil de deux enfants par femme», conçoit le chercheur.
Cette crise a aussi pour particularité d'être survenue au moment où la fécondité des pays occidentaux commençait à remonter. Après des années de baisse, les femmes avaient cessé de reporter leurs maternités. Ces grossesses plus tardives ont grossi le nombre de naissances annuelles et relevé les indicateurs. En France, la récession n'a pas inversé cette tendance. «On observe tout au plus un léger recul de la fécondité chez les femmes de moins de 30 ans en 2011 et 2012», selon Gilles Pison. Une baisse «modeste» et «plus que compensée par la hausse ininterrompue de la fécondité après 30 ans».
De plus, «en France, les politiques sociale et familiale ont amorti le choc de la récession, estime le démographe de l'Ined, et l'économie a relativement mieux résisté à la crise que dans d'autres pays». Une pierre dans le jardin des partisans d'une réduction des allocations familiales.
Serait-il néanmoins possible que la crise entraîne une baisse à retardement de la fécondité française? Gilles Pison semble en douter: «Même si le chômage continue de progresser, cet effet de baisse aurait déjà été décelé».